C'est une chaude nuit de début d'été, comme seul le pays
du feu peut en avoir. Chaude, humide, si pesante qu'on se sent plus lourd à
seulement marcher dans la rue.
Alors à grimper une façade d'immeuble presque lisse...
Mais l'adolescent ne se plaint pas. Pas uniquement parce qu'il faut être
silencieux, furtif, mais aussi parce qu'il veut prouver à son compagnon
qu'il est maintenant de taille à le suivre. L'autre gravit la façade
aisément, ce qui est normal, puisqu'il fait trente centimètres
de plus que l'adolescent et que presque toute la différence de taille
est dans ses jambes. Il saisit le moindre appui, l'utilise avec habileté
pour se hisser plus haut, indiquant parfois, en silence, la prise pour son cadet.
Encore trois étages, et ils y seront.
Deux étages.
Il a l'impression que son poids a doublé depuis le début de l'ascension,
ses bras tremblent alors qu'il se hisse vers le haut.
Un étage.
Son pied dérape et il craint un moment de tomber, mais il arrive à
se rattraper. Plus que quelques centimètres...
La main de son compagnon se referme sur son col et le soulève d'un geste
sûr, l'entraînant dans l'immeuble. Il a envie de protester qu'il
allait y arriver seul, mais ce n'est pas le moment. Ils sont en mission. Après
peut être.
D'abord la mission.
Les caméras sont détruites, une à une, à coups de
shurikens acérés. Pendant que le grand crochète la porte,
il vient les récupérer, effaçant les indices de leur venue.
Ces armes ne sont plus que rarement utilisées et seulement par les descendants
de ninjas, comme eux, et qui se font rare en ces temps modernes. Ils seraient
trop rapidement démasqués. La plus grande partie, les originaires
de Konoha, sont maintenant des yakuzas, des mafieux. Et l'autre partie des ninjas,
des immigrés des autres pays, se sont rassemblé en une autre société
secrète, la Triade. La porte s'ouvre enfin et l'aîné des
deux ninjas se relève en silence.
Un bruit de course se fait entendre et les deux ninjas sursautent, avant de
se placer automatiquement en position de défense. Trois Yakuzas arrivent,
le sabre à la main, et leurs font face, tranquillement, sûrs de
leur supériorité numérique.
-Occupe-toi de la statue, lance soudain l'aîné des cambrioleurs,
pivotant pour approcher de leurs ennemis.
Le petit hoche la tête et se détourne du combat à venir,
se ruant dans la pièce. C'est un bureau, apparemment très coûteux,
aux imposants meubles sombres. Il n'a pas à chercher longtemps leur but,
il est exposé, au vu de tous, dans une vitrine éclairée.
C'est étrange, mais alors qu'il approche à pas feutré,
écoutant d'une oreille attentive les bruits du combat dans le couloir,
il ne peut s'empêcher de se sentir mal à l'aise.
La statuette est à portée de main, séparée de lui
par une mince couche de verre. Il prend un petit moment pour l'observer. C'est
un serpent de jade, vert pâle, lové sur lui-même, comme s'il
allait attaquer. Il n'est pas intact, quelqu'un a gravé quelque chose
sur son dos, grossièrement, l'abîmant irrémédiablement,
et il se demande un moment comment un truc aussi vieux et abîmé
peut avoir une telle valeur.
Un cri de douleur retentit, le faisant sursauter. Il se secoue et se tourne
à nouveau vers la vitrine. Ce n'est pas le moment de rêver. Il
serre le poing et brise la vitre, protégé par ses gants épais.
Il saisit la statuette, puis la fourre dans son sac à dos et le harnache
correctement avant de sortir.
Il arrive au moment où le grand achève le dernier yakuza d'une
balle en pleine tête.
Ce n'est pas la première fois qu'il le voit tuer, c'est arrivé
tant de fois auparavant... Ils ont l'habitude, l'un comme l'autre.
-Tu l'as?
-Hm.
-On redescend.
La descente est plus rapide et ils sont de nouveau sur le plancher des vaches
en à peine dix minutes. Toujours discrètement, pour éviter
de se faire repérer, ils rejoignent leurs équipiers, qui attendent,
plus loin, dans une camionnette banalisée. Le petit serre le sac contre
lui, sentant les arêtes du serpent au travers du tissu fin. Le serpent
est lourd dans le sac, et l'adolescent sent peut être autre chose, qu'il
n'arrive pas à identifier, mais qui tient plus de l'émotion que
de la sensation. Il est tout à ses pensées et ne voit pas tout
de suite le kunaï filer droit vers lui. Un juron, un petit bond, et la
lame se plante à ses pieds. Le brun accoudé au volant lui lance
un sourire moqueur.
-Tu rêvasses, petit.
-Va chier, Zabuza, grommelle le petit tout en ramassant l'arme pour la renvoyer
à son camarade, avec l'espoir secret de le voir rater sa réception
et se prendre le kunaï dans le front.
L'homme assis près de Zabuza baisse le magazine porno ouvert sur son
visage et leur jette un regard concerné, vérifiant leur bonne
santé.
-Comment ça s'est passé?
-On a la marchandise, on démarre, répondit le plus grand des deux
ninjas, ouvrant la porte coulissante pour faire entrer le petit.
Lequel pousse un petit grognement de surprise en se retrouvant nez à
nez avec le cadavre inerte d'un yakuza.
-Qu'est ce que c'est que ça? grogne le grand en apercevant le corps à
son tour. Kakashi ?
L'homme au magazine porno remet sa lecture sur son nez avant de répondre,
désignant leur dernier comparse, affalé sur la rangée de
sièges du fond.
-Il traînait trop autour du van, Kisame s'en est chargé discrètement.
-On le jettera dans la rivière en passant, ajoute le conducteur. Grimpez.
Les deux ninjas obtempèrent et s'installent comme ils peuvent, tassant
le cadavre sur le plancher pour se libérer de la place. Zabuza redémarre,
tous feux éteints, et dirige leur véhicule le plus silencieusement
possible. Après un quart d'heure de route, il s'arrête sur un pont
et Kisame et Kakashi sortent pour balancer le cadavre à l'eau. Dans la
lueur des lampadaires, le petit ninja contemple le dénommé Kisame.
Une peau bleutée, écailleuse, des branchies sur le visage, un
sourire acéré... Ca ne trompe pas, c'est un mutant du village
du brouillard, d'un de leurs clans les plus puissants, maintenant presque éteint.
Il n'est pas facile de cacher Kisame, ni même de l'habiller, tellement
il est grand et massif, mais c'est un de leurs hommes les plus puissants, un
pilier de leur organisation.
Les griffes du mutant grincent contre la vitre, juste devant le nez du petit
qui sursaute et lui jette un regard mauvais.
-T'es bien distrait toi aujourd'hui, déclare Kisame en entrant par la
porte arrière, les amortisseurs grinçant sous son poids. J'espère
que tu n'as pas été comme ça pendant la mission.
-Il s'est pas mal débrouillé, déclare le grand ninja en
retirant le masque noir qui cachait ses traits, dévoilant un visage fin
et pâle, ainsi que des yeux gris presque bleu, héritage de leur
mère venue du pays de la pluie.
L'adolescent se redresse, un petit sourire aux lèvres, fier de lui. L'obsédé,
revenu à sa place, se retourne pour lui retirer son masque, ébouriffant
ses cheveux rebelles au passage.
-Kakashi! proteste le petit ninja.
-T'es mieux sans, petit, lâche Kisame en s'installant du mieux qu'il peut.
-Kisame!!!
-Kakashi, Kisame, laissez-le tranquille, ordonne le grand ninja avec un petit
soupir.
-On rigole, Itachi, déclare Kakashi en souriant, la cicatrice sur le
côté de son visage déformant sinistrement la mimique. Tu
sais bien qu'on attend la majorité du petit avant de lui faire quoique
ce soit.
-Tout le monde sait que la pédophilie est un des seuls vices que Kakashi
n'a pas, ajoute presque distraitement Kisame.
-Ca et la zoophilie, grommelle l'adolescent d'un ton bougon.
-Beeen, en fait... Commence l'homme aux cheveux gris.
-KAKASHI!!!
-Un peu de silence derrière, j'essaye de conduire, lance Zabuza.
Kakashi retourne à sa lecture, tendant parfois le magazine à Sasuke
quand les photos valent le coup et qu'il a envie d'embarrasser le jeune homme.
Derrière eux, Kisame patiente, calme comme d'habitude, sa respiration
bizarrement sifflante retentissant dans le van. Itachi penche légèrement
la tête vers l'adolescent et lui murmure à l'oreille.
-Tu as pas mal travaillé, Sasuke.
Et ça, pour l'adolescent, ça vaut toute les félicitations
du monde.
oOo
-OÙ EST ENCORE NARUTO ?!!!
Naruto grimaça en entendant la voix de son patron porter par la fenêtre
ouverte jusque dans la rue.
-Awww, le vieux va me tueeeer.
Il jeta un regard à l'entrée du restaurant, encombrée par
une famille nombreuse qui lisait le menu affiché sur la porte, et soupira.
-Tant pis.
Le jeune homme bondit sur une caisse posée contre le mur, puis se hissa
par la gouttière et se laissa aisément glisser par la fenêtre,
atterrissant sans encombre dans la cuisine de son chef.
-Salut chef patron chéri de moi !
-NARUTO ! Beugla le cuisinier en brandissant un grand couteau en direction du
blond, TU ES EN RETARD !
-Heu
embouteillage, panne de réveil, canari qui a la colique
Je l'ai pas déjà sortie celle là ?
-Très drôle gamin, rétorqua le chauve, sans pouvoir s'empêcher
de sourire. Tu as une livraison dans le quartier des teinturiers, FILE, tu devrais
déjà y être !
-Chef, oui chef ! répliqua Naruto en disparaissant vers la sortie, empoignant
une boite de repas au passage.
-ET RENVERSE RIEN !
oOo
-Excusez-moi ! Ichiraku livraison !
Les jeunes filles qui papotaient, assise sur leurs bureaux de secrétaire,
sursautèrent et se tournèrent vers le blond penché à
leur fenêtre. Celui-ci leur fit un grand sourire, posa la boite en équilibre
sur son genou et lut la commande.
-Deux tanuki udon, un niku udon et un ramen miso, excellent choix miss, ajouta
Naruto avec un clin d'il aux jeunes filles. Il y a aussi quatre portions
de riz au thé sucré. Est-ce cela ?
-Oui, merci beaucoup Naruto, fit une des jeunes filles en tendant l'argent.
-Mais de rien, déclara le blond en distribuant les bols de nourriture.
N'hésitez pas à faire de nouveau appel au restaurant Ichiraku
!
-A une autre fois ! lança une des filles, alors que l'adolescent se laissait
tomber du haut du troisième étage.
Désormais débarrassé de sa précieuse cargaison,
Naruto n'hésita plus à faire ses bonds phénoménaux,
par-dessus les cheminées et les antennes, glissant sur les gouttières
et sur les tuiles.
-Naruto ! Arrête ça sale gosse ! Tu vas encore déranger
les tuiles !
L'adolescent tira très maturément la langue à la vieille
harpie qui l'avait interpellé et bondit sur le toit suivant, avant de
se laisser glisser au sol, balançant sa boite de livraison à bout
de bras.
C'était une belle journée, il faisait bon, l'été
promettait d'être doux, voir même chaud, les toits étaient
secs.
Les conditions idéales pour une partie de roof-ball.
Naruto jeta un il à sa montre. Il travaillait encore jusqu'à
quatre heures, avec un peu de chance, le patron le laisserait partir plus tôt
s'il n'y avait pas beaucoup de clients. Le blond escalada rapidement un petit
immeuble, uniquement avec ses mains et ses pieds, et jeta un coup d'il
alentour. Il voyait la maison des Nara, un peu plus loin, avec les gargouilles
en forme de cerfs sur le toit. Un hamac rouge y était tendu, son occupant
lisant un gros livre tout en se balançant paresseusement.
Bon, il saurait où trouver Shikamaru à quatre heures.
Sur ce, l'adolescent se laissant tomber dans le vide, retournant rapidement
à son travail.
oOo
-Et une nouvelle livraison parfaite d'Uzumaki Naruto! La foule est en délire,
les clients sont heureux et l'heure de la liberté a sonné!
Les clients du restaurant s'esclaffèrent, depuis longtemps habitués
aux clowneries du livreur et serveur. Celui-ci se hissa rapidement sur son tabouret
habituel et joignit les mains devant son visage, adressant à son patron
le plus pur et innocent de ses regards suppliant.
-Siouplépatron je peux y aller?
-Hmmm, j'hésite gamin, grommela le vieux cuisinier, camouflant un sourire
attendri.
-J'ai été saaaaage!
-Tu as aussi été en retard ce matin.
-Je viendrai plus tôt demain?
-Viens plutôt à l'heure tous les jours. Allez, ouste, file!
-Merci Patron! s'exclama Naruto avant de s'éjecter du siège et
de disparaître en courant, suivit du regard par le vieil homme.
-Ah ce gosse...
oOo
Un quart d'heure plus tard, Naruto escaladait le mur de la résidence
des Nara, s'accrochant sans problème au mur lisse. Etre descendant de
ninja avait ses plus. Surtout quand il s'agissait de ne pas se faire voir de
la grand-mère de Shikamaru, bonne femme peu commode connue dans les environs
comme haïssant les jeunes gens dévergondés et leur sport
bien trop dangereux de rouffe-balle. Naruto se hissa jusqu'à une fenêtre
au premier, l'entrouvrit aisément, puisque Shikamaru ne prenait jamais
la peine de la fermer, sauf en cas de typhon, et jeta un il dans la pièce.
Nope. Pas de Shikamaru en vue.
C'était les vacances, donc il n'était pas en cours, ni aux classes
supplémentaires pour génies auquel ses parents l'avaient inscrit
contre son gré, pas plus qu'au club de go, vu qu'on était mardi.
Ca signifiait que le brun était encore de paresser sur le hamac là-haut.
Naruto reprit son ascension, jusqu'au toit, qu'il escalada aisément malgré
l'avancée périlleuse de la toiture au dessus du sol. Il reprit
son souffle et se redressa, essuyant ses mains sur son pantalon. Yep, pas d'erreur,
c'était bien le pied de Shikamaru qu'il voyait dépasser du hamac
rouge. Il jeta un regard amusé aux livres de cours étalés
sur le toit plat, au tas de feuilles, probablement les devoirs de vacances déjà
finis bien que ce ne soit que leur première semaine de liberté,
au jeu de go magnétique et aux divers sachets de gâteaux et bouteilles
de thé froid dispersés un peu partout.
-Ta grand-mère va te tuer si elle voit l'état du toit.
Une main tannée s'agita paresseusement.
-'Ayo 'ruto, fini le boulot?
-Et toi, tu l'as au moins commencé? demanda Naruto en approchant, les
mains dans les poches, cherchant quelque chose du regard dans le bordel entourant
Shikamaru et son hamac.
-Tu me gonfles, soupira son camarade, sans même se lever.
-Shika?
-Je dors, grommela le brun, cessant totalement de bouger.
-OY ! Shika ! Bouge toi, on va jouer ! S'exclama Naruto, passant sous le hamac
et en profitant pour le tirer, faisant basculer son occupant dans le vide.
Le brun, pourtant apparemment profondément endormi, atterrit gracieusement
sur ses jambes, se grattant, moins gracieusement, la fesse en baillant.
-Maaa, t'es chiant Naruto, je dormais.
-Paresseux ! S'exclama le blond, retournant une boite de chocolat et trouvant
enfin l'objet de ses recherches: Une balle de basket miniature, à peine
moitié grosse comme sa tête.
Il la fit sauter d'un mouvement du poignet, la rattrapa, puis se redressa et
se tourna vers Shikamaru qui zippait sa veste.
-Allez, juste un jeu ! On va aller chercher les Sabakuno !
-Maa maa, marmonna Shikamaru, pas besoin de se presser
On se retrouve
sur le toit rouge.
-YEEHAA ! A plus Shika !
-Tu me fatigues, souffla le brun, réordonnant rapidement son bordel avant
de se diriger posément vers un fil tendu entre les immeubles.
Baillant largement, les mains dans les poches, il mit le pied sur le filin et
continua sa route, sans même changer sa démarche, alors qu'il culminait
à bien quinze mètres du sol.
oOo
Naruto se laissa glisser au sol le long d'un lampadaire, ignorant le regard
surpris des passants, et remonta ses lunettes d'aviateur sur son front, jetant
à peine un petit regard à l'enseigne du bar.
-Faudrait que je dise à Gaara que 'le Cercueil du Désert' n'est
pas un nom accrocheur.
Il poussa la porte du bar et s'essuya soigneusement les pieds, craignant la
colère de la tenancière. Le bar n'était pas très
grand, ayant été installé dans une vieille maison datant
probablement du troisième ou quatrième Hokage. Les proprios avaient
restauré les murs, tout repeint et décoré d'objets traditionnels
de Suna, dont d'impressionnant panneaux de bois gravés, représentant
démons et moines guerriers, et tout un arsenal d'éventails richement
décorés. En approchant de la caisse, Naruto toqua du doigt la
tête de la marionnette posée à côté, comme
un gardien. Il leva la tête quand une serveuse s'excusa en passant près
de lui.
-Temari-san! Un Margarita et un soleil levant! Temari-san? Répéta
la serveuse en se penchant par-dessus le comptoir, cherchant sa collègue
du regard.
-Quoi, des cocktails? A cette heure ci? Protesta une jeune fille blonde de l'âge
de Naruto, en train de sortir des bouteilles de sous le comptoir. Il n'est même
pas cinq heures, je ne veux pas de poivrots dans mon bar!
-Fallait pas ouvrir un bar, rétorqua la brune, amusée de la mauvaise
volonté de sa patronne.
La blonde se releva en maugréant, débouchant une bouteille de
soho.
-Je voulais un restau au début, c'est mon frère qui a décidé
que ce serait un bar, déclara t'elle en préparant un des cocktails.
-Ha? C'est lui aussi qui a eu l'idée du nom?
-Non, ça c'est mon autre imbécile heureux de frère.
-Salut Temari, amour de ma vie!
-Tu payeras quand même ta note Naruto, déclara la blonde, dosant
précautionneusement la grenadine dans le mélange soho, ananas
et pamplemousse. Et voilà un soleil levant. Margarita c'est ça?
-Oui.
-Ca vient de suite, déclara la blonde, tendant la main vers la tequila.
GAARA! Appela t'elle en versant les ingrédients dans un shaker, NARUTO
EST LA!
-On va faire un match de roof-ball Temari...
La blonde secoua la tête, ses quatre couettes ébouriffées
accompagnant son mouvement.
-Naruto, je dois m'occuper du bar, je ne peux pas jouer.
-Ho, Shika va être déçu, déclara le blond avec un
sourire narquois tout en s'accoudant au bar.
-Va crever, Naruto. GAARA !
-Il dort ou quoi ? S'étonna Naruto tout en faisant un sort à une
coupelle de cacahuètes posée à portée de mains.
Temari lui tapa sur les doigts presque distraitement tout en achevant son cocktail.
-Tu sais bien qu'il ne dort jamais, il doit être sous la douche. GAARA
!
-J'arrive ! reprit une voix grave, en même temps qu'un bruit de pas retentissait
de l'arrière boutique.
Le rideau séparant le bar des parties habitables se souleva et un jeune
homme aux cheveux roux sombres, peut être un peu plus vieux que Naruto,
sortit, nouant un tissu rouge sur son front. Naruto ne l'avait jamais vu sans
son bandeau ou une casquette,ou n'importe quel autre couvre chef. Cela faisait
trois ou quatre ans que Shikamaru et lui avaient rencontrés Gaara, pendant
un entraînement de roof-ball pendant lequel Gaara avait finit par intervenir
pour leur enseigner quelques trucs de ninja. Il ne savait pas grand-chose du
rouquin, sinon qu'il descendait d'une grande famille du sable, que lui et sa
sur vivaient seuls et s'occupaient du 'Cercueil du Désert', paradis
de la tequila et du saké épicé qu'ils importaient directement
de Suna.
-Salut Gaara! Lança Naruto en levant la main.
Gaara hocha la tête, échangeant un rapide high-five avec lui avant
de se tourner vers le lavabo, remplissant une gourde qu'il attacha à
sa ceinture avec deux ou trois autres.
-Soyez prudents, ordonna Temari, posant les cocktail sur le plateau de la serveuse,
et si je dois aller vous chercher chez les flics, je vous tue.
-Roger Temari! S'exclama Naruto avec un petit salut militaire.
-Gaara, tu es de corvée au bar ce soir, si tu n'es pas là à
huit heures trente, je range ta chambre.
-Ouais ouais, grommela le rouquin aux yeux vert.
-Où est-ce qu'ils vont? S'enquit la serveuse, soulevant prudemment son
plateau.
-Jouer au roof-ball, répondit Naruto, sortant la balle de son manteau.
Gaara!
-J'ai déjà dis pas dans le bar! Protesta la blonde en brandissant
une bouteille d'un geste menaçant.
Le rouquin réceptionna la balle sans même daigner se retourner,
l'empêchant d'aller assommer un client. Temari soupira tout en rangeant
les flacons.
-Il y a deux choses qui font marcher les hommes, marmonna t'elle en reposant
son arme, foudroyant son frère et le meilleur ami de celui-ci du regard.
La bagarre et la baballe. Alors se battre pour une baballe, c'est l'idéal
pour eux.
-Tu oublies le sexe [1] ! Lança Naruto
en sortant avec Gaara.
-Bon ok, trois choses, admit Temari .
oOo
Après trois heures à bondir sur les toits, à courir les
uns après les autres, à se voler mutuellement la balle, à
injurier les coéquipiers (pour Naruto), à déclarer que
c'était trop fatiguant et qu'il préférait mettre au point
des tactiques (pour Shikamaru) et à battre ses amis les mains dans les
poches(pour Gaara), les trois jeunes garçons firent une pause sur un
toit, sirotant les gourdes de Gaara.
-Jamais compris pourquoi tu te baladais avec autant de gourdes sur toi, déclara
Naruto en tendant la sienne à Shikamaru.
-J'aime l'eau, déclara Gaara, tout en faisant rouler la balle le long
de sa jambe jusqu'au pied, pour la récupérer d'une détente
quand elle arrivait en bas.
-Galèèèèère, marmonna Shikamaru en jetant
un regard à sa montre, je dois rentrer, il va bientôt être
huit heures.
-Moi aussi, déclara Gaara en se relevant, Temari va me tuer si je suis
en retard.
-Passe la balle, demanda Naruto, Shika, je peux te l'emprunter ce soir? Je vais
m'entraîner encore un peu.
-Vas y, tu me la rendras demain, répondit le brun, se penchant pour attraper
la gouttière et se laisser glisser au sol. A plus.
-Salut!
-Et toi sois prudent, ajouta Gaara en assenant un petit coup amical sur le crâne
de Naruto.
-Brutalise-moi, je te dirai rien! protesta le blond. Brute épaisse!
-Bye, fit Gaara, sautant dans le vide de l'autre côté du toit.
oOo
Sasuke assura sa prise sur le sac dans ses bras, assez pour ne pas le laisser
tomber le temps qu'il ouvre la porte avec la clef attachée autour de
son cou. Il avait beau ne plus être un enfant, il avait gardé l'habitude
de porter ses clefs ainsi. Kakashi pouvait le taquiner à ce sujet, c'était
quelque chose que Sasuke ne voulait pas abandonner. Pas encore du moins.
Et la clef de la maison restait accrochée au lacet de cuir, avec celle
de leur maison d'enfance, à Kiri no kuni.
-Je suis rentré ! lança Sasuke en fermant la porte d'un coup de
pied, se débarrassant ensuite de ses chaussures sans défaire ses
lacets.
Il stoppa net en voyant son frère dans l'entrée, en train de faire
les siens.
-Tu vas quelque part, grand frère ?
-Un message de Kabuto, répondit l'aîné en se redressant,
la Triade veut nous parler au sujet de la statuette. Tu as le poisson ?
-Ouais, mais
et l'entraînement ? Tu m'avais promis que
-Demain, Sasuke.
L'adolescent se renfrogna, jetant à son frère un regard par en
dessous.
-Tu dis toujours ça. Demain demain, et je le vois jamais venir.
L'aîné des Uchiha ne retint pas le sourire qui lui vint et donna
un petit coup d'index sur le front de son frère.
-Désolé Sasuke. Mais je suis très occupé en ce moment.
-Je demanderai à Kakashi alors...
-Kakashi vient avec moi, coupa aussitôt Itachi, et Zabuza aussi, ajouta
t'il avant que le petit brun ait pu protester. Sasuke, c'est un rendez-vous
très important avec la Triade.
-Ouais, je sais... pourquoi je ne peux pas venir avec toi?
-Je te l'ai dit, soupira Itachi tout en attachant un holster à ses épaules,
je ne veux pas que quiconque sache que j'ai un frère tant que tu n'es
pas assez fort pour te défendre seul.
-Mais je suis fort!
-On en reparlera quand tu arriveras à battre Zabuza, c'est mon dernier
mot Sasuke.
-Reparler de quoi quand il arrivera à me battre? S'enquit le brun aux
cheveux courts tout en s'adossant au cadre de la porte. J'espère que
c'est pas trop important, moustique, parce que ça ne risque pas d'arriver.
-Ta gueule! rétorqua le petit brun en faisant volte-face vers Zabuza,
un jour je te battrai au sabre!
-La seule personne qui peut me battre au sabre, c'est Kisame, déclara
Zabuza en se penchant sur l'adolescent, et c'est pas avec les allumettes qui
te servent de bras que tu y arriveras.
-Vous êtes juste plus grands que moi.
-Zabuza, Sasuke, ça suffit. Nous rentrerons tard, tu amèneras
à manger à Kisame, mais ne le dérange pas plus que ça,
il s'hydrate pour la semaine.
-Ouais ouais, grommela Sasuke.
-Profite en pour t'entraîner, déclara Itachi avant d'enfiler son
long manteau noir et rouge. Kakashi? Tu es prêt?
-Plus que jamais, déclara l'homme aux cheveux argent, en apparaissant
à la porte derrière Zabuza, sans quitter son livre du regard.
-Ferme ça, grommela l'aîné des Uchiha, je t'ai déjà
dit que je ne voulais pas voir ces livres à moins de dix mètres
de Sasuke.
-Tu sais, il a quinze ans, il est temps pour lui de s'intéresser aux
plaisirs exquis de la chair...
-Ferme ce livre ou je le brûle, rétorqua Itachi en passant entre
ses deux subordonnés.
-Tout de suite chef adoré, continua Kakashi sans même se déparer
de son sourire idiot qui déformait ses cicatrices faciales, ni de son
ton moqueur.
-A ce soir Aniki, marmonna Sasuke.
-A ce soir.
Zabuza attrapa les clefs de voiture et sortit à la suite d'Itachi, mais
Sasuke retint Kakashi par la manche.
-Kakashi 'Nii-san, protège Aniki.
L'homme sourit, affectueusement cette fois et ébouriffa les cheveux du
petit brun avant de partir, rejoignant Zabuza et Itachi dans la voiture.
Cela faisait dix ans maintenant qu'il avait rencontré les deux Uchiha.
Dix ans qu'Itachi avait un jour débarqué dans la mansarde où
il squattait, son petit frère sous le bras, et lui avait annoncé
qu'ils étaient des cousins éloignés, maintenant orphelins,
qu'il était leur seule famille en vie et que s'il ne fermait pas ce livre
porno avant que son frère ne voie les photos, on ne ferait pas la différence
entre un kebab et ce qu'il resterait de lui une fois qu'il aurait finit de s'en
occuper.
Kakashi restait persuadé qu'Itachi avait une âme de pyromane, surtout
après l'avoir vu à plusieurs reprises utiliser des katons sur
leurs ennemis ou parfois Kakashi même quand il ne cachait pas ses magazines
assez vite.
L'adolescent avait été aussi doué en technique ninja qu'au
combat de rue, puis aux diverses escroqueries dans lesquelles Kakashi l'avait
entraîné, avant de montrer d'évidents talents de commandement.
Deux ans plus tard, Zabuza et Kisame avaient rejoints l'équipe, un peu
par hasard, quand Itachi finit par découvrir que l'ami imaginaire à
moitié poisson de Sasuke existait réellement et vivait dans les
égouts sous leur appartement. S'était ensuit plusieurs tentatives
de capture du mutant, d'abord dans l'intention de le vendre à un laboratoire,
puis de le faire rejoindre leurs rangs. Tentatives toutes vouées à
l'échec et aucun des adultes n'arriva à mettre la main sur le
mutant, revenant un soir trempés et frigorifiés, pour trouver
Kisame installé dans la baignoire (pleine) avec un oreiller et une couverture
prêtés par Sasuke qui avait ramené son meilleur ami à
la maison.
Kakashi avait explosé de rire quand Sasuke avait demandé s'il
pouvait le garder.
Quand à Zabuza, un ami de Kisame inquiet de ne pas l'avoir vu depuis
plusieurs semaines, il vint frapper (lire: enfoncer la porte) chez Kakashi.
A nouveau, il y eut de la bagarre, des techniques ninjas déployées,
et un match nul sanglant avant que Kisame arrive à séparer Kakashi
et Zabuza. Malgré le fait que Kakashi ait gardé de la bataille
ses cicatrices faciales, Zabuza et lui étaient amis. Enfin, d'une manière
bizarrement virile. Ils pouvaient passer la journée assis l'un en face
de l'autre, en silence ou à lire des magazines pornos, formant la meilleure
des équipes possibles, capable de lutter en parfaite synchronisation,
jusqu'au moment ou ils se disputaient violemment pour une simple broutille,
allant parfois jusqu'à la bagarre proprement dite, qui s'achevait dès
que Kisame proposait de payer une bière aux deux lascars.
C'était un groupe hétéroclite, composé d'individus
violents, aux tempéraments explosifs et radicalement différents,
qui ne pouvaient passer une journée sans se chamailler ou de battre.
C'était une troupe de voleurs et d'assassins, dotés de limites
de sang ou de techniques redoutables, prêt à tout pour intégrer
la Triade.
C'était Akatsuki.
Et c'était parmi eux que Sasuke avait grandi.
Il avait été petit à la mort de leurs parents, et il ne
se souvenait plus beaucoup d'eux, sinon qu'il avait les yeux de sa mère
et le caractère de son père. Itachi avait pris en main son éducation,
l'élevant le plus décemment qu'il pouvait, ce qui était
en soi une gageure avec la branche d'activité qu'il avait choisi. Itachi
était extrêmement protecteur de son frère, faisant tout
pour que personne ne connaisse son existence, allant jusqu'à l'inscrire
à des cours par correspondance pour ne pas avoir à l'envoyer à
l'école. Ca ne faisait pas de Sasuke quelqu'un de très sociable
et il était même un peu gâté, ce à quoi Kakashi
et Zabuza prétendaient remédier en taquinant le gamin sans merci,
s'amusant à le voir s'énerver sans avoir recours aux redoutables
katon de son frère. En effet, si Itachi avait accepté d'entraîner
Sasuke au combat à mains nues et armé, il avait refusé
en bloc d'enseigner à son frère la moindre technique ninja. Sasuke
avait bien réussi à glaner quelques bribes sur le chakra auprès
de Zabuza et Kakashi, et Kisame lui avait personnellement enseigné une
petite technique de suiton pour respirer sous l'eau, mais il ne savait rien
d'autre.
Avec un geste rageur, Sasuke posa le sac sur la table de la cuisine, transférant
le poisson dont raffolait Kisame dans une grande assiette. Il avait cessé
de considérer Kisame comme un compagnon de jeu des années auparavant,
mais appréciait le mutant presque autant que son frère... En tout
cas, plus que Zabuza et Kakashi. Contrairement à ce que laissait croire
son apparence impressionnante et bestiale, Kisame était intelligent,
très intelligent, et possédait un sens de l'humour acéré.
C'était lui qui aidait Sasuke pour ses devoirs et lui tenait compagnie
quand les trois autres partaient régler des affaires avec la Triade.
Son aspect très prononcé de mutant l'empêchait malheureusement
de se mêler à la population normale. Il aurait encore pu cacher
sa dentition de requin blanc, ses yeux fixe et trop rond, les branchies passe
encore, mais sa taille, sa carrure, sa couleur de peau et de cheveux étaient
des signes d'autant plus évidents. Il souffrait d'autres tares, cachées
celle-ci et qui faisait se demander à Sasuke pourquoi les ninjas de l'eau
avaient encouragés de telles mutations. Même s'il était
amphibie, Kisame ne pouvait rester longtemps hors de l'eau et devait s'immerger
régulièrement. Quand la pollution de la rivière et des
égouts avait franchi un pas supplémentaire, empêchant Kisame
de s'y baigner, Itachi avait aménagé une piscine dans le sous
sol de la petite maison. Le ninja de l'eau avait fini par y élire résidence,
passant toute ses nuits à flotter entre deux eaux, regrettant juste de
ne pouvoir nager à son gré.
Enfin, mieux valait se sentir à l'étroit que s'empoisonner au
mercure ou gasoil ou toute autre cochonnerie répandue dans la rivière.
-A table Kisame, déclara Sasuke en poussant la porte de l'Aquarium, comme
l'avait surnommé Kakashi.
Il voyait Kisame au fond de l'eau, et, sans attendre que son ami remonte à
la surface, posa le plateau au bord de la piscine. La tête de Kisame émergea
et le mutant se hissa à demi au bord, attrapant un poisson qu'il goba
d'un coup.
-T'étouffe pas.
-Mâcher est pour les mammifères, rétorqua Kisame avant de
monter sur le bord, s'asseyant près de Sasuke. Les autres sont partis?
-Ouais, ils rentreront tard.
-T'as fait tes devoirs?
-Oui Maman, grommela Sasuke.
Le requin roula des yeux et goba un autre poisson avant de répondre.
-Pourquoi tu m'appelles 'maman' alors que je suis le seul hétéro
d'Akatsuki?
-Grand frère est hétéro! protesta aussitôt Sasuke,
défendant son frère.
-Non, ton frère est asexué, si j'avais une aussi belle gueule
que lui, je me priverais pas de culbuter toutes les filles de Konoha.
-C'est pas drôle!
-Non, mais c'est réaliste...
-Et Zabuza est hétéro aussi, ajouta Sasuke après réflexion.
-Ho, lui, il est ce qui l'arrange. Tant que ça a une belle gueule et
l'air pré-pubère...
Sasuke grimaça.
-Pitié, me dis pas qu'il est pédophile...
-Non, se limite aux plus de quinze ans, rétorqua Kisame avec son grand
sourire 'dent de la mer'.
Sasuke secoua la tête, accablé et désirant peu en savoir
plus sur la sexualité de ses camarades. Le reste du repas de Kisame se
déroula dans le silence, le mutant avalant tout ses poissons avant de
replonger dans l'eau.
-Tu veux te baigner Sasuke? Proposa t'il.
-Non... Merci mais je vais aller m'entraîner...
-Besoin d'aide?
Cette fois encore, Sasuke refusa, ramassant l'assiette.
-Ca ira. Je dois juste pratiquer un kata.
-Bon... Tu pourras allumer la télé en sortant?
-Ouaip.
Et Sasuke repartit, non sans avoir allumé la télé installée
près du bassin, d'où Kisame pouvait la regarder sans sortir. De
retour dans la maison, Sasuke se rendit dans une des pièces du rez-de-chaussée,
aménagée en dojo par les adultes pour leur entraînement,
et fouilla un des coffres d'armes à la recherche de la sienne. Il finit
par sortir respectueusement un vieux sabre soigneusement enveloppé de
linges qu'il dénoua méticuleusement. Le sabre était très
ancien, pas très long, et la garde usée avait été
maintes fois remplacée, mais la lame était toujours intacte et
acérée. C'était un des rares héritages qu'Itachi
et Sasuke tenaient de leurs parents. Quand leur maison à Kiri avait brûlé,
Itachi n'avait eu que le temps de sortir avec Sasuke. Le sabre, ainsi que les
quelques armes de leur père, avaient été retrouvés
après l'incendie. Tout le reste, meubles, vêtements, papiers officiels,
argent, était parti en fumé. Itachi n'avait pu retrouver la trace
de Kakashi qu'après des mois d'enquête, et en ne sachant de lui
que son nom et une brève mention de lui par leurs parents des années
plus tôt.
Ce sabre était l'arme fétiche de Sasuke. Il s'entraînait
toujours avec, même si sa taille était un désavantage contre
les pelles à tartes que Kisame et Zabuza osaient appeler des épées.
Il faisait chaud, aussi Sasuke décida t'il de s'entraîner dans
la cour pour une fois. Elle était entourée de hauts murs et une
lourde porte de métal fermait l'entrée, personne ne le verrait
et il serait tranquille.
Enfin, il le fut les cinq premières minutes.
Jusqu'à ce qu'une balle passe par-dessus le mur, et rebondisse deux trois
fois au sol avant de s'immobiliser.
-Et merde! Retentit un juron, venant de l'autre côté du mur. Shika
va me tuer...
Sasuke haussa un sourcil puis secoua la tête et retourna à son
entraînement. Trois minutes plus tard, il était de nouveau interrompu
quand quelqu'un arriva en haut du mur, jurant contre 'les crétins qui
foutaient du verre cassé dessus'. Sasuke fit instinctivement quelques
pas dans l'ombre du bâtiment, observant de loin le nouveau venu et dissimulant
son arme derrière lui. Il devait avoir son âge, même si ses
grimaces le rajeunissaient considérablement. Ses cheveux blonds étaient
en pétard, probablement jamais coiffé, ou alors à la dynamite,
et seules les lunettes d'aviateurs remontées sur son front les empêchaient
de tomber dans ses yeux. Il vit le blond s'accroupir, pas dérangé
le moins du monde par le verre sous ses semelles, et parcourir la cour du regard.
Finalement, son visage s'éclaira d'un immense sourire quand il avisa
la balle et il sauta au sol, atterrissant à quelques mètres de
Sasuke.
-Oy! Lança le brun.
Il vit le blond faire un bond de surprise et réatterrir accroupi en position
de défense.
-Tu es sur une propriété privée ici, dégage, ordonna
Sasuke d'une voix sèche, gardant son sabre caché dans son dos.
-Hé hé, désolé, s'excusa le blond avec un grand
sourire idiot qui lui plissait les yeux, je venais juste chercher ma balle.
Heu, dis dis, tu pourrais me la renvoyer, elle est juste...
-Je veux rien savoir, dégage dobe.
S'il y avait une chose que Naruto détestait, c'était bien de se
faire traiter comme de la merde.
Et il le fit savoir au brun.
-Fais pas ta pute mec! Je passe juste récupérer un truc.
-Tu as trois secondes pour foutre le camp, menaça Sasuke du ton le plus
froid qu'il put. Un.
Naruto gronda sourdement, un son qu'il avait souvent coutume de faire mais que
Sasuke n'avait jamais entendu venant d'une gorge d'homme, même pas de
Kisame.
Cela le surprit une fraction de seconde.
Suffisamment pour laisser Naruto en profiter et lui foncer dessus, lui assenant
un solide coup de boule.
Quand le brun eut repris suffisamment ses esprits, il était par terre,
sur le dos, le front douloureux, et l'imbécile heureux debout devant
lui et faisait tourner le ballon sur son index, tout en admirant la lame de
son épée dans son autre main.
-Pas mal ton coupe-bambou...
-REND CA! S'écria Sasuke en se ruant sur lui.
Il comprit aussitôt que le coup de boule n'avait pas été
un coup de chance. L'adolescent esquiva son attaque irréfléchie,
aussi rapidement qu'aisément, bondissant comme un cabri, presque sans
élan, et atterrissant aussitôt sur le mur, là ou Sasuke
l'avait vu la première fois.
'Un ninja?!!'
L'autre se contenta de sourire de sa déconfiture, un sourire aussi large
que ceux de Kisame quand il était vraiment amusé.
S'il n'avait pas les 'dents de la mer' du mutant, le blond possédait
néanmoins des crocs assez impressionnants, et le sourire qui déformait
ses joues tatouées lui donnait l'air d'un animal sauvage en train de
jouer avec sa proie. Un chat probablement.
Ou un renard, ajouta mentalement le brun, sans vraiment savoir d'où venait
cette référence.
-Je garde ton couteau, c'est pour ma collec! Lança le blond en se redressant,
enfournant la balle dans son blouson.
-C'est un sabre familial! protesta Sasuke en se redressant, rends-le!
De nouveau le sourire de renard, mais moins forcé cette fois, laissant
les yeux se déplisser et révéler leur couleur.
Bleu.
-Ca t'apprendra à faire le con, chibi, lança Naruto avant de s'éloigner
posément, le dos de la lame posé sur l'épaule, sifflotant
un air à la mode.
Sasuke regarda le blond s'en aller, frappé par l'horreur. Le sabre était
une des seules choses qu'Itachi avait réussi à garder après
la mort de leurs parents. Il l'avait donné à Sasuke avec l'ordre
d'en prendre soin, de s'en occuper avec respect.
Et ce type venait de le voler.
Ca allait se payer dans le sang.
[1] Réplique par Asuka