S’il y avait une chose que Shino pouvait reconnaître aux Hyûgas, c’était qu’ils
étaient une des familles les plus importantes, si ce n’est la plus importante
de tout Konoha. Pas seulement en matière de membres, un clan ninja, même puissant
n’est jamais constitué de plus d’une quinzaine de personnes, branches cadettes
comprises. Mais les Hyûgas, avec leur vingtaine de membres, leurs pouvoirs,
leurs âcres de terres, leurs nombreuses maisons et leur poids politique, était
certainement LE clan de Konoha. Surtout depuis l’extermination des Uchihas huit
ans avant, leur clan rival depuis des années.
Et pourtant, Shino n’hésita pas une seule seconde à faire sa réponse à leur
chef.
-Je décline votre proposition Hyûga-sama.
Lequel chef ne s’attendait visiblement pas à ça et s’y reprit à deux fois avant
d’en croire ses oreilles et l’exprimer assez peu dignement.
-Je te demande pardon ?!
Shino allait répéter quand la porte s’ouvrit sur Hinata. La jeune fille sourit
à Shino puis salua son père d’un signe de la tête avant de venir s’asseoir à
ses côtés, lissant sa tunique.
-Je décline votre proposition Hyûga-sama, répéta Shino d’un ton calme.
-Shino-kun, réfléchis bien.
-J’ai réfléchis Hyûga-sama, coupa Shino. Un mariage entre Hinata et moi serais
hautement bénéfique, autant pour elle que pour mon clan. Néanmoins je ne peux
accepter. Je suis désolé Hinata.
-Ce n’est rien, assura la jeune fille avec un petit salut formel, je te remercie
Shino-kun.
-Hinata, si tu n’es pas mariée hors du clan avant tes seize ans, tu seras mariée
de force à Neji ou Hikari…
-Je compte quitter le clan Père, déclara Hinata, se retenant de balbutier.
A ces mots, Hiashi resta bouche bée, fixant sa fille aînée comme s’il la voyait
pour la première fois.
-Pardon ?!
-Je vais quitter le clan Père. Lorsque Hanabi sera diplômée de l’académie et
qu’elle saura se débrouiller seule, je partirais.
-Les Anciens refuseront de te laisser partir.
-Les anciens sont la dernière de mes préoccupations Père, rétorqua Hinata.
Un petit raclement de gorge poli interrompit les deux Hyûgas, qui se tournèrent
aussitôt vers Shino.
-Si vous permettez Hyûga-sama, je vais vous laisser, déclara t’il avant de prendre
congé, non sans saluer une dernière fois Hinata et Hiashi.
A peine sortit de la pièce, il laissa échapper un long soupir de soulagement,
soulagé d’avoir survécu à l’entrevue avec Hiashi. Fourrant ses mains dans ses
poches, il s’éclipsa discrètement, rejoignant Kiba qui l’attendait dehors avec
Akamaru.
-Tiens, t’a survécu ? Lança le brun, adossé au mur de la propriété des
Hyûgas.
-Ta confiance en moi m’honore.
-Hey, tu es entré ici avec l’intention de contredire le père d’Hinata. C’est
un truc que les juunins les plus couillus n’oseraient pas faire.
-Je ne pense pas qu’il soit si mauvais que ça, déclara Shino en venant s’adosser
au mur près de Kiba.
-Ah ouais ? M’a pourtant l’air d’être un sacré trou du cul, marmonna Kiba.
-Il ne fait que suivre les lois de son clan. Un chef ne peut y déroger. Il peut
les tordre au besoin, mais pas les changer. Tu sais que ce mariage devait être
pour protéger Hinata, n’est ce pas ?
-En quoi ça la protègerais d’être marié à un entomologiste à la noix ?
Grommela son ami.
-Jaloux ?
-Ben… HEY ! Protesta Kiba en rougissant. Mais de quoi tu te mêles ?!
Akamaru aboya à ce moment et les deux amis tournèrent la tête vers lui. Hinata
sortait de la maison en enfilant son gros blouson informe. Elle souriait, apparemment
soulagée et contente d’elle.
-Comment ça c’est passé ?demanda Shino avant que Kiba ait pus ouvrir la
bouche.
-Père va annoncer la rupture de nos fiançailles. Il est très déçu… ajouta Hinata,
tapotant la tête d’Akamaru qui lui faisait la fête.
-Tu vas pas avoir d’ennui avec les vieux de ton clan, hein ? Demanda Kiba,
inquiet.
-Peut être… Mais d’ici un mois ou deux, Hanabi sera diplômée. Elle n’aura plus
besoin de moi. Je pourrais partir.
-Mouais, pas sur de ça, répondit Kiba en croisant les bras.
Hinata lui jeta un regard abasourdi.
-Qu’Hanabi soit diplômée ?!
-Naaaan, qu’elle ait plus besoin de toi. T’es sa sœur non ? Tu vas pas
la laisser là toute seule avec juste Neji pour lui tenir compagnie ?
-Neji ‘niisan adore Hanabi, déclara Hinata. Et Hanabi le considère comme un
grand frère.
-Tu viendras pas te plaindre si elle tourne comme lui, marmonna Kiba avant de
se figer. Oh mon DIEU ! Je viens d’imaginer un Neji avec des seins !
Mauvaise image mentale, très mauvaise.
Shino roula des yeux derrière ses lunettes tandis qu’Hinata cachait un rire
derrière ses doigts. Kiba lui fit alors un grand sourire et passa un bras autour
de ses épaules.
-Ravi de te revoir sourire Poussin.
Hinata rosit, embarrassée par les manières familières de Kiba, même après trois
ans à travailler ensemble.
-Maintenant, étape deux, aller prévenir le père de Shino, déclara le garçon
au chien.
A ces mots, le brun fit une petite moue, ce qui aurait probablement équivalut
à un rictus d’horreur s’il n’avait pas été un Aburame.
---
-Je suis rentré.
-Nous sommes là aussi ! Ajouta Kiba de derrière Shino.
Le silence retomba sur les trois amis. Après une trentaine de secondes sans
pépiement de bienvenue, Shino soupira et se pencha pour retirer ses chaussures.
-Ou… Où est Mushiko Neesan ? S’étonna Hinata en l’imitant.
-Hey, Mushiiiiiiikooooooooooo ! Appela Kiba. Bah c’est dingue ça, c’est
la première fois que je ne vois pas ta petite amie t’accueillir.
Shino s’apprêta à rétorquer un : Ce n’est PAS ma petite amie, comme toute
les fois que Kiba lançait la boutade, mais il referma la bouche, préférant ranger
ses chaussures qu’impliquer Kiba dans ses affaires de coeur. A ce moment là,
Kemushi arriva pour le saluer.
-Bienvenue Shino-sama. Hinata-sama, Kiba-sama…
-Salut Kemushi ! Lança Kiba pendant qu’Hinata s’inclinait et qu’Akamaru
allait lécher les chevilles du frère de Mushiko.
-Merci Kemushi. Mon père est il là ?
-Non Shino-sama, votre père est partit à la réunion pour l’organisation du procès
de Yoruno-san, répondit Kemushi en prenant le blouson de Shino.
-Tant pis, je lui parlerais plus tard. Vous voulez boire quelque ?
-Pas de refus, fait une chaleur dingue aujourd’hui !
-Je veux bien Shino-kun.
-Je vais préparer des boissons, déclara Kemushi, écartant Akamaru du bout du
pied pour ne pas trébucher sur le chien.
-Oy Kemushi ! L’interpella Kiba. Où est Mushiko ? Elle est malade ?
Kemushi fronça les sourcils et se tourna à nouveau vers les adolescents.
-Non, je ne crois pas… elle s’occupait d’étendre le linge, elle aurait du vous
sentir arriver, je me demande pourquoi elle n’est pas venue vous accueillir
Shino-sama. Je lui en ferais la réprimande.
-Ce n’est rien Kemushi, nous attendrons dans la salle de séjour.
-Bien Shino-sama.
Les trois amis se dirigèrent vers les quartiers de Shino en papotant, ou plutôt,
Kiba assommant de paroles les deux autres. Ils parvinrent à la salle de séjour
et s’installèrent, attendant leurs boissons.
-On étouffe aujourd’hui, grommela Kiba en se laissant tomber sur un tatami,
ouvrant son blouson.
-Je vais ouvrir un panneau, proposa Hinata en se dressant sur ses genoux.
-Reste assise, je m’en occupe, fit Shino.
-Merci vieux ! Lança Kiba.
Shino alla vers le mur du salon et poussa un des panneaux, laissant entrer l’air
frais. La salle de séjour donnait sur les jardins, et, plus loin, les maisons
des serviteurs. Remontant ses lunettes d’un doigt, Shino scruta le paysage.
Il aperçut les fils à linge, à moitié cachés par une haie d’acacias, mais aucune
trace de Mushiko. Il allait retourner avec ses amis quand Kiba se redressa,
reniflant le vent plus frais qui venait du dehors.
-Shino…
-Qu’y a-t-il ?
-Chai pas, pousse toi du vent…
Shino s’exécuta, observant Kiba renifler l’air avant de se mettre debout d’un
bond.
-Shino ça pue le sang ! Beaucoup de sang !
Immédiatement, les deux autres furent en alerte. Shino envoya ses insectes en
éclaireur, dans tout le jardin et Hinata passa en mode byakugan tout en se ruant
vers l’ouverture.
-Je ne vois personne de blessé, commença t’elle, balayant le jardin du regard.
Son regard passa sur les fils de linge et elle se figea.
-Shino, il y a du sang sur les draps.
La seconde suivante, Shino avait bondit hors de sa maison, sans même enfiler
de chaussure. Un de ses cousins le vit sauter par-dessus l’étang avec surprise,
il manqua de percuter une tante qui enseignait à ses enfants à utiliser les
insectes kikai, et il finit par arriver au niveau de la haie d’acacias. Il écarta
une branche d’un grand geste agacé et tomba nez à nez avec un drap couvert de
sang. Le cœur serré d’appréhension, il repoussa le drap et baissa les yeux.
Mushiko gisait au sol, inconsciente, son kimono jaune imbibé de carmin.
-MUSHIKO !
Quand Kiba et Hinata arrivèrent à leur tour, Shino essayait d’asseoir Mushiko,
lui prenant le pouls.
-Elle est vivante, le rassura aussitôt Hinata, mais il faut l’amener à l’hôpital.
-Je m’en occupe, fit Shino, soulevant Mushiko sans problème.
-Oy Shino, met au moins des chau…
Kiba ferma la bouche quand Shino disparut dans un nuage de mouches.
-J’ai horreur quand il fait ça…
-Kiba-kun, viens vite, nous devons prévenir la famille de Mushiko !
---
-Haaaaaaaaaa ! Pas de missions aujourd’hui, on peut se détendre paisiblement,
fit Ino en s’étirant longuement sur son banc.
-En général, les périodes de calme ne durent jamais assez longtemps pour ça,
marmonna Shikamaru en approchant de sa camarade, lui tendant une tasse de thé.
-Merci Shika !
-Tiens Chouji, ta part, fit Shikamaru en tendant une assiette de gâteau à son
ami qui commença aussitôt à se goinfrer.
- tu ne vois pas un peu trop les choses en noir Shikamaru ? Fit Ino,
on est bien là, un salon de thé tranquille, au soleil, entre ami, qu’est ce
qui pourrait nous tomber dessus ?
Shikamaru n’eut pas le temps de répondre que Shino atterrissait devant eux,
une Mushiko en sang dans les bras, avant de repartir d’un bond.
Les trois amis le regardèrent partir sans un mot puis restèrent longtemps silencieux
jusqu’à ce qu’Ino assène une taloche à Shikamaru.
-Tu pouvais pas te taire non ?
---
-Quelqu’un vite ! C’est une urgence !
Le médico-nin qui draguait la standardiste de l’hôpital se précipita aussitôt
vers Shino et son fardeau.
-Que s’est il passé ? Demanda t’il, alors que des infirmières amenaient
une civière.
-Je ne sais pas, je l’ai trouvée comme ça, elle a perdu beaucoup de sang.
-Posez-là. Fait elle partie d’un clan particulier ? Demanda le médecin
en vérifiant le pouls de Mushiko.
-Elle est servante des Aburame, répondit Shino.
-Bien, on l’amène en salle de soin d’urgence, restez ici, on vous préviendra.
Shino se retrouva rapidement seul dans le hall de l’hôpital, un peu désemparé
d’être mis à l’écart.
---
Il ne fallut qu’un quart d’heure avant que Kiba et Hinata arrivent, suivis de
Kemushi et sa grand-mère, une vieille femme ridée comme une pomme et sèche comme
un pin.
-Shino-sama !
-Obaasan[1], fit Shino en se levant de son siège, accueillant ses amis et
la famille de Mushiko.
-Merci de l’avoir emmenée si vite à l’hôpital Shino-sama, fit la vieille femme
en lui prenant les mains.
-Que disent les médecins ? S’enquit Kemushi, tout pâle.
-Ils ne sont pas encore revenus, répondit Shino.
-Montrez moi vos mains, marmonna la vieille femme en frottant le sang sur la
peau de Shino.
-Ca ira Obaasan…
-Voilà un médecin ! fit Kiba en montrant le médico-nin approcher, retirant
ses gants stérile.
Shino se tourna et reconnut le médecin qui avait prit soin de Mushiko.
-Comment vas t’elle ? demanda t’il aussitôt.
-son état est stable, répondit le médecin, elle n’est plus en danger pour l’instant.
Êtes-vous de la famille ?
Shino secoua la tête et désigna Kemushi et la vieille femme.
-Vous êtes de la famille Ari[2] c’est ça ? Les serviteurs du clan Aburame ?
S’enquit le médecin.
-C’est exact docteur.
-Pourrais-je voir votre larve je vous prie ?
Kemushi jeta un regard à sa grand-mère qui hocha la tête. Le jeune homme desserra
alors sa ceinture, juste de quoi pouvoir entrouvrir sa veste de kimono et écarta
les pans, montrant la cicatrice entre son cœur et son nombril.
-Je vois, la larve ne peux pas sortir c’est cela ?
-Oui docteur.
-Puis-je ? Demanda le médecin en faisant un geste vers la marque.
-Bien sûr.
Le médecin posa ses doigts sur le torse de Kemushi et ferma les yeux, auscultant
la vieille blessure à l’aide de son chakra.
-C’est ce que je pensais.
-Quoi donc docteur ? Demanda la vieille femme.
-Il semblerait qu’il y ait phénomène de rejet avec la larve de la jeune fille.
-C’est impossible, trancha la grand-mère d’un ton sec, Mushiko la porte depuis
plus de dix ans, s’il y avait eut rejet, ça serais arrivé bien avant.
-Madame, il semblerait dans ce cas que la larve essayerait de sortir de son
corps, rétorqua le médecin.
Le silence retomba sur la famille et les amis de Mushiko.
-Je dois la voir tout de suite, déclara la vieille femme, toute pâle.
-Elle est encore en soin intensif…
-Si c’est ce que je pense ce n’est pas aux soins intensifs qu’elle finira la
journée mais à la morgue ! Emmenez moi la voir !
Un peu interloqué de se faire remonter les bretelles par une petite mamie toute
ridée, le médecin obéit. Kemushi et les trois adolescents suivirent aussi, un
peu effrayé par la suite des opérations.
-Shino-sama, venez avec moi, ordonna la vieille, toujours aussi sèche.
-Oui Obaasan.
Le médecin les emmena dans une des salles de soin, ou régnait encore une grande
agitation, deux infirmières s’affairant autour de Mushiko qui gisait sur la
table, le kimono ouvert et le ventre ensanglanté.
-Du changement ?
-Elle a recommencé à cracher du sang et quelque chose s’agite sous sa peau,
déclara une des infirmières.
-La plaie sur son ventre s’est rouverte et une autre est en train de se former,
continua l’autre.
-Ecartez vous, ordonna la vieille femme, repoussant les deux infirmières.
-Madame, laissez nous faire !
-Kemushi, scalpel.
-Oui Obaasan !
Kemushi tendit l’outil à sa grand-mère qui se pencha sur le corps de sa petite
fille, observant la bosse qui déformait son estomac par à coup.
-Kemushi, Shino-sama, tenez là. Docteur, apprêtez vous à intervenir dès que
j’ai finit.
-Finis quoi ? Demanda Kiba, resté sur le pas de la porte avec Hinata.
La jeune fille haussa les épaules en signe d’ignorance mais prit la main de
Kiba dans la sienne.
Shino appuya sur les épaules de Mushiko, tandis que Kemushi lui tenait les jambes.
De près, il voyait distinctement la bosse bouger sous la peau de Mushiko. Ce
n’était pas normal, le ver devait guérir ses blessures, pas la tuer. Mushiko
toussa à ce moment, crachant un peu de sang et la bosse recula, laissant son
ventre presque plat.
Ce fut là, pendant ce bref moment de répit, que la grand-mère plongea le scalpel
dans la chair de sa petite-fille, rouvrant la cicatrice pâle sur son ventre.
Shino entendit Hinata crier, les infirmières étouffer un cri d’horreur et surtout,
Mushiko hurler de douleur.
-Tenez la Shino-sama ! Ordonna la vieille en écartant les bords de la plaie.
-Vous allez la tuer ! Protesta le médecin.
-Au contraire je lui sauve la vie.
Et le silence retomba quand un cocon sombre apparut dans la chair de Mushiko.
-Ce n’est pas une larve, marmonna Shino.
-Une chrysalide, précisa la vieille femme, tapotant la coque du doigt.
Au contact, la coque remua, se déforma et une fissure courut tout le long, s’ouvrant
sous la poussée de l’être à l’intérieur. Et puis, patte par patte, les ailes
d’abord, un insecte d’une vingtaine de centimètres s’extirpa de sa chrysalide.
L’insecte rampa sur la poitrine de Mushiko et agita ses ailes froissées qui
se redressaient à vue d’œil.
-Voilà, fit la grand mère en retirant délicatement le reste de la chrysalide,
à vous docteur.
Le médico-nin approcha, stupéfait, et prit la place de la vieille femme, inspectant
rapidement les dégâts avant de commencer à refermer les plaies béantes. Shino
resta à sa place, dévisageant avec stupéfaction le grand papillon rouge et noir
nettoyer ses antennes puis agiter ses ailes avant d’approcher de lui, lui grimpant
sur le poignet.
-Shino-sama, nous sortons.
-Heu… oui Obaasan, répondit il, levant la main avec précaution.
-Amenez le papillon avec vous, il risquerait de gêner le médecin.
Comme s’il avait compris, l’insecte prit son vol, venant se poser sur l’épaule
de Shino.
---
-Je peux savoir ce qui s’est passé ? Marmonna Kiba quand ils furent tous
retournés dans la salle d’attente.
La vieille femme s’assit sur un siège avant de répondre.
-L’insecte qui soigne nos blessures n’a cette capacité qu’à l’état larvaire.
Il se nourrit de sang et de chakra dans le corps de son hôte et, en échange,
soigne les blessures. Logiquement, la symbiose dure toute la vie, mais parfois,
la larve absorbe tellement de chakra qu’elle passe au stade adulte. C’est ce
qui est arrivé aujourd’hui...
-Ce n’est pas si rare que ça, intervint Kemushi à son tour, apportant à sa grand-mère
un thé qu’il venait de prendre au distributeur. Père a subit la même chose à
quinze ans.
-Le tout est qu’on sorte la chrysalide du corps de l’hôte avant que le papillon
ne sorte en lui déchirant le ventre. Dieu soit loué, nous avons été assez rapide.
-Qu’est ce qu’il est beau, murmura Hinata, le regard fixé sur l’insecte rouge
et noir sur l’épaule de Shino.
Le papillon agita ses antennes, goûtant l’air autour de lui. Il avait de grandes
ailes rouges, aux bords déchiquetés et marrés d’un rouge sombre, presque noir.
-Alors c’est ça un chi no choo… Marmonna Shino pour lui-même.
-Chi no choo ? Répéta Kiba.
-Papillon de sang…
---
-Tu sors Shino?
Shino tourna la tête en arrière et vit sa mère, accompagnée de quelques suivantes,
le regarder depuis le fond de l’entrée.
-Oui Maman, je vais voir Mushiko à l’hôpital.
-Comment vas t’elle ? Demanda Kitana en approchant de son fils, assis sur
la marche de l’entrée à enfiler ses chaussures, le papillon rouge sur l’épaule.
-Bien, les médecins parlent de la laisser sortir demain, répondit Shino en se
levant, tapant légèrement ses pieds sur le sol.
-A propos de parler, fit Kitana en refermant son éventail de métal d’un coup
sec, est-ce que tu lui a déclaré ta flamme ?
Kitana réprima un fou rire quand les lunettes de son fils glissèrent sur son
nez, dévoilant deux globes oculaires d’insecte franchement stupéfaits sur fond
de visage écarlate.
-Mais co... comment as-tu…
-Je suis une mère Shino, fit Kitana en tendant les mains pour ajuster le col
de son fils, c’est mon travail de deviner des choses sur mon enfant.
Shino rougit derechef, embarrassé et repoussa ses lunettes sur son nez pour
se donner une contenance.
-Qui... Qui d’autre a deviné ?
-Ho, à peu près tout le clan, ton père a des soupçons aussi.
-Je doute qu’il approuve, maugréa Shino.
-Prend soin de Mushiko, moi, je m’occupe de ton père, assura Kitana.
-Comment ça ?
Kitana sourit et s’écarta de Shino, rouvrant son éventail d’acier avec un bruit
cinglant.
-Disons … Persuasion féminine ?
Shino décida soudainement qu’il était en retard et s’excusa avant que sa mère
décide de lui expliquer le comment du pourquoi.
-A ce soir Maman.
-Passe une bonne journée !
---
Quand Shino arriva dans la chambre d’hôpital de Mushiko, il fut accueillit par
un fou rire entrecoupé de petits cris de douleur et une voix connue qui racontait
un des épisodes les plus embarrassant de sa vie. Il poussa la porte entrouverte
et grommela dans sa barbe en reconnaissant la chevelure en pétard de Naruto.
-Et là, tu as la nana la plus grosse que j’ai jamais vue qui se tourne vers
nous, mais grosse comme la femme de Gama-bunta et elle commence à gigoter, on
aurait dit de la gelée sur patte…
-Ow ow ow, Naruto me fait pas rire ! Protesta Mushiko, une main sur le
ventre.
-Et elle lui dit : Hooooooooooooo mon petiiiiit, que c’est gentil àààà
toaa….
-Naruto, ne me dis pas que tu lui racontes la mission d’escorte de Shijimi-dono,
soupira Shino.
-J’arrivais au passage ou elle allait te sauter dessus.
-Tais toi, grommela Shino avant de se tourner vers Mushiko. Ca va ?
La jeune fille hocha la tête, essuyant les larmes qui perlaient de ses yeux.
-Ca iras mieux quand j’arriverais à arrêter de rire, hoqueta Mushiko en frottant
son ventre.
Shino jeta un regard de reproches à Naruto qui ne releva pas, avec son inconscience
habituelle.
-Qu’est ce que tu fais là ? Demanda Shino en approchant, un peu surpris
que Naruto et Mushiko s’entendent aussi bien en ne s’étant pratiquement jamais
parlé.
-Ho, Hokage-sama m’a donné comme corvée de nettoyer toutes les vitres des bâtiments
officiels, répondit Naruto, montrant un seau posé près de la fenêtre, et j’ai
reconnu Mushiko alors je suis entré lui tenir compagnie. Elle s’ennuyait, ajouta
t’il, mais puisque tu es là, je vais vous laisser, je voudrais finir l’hôpital
ce soir, comme ça demain, je pourrais m’entraîner avec Sasuke et Sakura.
Naruto se leva d’un bond et alla ramasser son matériel, suivit du regard par
la blessée et son ami.
-N’hésite pas à repasser Naruto, faut encore que tu finisses cette histoire,
réclama Mushiko.
-Pitié non, marmonna Shino, elle connaît déjà assez de choses embarrassantes
sur moi pour me faire chanter jusqu’à ma prochaine réincarnation.
Naruto éclata de rire puis salua les deux amis avant de sortir par la fenêtre,
reprenant son travail avec entrain. Shino soupira puis s’assit sur la chaise
qu’il avait utilisé.
-Comment tu te sens ?
-Encore un peu fatiguée… Et les infirmières refusent de me laisser manger d’aliment
plus consistent que de la purée.
-C’est pour ton bien.
-Ca n’empêche que je ne mangerais plus jamais de purée de ma vie après ça.
Shino sourit légèrement puis claqua des doigts comme il se souvenait de quelque
chose. Il tendit la main vers sa nuque, laissant le papillon rouge grimper sur
ses doigts, et le tendit à Mushiko.
-Je t’ai amené ton ancienne larve.
Mushiko eut un grand sourire joyeux et tendis la main au papillon, qui vint
docilement se poser dessus.
-Il est superbe, murmura t’elle avec fierté.
-Ta grand-mère a trouvé une nouvelle larve pour toi, mais ils ont décidés de
ne te l’implanter que quand tu seras guérie.
-Les infirmières me prennent pour une tarée quand je leur dis que ça me manque
de ne plus l’avoir, annonça Mushiko avant de tourner les yeux vers le papillon
qui s’accrochait à ses doigts. Comment je vais t’appeler toi ?
Shino contempla longuement Mushiko, sans rien ajouter, la regardant parler au
papillon. Il l’avait rarement vue ainsi, le chignon défait, ses longs cheveux
violet dans le dos.
-Qu’est ce que tu penses de Konton[3] ?
-C’est une femelle Mushiko, indiqua Shino en souriant.
-Ho… Arashi[4] alors. Ca t’iras ma belle ?
Shino sourit derechef puis tendit la main vers les cheveux de Mushiko, mettant
une longue mèche lisse derrière son oreille. La jeune fille sursauta au léger
contact et jeta un regard surpris à Shino avant de détourner les yeux.
-Tu sais Shino… Tu ne devrais pas être là.
-Pourquoi ça ? S’enquit le jeune homme. Tu es blessée, j’ai le droit de
venir te voir, non ?
-Ce n’est pas ça… C’est juste que…tu vas te marier alors…
Shino cligna des yeux derrière ses lunettes noires. Se marier ? Mais c’était
déjà résolu ce problème et… Il se mit mentalement une claque en s’apercevant
qu’avec les récents évènements, il n’avait pas mis Mushiko au courant.
-Je n’épouse pas Hinata. Coupa Shino.
Mushiko le fixa comme une espèce d’insecte inconnu au bataillon et capable de
danser le tango sur un air de salsa.
-Pa...Pardon ?
-Je n’épouse pas Hinata, répéta le jeune homme.
-Mais... pourquoi ?
-Pour plusieurs raisons, avoua Shino, cherchant comment annoncer la principale.
-Mais alors elle va…
-Ne t’en fais pas pour ça. Hinata a plus de poigne qu’on le pense.
-Ho…
Le silence retomba. Si profond qu’on entendait le battement d’ailes d’Arashi.
Shino se racla la gorge, sans oser croiser le regard de Mushiko et finit par
lever les yeux vers la fenêtre derrière elle. Il vit alors Naruto derrière la
vitre, qui les espionnait. Le blond lui fit signe de se taire d’un doigt sur
les lèvres puis montrant Mushiko qui flattait Arashi sans avoir remarqué l’espion.
Shino fronça les sourcils et articula silencieusement un « quoi ».
Naruto fit de même, mais bougeant les lèvres de manière trop exagérée pour qu’il
comprenne. Shino haussa les épaules. Naruto commença alors à mimer ce qu’il
voulait dire, sans plus de succès pour la compréhension de Shino qui se demandait
où il voulait en venir. Mais qu’est ce qu’il mimait, un poisson ? Un danseur
de tango ? Un contorsionniste ? Finalement, excédé de ne pas se faire
comprendre, Naruto pécha un crayon et une feuille dans sa poche et griffonna
dessus avant de la plaquer sur la vitre.
Shino ne réagit pas non plus cette fois, mais par le choc plutôt que l’incompréhension.
« Embrasse la »
-Shino ?
Le brun sursauta et se tourna vers Mushiko qui le fixait étrangement.
-Ca va ? Tu as décroché pendant quelques secondes.
-Je réfléchissais, avoua Shino.
-Tu devrais ranger les insectes Shino, moi j’ai rien contre, mais les infirmières
vont être hystériques quand elles verront les murs.
Shino cligna des yeux avant de s’apercevoir que les insectes kikai étaient sortis
de son corps et vagabondaient allègrement dans la pièce. Voilà ce que c’était
de se faire distraire par un idiot blond. Shino rappela ses insectes d’un bref
ordre de chakra. Juste à temps, car une infirmière entra, à peine le dernier
kikai revenu à sa place.
-Bonjour Mushiko !
-Bonjour Madame, répondit la jeune femme.
-Je vais devoir demander à votre visiteur de partir, le docteur veut accomplir
de derniers tests avant de vous laisser partir.
-Ho, déjà ?
-Je reviendrais demain Mushiko…
Il voulut ajouter quelque chose… ‘Remet toi bien’… non, pas ça. ‘Repose toi’
non plus. ‘Il faudra que je te parle’… Nope. ‘Soigne bien Arashi’ définitivement
hors propos. ‘Je t’aime’ de quoi lui faire avoir un arrêt cardiaque. Toutes
les répliques qui lui venaient semblaient tirées de mauvais feuilletons télévisés.
Finalement, profitant que l’infirmière admirait Arashi posée sur le mur, Shino
se pencha sur Mushiko et l’embrassa rapidement sur la joue.
-A demain, marmonna t’il avant de s’éclipser rapidement, laissant derrière lui
une Mushiko à la limite de la crise d’apoplexie.
---
-Va falloir qu’on revoie ta définition d’embrasser.
Shino soupira puis se tourna vers Naruto, assis sur le mur d’enceinte de hôpital
-Tant qu’on y est, on reverra celle que tu donnes à ‘subtilité’, rétorqua t’il.
Naruto pencha la tête et ricana à la réponse d’Okori.
-Okori dit que c’est la manière de mettre quelqu’un dans son pieu sans qu’il
s’en aperçoive.
-Elle a mauvaise influence sur toi, soupira Shino.
-Du tout, je suis ma propre mauvaise influence, déclara Naruto, très content
de lui.
-Abruti.
-Je sais, c’est génétique apparemment.
Shino vit Naruto pencher la tête à nouveau, puis opiner très sérieusement avant
de se redresser et regarder Shino d’un air facétieux.
-Okori te suggère de commencer ta cour par de petits cadeaux.
-Et quoi par exemple ? Fit Shino, de plus en plus agaçé par l’intrusion
de Naruto dans sa vie privée.
-Qu’est ce que j’en sais moi, des bonbons, du parfum... Des fleurs peut être…
Non Okori, ajouta Naruto à voix basse, apporter un lapin fraîchement tué n’est
pas une preuve d’affection chez les humains.
-Il faut vraiment que ma vie amoureuse soit désespérante pour qu’un hyperactif
comme toi et une renarde à neuf queues s’en mêlent, grommela Shino avant de
s’éloigner.
---
Néanmoins, le lendemain, embarrassé et gêné, Shino entra chez Yamanaka Fleurs.
Il fut accueilli par une Ino stupéfaite.
-Shino ? Mais qu’est ce que tu fais là ?
-Heu, je cherche des fleurs.
-Ce qui m’aurait inquiété, c’est que tu ailles les chercher chez le poissonnier,
se moqua Ino en s’accoudant au comptoir.
-C’est… Pour une amie… elle est à hôpital
-Ha oui, Naruto m’en a parlé, il m’a aussi dit de t’aider à trouver le bon bouquet
pour déclarer ta flamme.
Shino fixa longuement une Ino souriante comme une malade avant de se prendre
le front dans la main, sentant qu’il rougissait jusque dans le cou.
-Je vais tuer Naruto.
-Tout le monde dis ça, mais personne ne s’y résout, déclara sagement Ino en
sortant de derrière le comptoir, allez viens.
Maudissant toujours Naruto jusqu’à la septième génération, Shino suivit docilement
Ino dans les rayons, tout en retenant ses insectes qui bourdonnaient une seule
chose à l’unisson : MANGER POLLEN!
-Alors d’abord, sa couleur favorite ?
-Jaune, répondit automatiquement Shino.
-Ah, c’est très bien de savoir déjà ça sur elle. Les hommes sont rarement capables
de dire la couleur favorite de leurs petites amies. Mon père ne sait toujours
pas que ma mère adore le vert et ça fait plus de vingt ans qu’ils sont mariés,
tu te rends compte ? Alors jaune jaune jaune... Hmmm, qu’est ce que tu
penses de cette fleur ? Finalement non, ça veut dire ‘amitié éternelle’
dans le langage des fleurs…
-C’est obligé que je choisisse une fleur qui signifie quelque chose ? Demanda
Shino, un peu perturbé par le débit d’Ino.
La jeune fille réfléchis quelques secondes avant de répondre.
-Pas vraiment. Le tout dans ton cas, c’est trouver une fleur qui signifie quelque
chose de spécial pour elle et toi, tu comprends ?
Shino se frotta le menton pensivement. Une fleur spéciale ?
---
-Hey Shino.
Tapi dans les branches de l’arbre, près de Mushiko, un petit Shino de sept
ans tourna les yeux vers son amie.
-Quoi ?
-Pourquoi Kemushi offre des fleurs aussi petites à sa copine ?
Le gamin jeta un coup d’œil à l’adolescent au pied de l’arbre, qui tendait
un petit bouquet à une jeune fille en face de lui. Les deux enfants pratiquaient
un de leur passe-temps favoris : Espionner le frère de Mushiko dans ses
tentatives de séduction de la femme de sa vie.
-Aucune idée, ça plait peut être aux filles les petites fleurs
-Pff, souffla Mushiko, elles ont pas le sens des affaires c’est tout.
-Pourquoi tu dis ça ?
-Si jamais un garçon voudra se marier avec moi, il faudra qu’il me donne
une grande graaaaaaaande fleur ! Je sortirais jamais avec un garçon qui
offre des petites fleurs.
A ce moment là, Kemushi leva les yeux, surpris d’entendre sa sœur critiquer
son choix de bouquet juste au dessus de sa tête.
-MUSHIKO ! SHINO-SAMA !!! QU’EST-CE QUE VOUS FOUTEZ LA ? !!!
-Oops ! Cassos !!! Vite Shino, on se barre !
---
-Ino, vous vendez des tournesols ?
-Quoi ?
[Un mariage et une tête d'enterrement]