-Merde
Merde, merde, merde
L'anbu au masque de renard traîna son camarade dans la petite grotte qui
leur servait de point de ralliement. Il s'agenouilla, hissant le corps à
moitié inerte de son ami sur ses genoux, puis retira son masque, dévoilant
de grands yeux bleus.
-Accroche toi bordel
Marmonna t'il en ouvrant la veste blanche, imbibée
de sang, déchirant le fin tissu noir en dessous pour découvrir
les blessures.
Il contempla les blessures un petit moment, désemparé, ne sachant
comment soigner les plaies béantes encore lardées de métal.
Son camarade toussa, sa respiration rauque et le blond retira le masque d'oiseau
qui lui couvrait le visage.
-Me lâche pas maintenant vieux, Hinata et Hanabi vont me tuer s'il t'arrives
malheur.
-Hanabi le ferait, répondit le blessé dans un râle, Hinata
ne serait pas fichu de te faire la gueule si tu tuais son père.
-Ouais ouais, c'est ça, et Tenten, elle me ferait quoi d'après
toi ? Allez bon dieu, accroche toi, c'est pas si grave.
<Kitsune [1] . Ici Neko[2].
Kitsune tu me reçois ?> fit une voix légèrement inquiète
par l'écouteur dans son oreille.
Le blond porta vivement sa main à son oreille puis remit son masque pour
communiquer avec son chef.
-Neko, ici Kitsune. Sommes au point de rendez-vous trois. Tori [3]
est blessé, je répète, Tori est blessé ! Ramenez
vous avec le guérisseur, vite !
<Ici Neko, nous arrivons le plus vite possible>
-Bouge ton cul Neko ! Râla le blond avant de retirer de nouveau son masque,
se penchant sur son camarade.
Le brun, Tori de son code Anbu, semblait peiner à respirer. Son uniforme
était déchiré, son masque aspergé de sang, le sien
et celui de son ennemi et sa longue natte noire encroûtée de boue
et de sang.
-T'es dans un état je te jure
tu peux me dire pourquoi tu te retrouves
toujours dans un pire état que tes ennemis ?
-Masochisme
Primaire
souffla le brun en grimaçant un sourire.
-J'ai remarqué. Voilà pourquoi Tenten porte toujours autant d'armes
sur elle ?
-Va te faire
Voir
Et Tori se mit à tousser, crachant du sang et gémissant de douleur
entre chaque quinte.
-Calme toi ! Calme toi, tout va bien, les autres arrivent avec le guérisseur.
-C'est trop tard
-Mais non c'est pas trop tard ! Tu vas t'accrocher et on va rentrer et tu enverras
chier cette conne d'Hokage pour redevenir un chuunin et tu vas enfin épouser
Tenten et lui faire trois gosses que tu appelleras Lee, Hiashi et Naruto, allez,
reste avec moi bordel !
-Tu sais
Que
Les Hyûgas sont.... aveugle ?
-Comment ça aveugle ? Tu te fous de ma gueule ? Rétorqua le blond
en resserrant sa prise sur son ami, essayant d'arrêter le sang d'une main.
T'es toujours capable de voir, même quand je te fais un bras d'honneur
dans le dos et le noir total.
-Je vois
que tes méridiens... et ton chakra
On est av...
Aveugle... On voit pas les
les couleurs
et les formes
Juste
le chakra
-Ha... Tain pas cool
Je comprends mieux pourquoi tu regardes jamais la
télé.
-Mon... Front... Brûle
souffla le blessé.
Le blond tendit la main vers son bandeau frontal, le repoussant sans prendre
la peine de le dénouer et dévoila la marque gravée sur
le front de son ami. Il déglutit péniblement en remarquant que
la croix verte était devenue noire, comme si elle avait brûlée.
-C'est rien, se força t'il à dire, plaquant un sourire optimiste
sur ses lèvres. C'est rien du tout, c'est juste
-Le sceau qui s'active, murmura le brun.
-NON ! Non, il s'active pas, tu va pas crever ! Accroche toi, gémit le
blond en lui prenant la main. Neko, bon sang magne toi
-Tu
Tu pourrais me rendre
Un service ? Murmura le brun, sentant
que son coeur ralentissait.
-Tout ce que tu veux, promis, je le ferais
-Quand...Quand je serais mort
-D'accord, quand tu mourras dans cinquante ans
-Me ferme pas
les yeux
-Ok, promis, dans cinquante ans, tu mourra et je te fermerais pas les yeux,
juré !
-Parce que, continua le brun d'une voix éteinte, à peine plus
qu'un souffle. Je veux voir
Les couleurs
-T'es partit pour attendre un bon moment parce que tu vas pas mourir avant moi,
tu m'entends ?!
-Kitsune, coupa une voix.
Le blond sursauta, tellement prit par la douleur de son ami qu'il n'avait pas
entendu leurs équipiers arriver.
-Remet ton masque, ordonna l'homme au faciès de chat.
-Merde ! Vous en avez mis un temps, vous attendiez quoi ? Que je lui fasse une
déclaration d'amour ? Dépêchez-vous il est blessé
!
Le chef soupira, marmonnant quelques choses comme : 'Galère', alors que
les deux anbus s'avançaient, se calant tant bien que mal dans la petite
grotte. Le second, une femme dont les cheveux roses dépassaient de derrière
son masque de chien, s'agenouilla près du blessé.
-Ecarte toi un peu, ordonna t'elle avant d'apposer sa main sur le torse du brun.
Elle resta un petit moment ainsi, silencieuse, pas même troublée
par les murmures du blond puis retira lentement sa main, secouant la tête.
-Je ne peux rien faire
Déclara t'elle. C'est finit.
-NON ! Bon sang, regarde moi, ouvre les yeux ! ALLEZ !
Le brun prit une profonde inspiration, laborieuse, et un peu éteinte,
puis ouvrit lentement ses yeux si étrangement blanc. Sans pupille, sans
iris, juste du blanc, comme du lait ou des nuages d'été.
-Tori, gémit le blond.
-Kit
C'est... Joli
-De quoi ? Qu'est ce qui est joli ?
La main de Tori se leva lentement vers le visage de Kitsune se crispant dans
ses mèches blondes en bataille.
-Les couleurs
C'est joli.
Kitsune ne répondit pas, à court de mots pour une des rares fois
de sa vie. Il sentit la main de son ami lâcher ses cheveux, puis retomber
mollement à terre. Le grand corps musclé, tellement grand, tellement
plus que lui, s'affaissa et la tête roula en arrière, les yeux
toujours grand ouvert. Tremblant, Kitsune souleva la tête de son camarade
d'une main.
-Tori ?
Sous ses yeux ébahis, la marque du front cessa peu à peu de grésiller.
Et au fur et à mesure que le sceau s'activait, que les capacités
étranges des yeux blancs se scellaient, les yeux du mort changèrent.
Une simple volute d'abord, comme de l'encre dans l'eau qui se diluerait, et
peu à peu, apparurent du noir, puis du vert. Un vert comme une feuille
qui vient de se dérouler.
Quand Hyûga Neji rendit son dernier soupir, ses yeux étaient verts
comme les feuilles d'un arbre.
-Tori, Murmura Kitsune.
-Kitsune, reprit leur chef, la voix légèrement étranglée,
on doit partir. Il faut
Il faut détruire son corps.
-Je m'en
occupe, murmura Kitsune.
Ce n'était pas difficile. Le renard l'aiderait. Un peu de feu de renard,
celui qui brûle éternellement et voilà. Le corps dans ses
bras ne serait plus qu'une poignée de cendre.
'Me ferme pas les yeux'
Que des cendres et deux globes blanc, noir et vert.