-Sasuke, Kiba, reconnaissance visuelle. Sakura, Naruto, occupez vous de Neji.
Kiba et Sasuke entrent les premiers, accompagnés de l'ombre de Shikamaru qui
explore rapidement les moindres recoins de l'entrée avant de retourner vers
son propriétaire.
-c'est bon. Personne, signale Sasuke.
-On continue, reprend Shikamaru, décroisant ses mains, Sakura, ferme et piège
la porte.
Sakura jette un dernier regard derrière eux quand elle tend les pièges sur la
porte. Les gaki les ont suivis jusqu'ici, rapides malgré leurs démarches trébuchantes,
mais ont stoppés à une dizaine de mètres du portail menant chez les Nazuchi.
Ils forment un demi-cercle presque parfait devant l'entrée, apparemment incapable
d'avancer plus loin. Certains parcourent le périmètre comme des fauves, sans
quitter les vivants du regard, faisant claquer leurs mâchoires sèches. C'est
avec soulagement que la jeune fille finit par refermer la porte, suivant ses
équipiers dans la maison en ruine. Si les murs sont encore relativement intacts,
les panneaux de papiers séparant les pièces sont depuis longtemps en lambeaux,
ne laissant que le cadre de bambou léger. Le plancher craque sous leurs poids
et quelques lattes cèdent sous les pieds de Naruto. Finalement, au bout de quelques
minutes d'exploration silencieuse, Kiba déniche une grande pièce dont les volets
ont tenus le coup et les protègent un peu du froid de la nuit. Pendant que Sasuke,
Kiba, Shikamaru et le chien vont surveiller les issues, Sakura aide Naruto à
poser Neji sur un tatami pas trop décomposé.
-Il n'a pas l'air bien...
-Avons-nous des invités?
Inner Sakura laisse échapper une bordée de jurons colorés, directement empruntés
à Ino, pendant que l'autre Sakura se tourne vivement en direction de la voix.
La pièce était vide et froide quelques secondes auparavant.
Maintenant, elle est pleine de lumière, de meubles somptueux, et une famille,
richement vêtue, siège à un banquet copieux, observant les amis. Il y a le patriarche,
un vieil homme sec aux yeux pétillants, très digne dans son kimono de brocart,
qui les toise d'un air bienveillant. Et sa femme, assise à sa droite, mince
et pâle, visiblement stricte mais qui les salue poliment.
Et puis il y a leur fille, agenouillée derrière eux, son kimono vert soigneusement
étalé autour d'elle, inclinée dans une attitude soumise et polie, si ce n'est
le regard curieux et amusé qu'elle leur jette par en dessous, ses lèvres peintes
plissée en petit sourire sarcastique.
Sasuke frisonne violemment, certain d'avoir déjà vu cette jeune fille, et cette
femme, et bon sang, toute cette famille lui rappelle quelque chose, mais il
n'arrive pas à mettre le doigt dessus.
Ca l'intrigue et ça l'effraie en même temps, parce qu'il a rarement eut peur
de quelqu'un et jamais sans raison.
Kiba donne un petit coup de coude à Shikamaru et s'incline, faisant signe au
brun de l'imiter.
-Nous avons rarement des visiteurs, reprend le vieil homme d'un ton affable,
alors que tout les ninjas s'inclinent devant eux. Quel bon vent vous amène jeunes
gens?
Shikamaru va pour ouvrir la bouche, mais Kiba le fait taire d'un second coup
dans les côtes et s'incline plus bas devant la famille.
-Nous ne sommes que d'humbles voyageurs perdus en ces lieux, Messire. Nous demandons
l'asile pour la nuit.
Même Shikamaru semble surpris d'entendre Kiba utiliser un langage aussi châtié,
connaissant sa tendance à jurer comme un charretier à la moindre occasion, et
ce malgré les remontrances timides d'Hinata et celles nettement plus énergique
de sa sœur aînée.
-Vous êtes les bienvenus ici jeunes gens. Hebiko, veux-tu t'occuper d'eux je
te prie?
-Oui père, répond la jeune fille, hochant la tête poliment.
Sakura fronce les sourcils en entendant le nom de la fille. Hebiko... Ce n'était
pas le nom de la mère de l'enfant? Elle en est presque sûre, ce n'est pas un
nom si commun. Mais elle semble si jeune... elle ne doit pas être beaucoup plus
vieille qu'elle... ceci dit, à l'époque, les mariages d'enfant étaient encore
fréquents. Peut être qu'ils pourraient l'interroger, en apprendre plus sur l'enfant.
Hebiko se lève, gracieusement, maintenant son kimono en place sur ses jambes.
Sa ceinture rouge et bleue jure horriblement avec son kimono couleur jade.
Il faut plusieurs secondes à l'esprit vif de Sakura pour comprendre que le rouge
n'est pas une broderie mais du sang qui s'écoule de son abdomen et son bas-ventre.
Pourtant, Hebiko ne semble pas souffrir. Elle est souriante, si ce n'est un
peu moqueusement, et déshabille presque Neji du regard, alors que Naruto le
remet sur son épaule.
-Veuillez me suivre je vous prie.
Elle glisse plus qu'elle ne marche, et Sakura sait que si elle écartait les
pans du kimono, on ne verrait pas ses jambes, juste une brume blanche. Mais
elle voit nettement une longue traînée sanglante se répandre derrière elle.
Elle les guide rapidement, vers une aile de la résidence, tout aussi somptueuse
que la salle à manger et les installe dans une grande pièce richement meublée.
-Cette pièce est à votre disposition, déclare t'elle, sans s'agenouiller ni
saluer, plus hautaine qu'avant et Sakura est surprise de voir que le devant
de son kimono maintenant tout imbibé de sang.
-Nous vous remercions Hebiko-san, commence Kiba.
-C'est hime jeune homme, rétorque t'elle d'un ton condescendant, Hebiko-hime
du clan Nazuchi.
-Hebiko-hime, reprend Sakura, nous vous remercions de votre accueil et de prendre
soin de nous. Nous serions ravis de pouvoir deviser avec vous sur votre village
si accueillant.
Elle sourit de nouveau et Sakura a envie de se lever d'un bond et partir en
hurlant, parce qu'elle connaît ce sourire et qu'il n'a jamais rien apporté de
bon, même si elle n'arrive pas à l'identifier sur le moment.
-Je serais ravie de partager avec vous mon amour pour mon pays natal, rétorque
t'elle.
Des servantes entrent, glissant toutes silencieusement sur les tatamis et aident
Hebiko à s'asseoir, arrangeant les plis de son kimono et ses longues mèches
d'ébènes. Sakura voit Shikamaru et Kiba se tendre quand l'une d'elle approche,
mais elle se contente de poser un petit brasero pour réchauffer la pièce avant
de s'écarter. Le thé est servi, une collation présentée, et les servantes s'éclipsent,
laissant les ninjas avec leur princesse.
La nourriture est appétissante, et le fumet flotte agréablement jusqu'à leurs
narines, mais aucun ninja n'ose y toucher, malgré leur faim. Sakura entretiens
la conversation, alternant des questions futiles avec d'autres plus précises.
Shikamaru ne peut que se sentir admiratif devant la maîtrise qu'a Sakura des
techniques d'interrogations. Elle cuisine la princesse avec une telle habilitée
que le fantôme se prend à leur faire des confidences amusantes sur la vie dans
la résidence, les histoires de coeurs des servantes avec les valets, la mauvaise
humeur chronique du prêtre et d'autres potins typiquement féminins. Et puis,
après un dernier rire sur une mésaventure d'un garçon d'écurie et sa femme,
Sakura profite de la transition pour poser la question qu'elle vise depuis le
début de la conversation.
-Êtes-vous mariée Hebiko-hime?
Un silence s'étend et Sakura craint d'avoir outrepassé ses droits, mais Hebiko
finit par répondre, son sourire s'adoucissant légèrement.
-Oui. Je suis mariée depuis le printemps. Vous avez peut être rencontré mon
époux, Naga-dono.
-Félicitation Hebiko-hime, continue Sakura, priant pour ne pas commettre d'impair.
Naga-dono doit être un homme comblé.
-Et je suis une femme heureuse, continue Hebiko, plus chaleureuse maintenant,
les joues légèrement rose d'évoquer l'homme qu'elle aime.
-Je souhaite que votre union porte ses fruits et que vous soyez bénis par la
naissance d'un fils.
Hebiko ne répond rien sur le moment, continuant de fixer Sakura de ses yeux
noir pétillant d'affection, si semblable à ceux de son père sur le moment.
Et puis son visage de fragile princesse se décompose soudain en grimace de colère
et elle pousse un hurlement qui fait trembler les panneaux de papier tant et
si bien que Sakura a l'impression de faire face à une hannya 1 furieuse.
Et puis les lanternes s'éteignent dans un souffle, le hurlement cesse et la
pièce redevient froide et silencieuse. Le silence règne un moment avant que
Sasuke n'allume sa lampe torche, vérifiant rapidement que tout le monde est
là et de préférence entier.
-Bon, ça c'est pas si mal passé que ça, marmonne Sakura, s'attirant des grognements
las et désapprobateur.
Sasuke et Naruto rallument les lanternes qui ornent la pièce, devenues si vieilles
que Naruto en réduit une en poussière en la touchant à peine. Pendant ce temps,
Kiba ferme tous les panneaux d'accès et Shikamaru allonge Neji au sol. Sakura
approche d'eux, inquiète de voir Neji aussi pâle et le col de son manteau rouge
de sang. Il a presque l'air mort, si ce n'est le souffle léger qui soulève son
torse.
-Comment va Neji? Demande-t-elle, sortant une couverture de survie pour recouvrir
le brun.
-Il est glacé, son cœur bat, mais erratiquement...
-Irrégulièrement, traduit aussitôt Sakura pour Naruto, dès que celui-ci se tourne
vers elle, avant même qu'il ait pu ouvrir la bouche pour demander.
-Qu'est ce qui s'est passé exactement? Demande Naruto en s'accroupissant près
d'elle, l'aidant à envelopper Neji.
-Il a été mordu par un monstre, une rokuro kubi, répond Kiba, se massant les
tempes pour chasser le mal de tête qui s'installe à demeure.
-Les servantes d'Hebiko-hime leur ressemblaient fort d'ailleurs, marmonne Shikamaru
en retirant la compresse poisseuse de sang.
Il est satisfait de voir que la blessure a cessé de saigner, mais inquiet de
l'aspect infecté, la peau noircie autour de la morsure. Quand il effleure la
blessure, toute la zone lui semble glacée, comme si on venait de presser un
glaçon sur la peau du Hyûga.
-C'est pas joli, marmonne t'il en fouillant son sac pour trouver la trousse
de premier secours.
-On dirait que c'est infecté, déclare Sakura, pressant délicatement les deux
trous net sur l'épaule de Neji, faisant perler des gouttelettes sombre.
Elle voit Sasuke porter machinalement la main à sa nuque, là où Orochimaru l'a
mordu. C'est vrai, c'est étrange comme les deux blessures se ressemblent, mis
à part le fait que celle de Neji n'a pas évoluée en sceau.
-Est-ce que les rokutrucs sont venimeuses? Demande soudain Naruto à Kiba.
-Pas la moindre idée, avoue Kiba, mais il fronce les sourcils, comme si la suggestion
lui semble juste, avant de reprendre. Vu sa réaction, y'a des chances.
Naruto s'approche alors, écartant Shikamaru et Sakura du passage. Il s'agenouille
près de Neji et passe un bras sous son torse, le soulevant sur ses genoux avant
de repousser ses cheveux d'une main, libérant la plaie. Il plisse les lèvres,
comme s'il réfléchissait ou écoutait une leçon particulièrement compliqué de
Kakashi puis penche la tête et applique sa bouche sur la plaie.
Tout le monde le regarde avec surprise et Sakura rosit, gênée par le geste qui
ressemble trop à un baiser pour la mettre à l'aise, surtout quand il se passe
entre deux hommes. Et puis Neji sursaute, faiblement certes, retenu par la poigne
d'acier de Naruto, mais c'est sa première réaction depuis qu'il a été mordu
et tout le monde retient son souffle. Naruto se redresse presque aussitôt et
crache violemment, le plus loin qu'il peut. Le crachat est noir, gluant, comme
une limace à moitié liquéfiée et Sakura a un haut le cœur qu'elle maîtrise difficilement.
Naruto se racle la gorge, fait de drôle de bruits, comme quand il s'étrangle
avec du ramen trop chaud et qu'il ne sait pas s'il doit recracher ou avaler.
-Poison? Demande Shikamaru.
Naruto hoche vigoureusement la tête, les larmes aux yeux.
-Rince toi la bouche idiot, ordonne Sasuke en lui tendant une gourde.
Naruto secoue la tête cette fois et repose sa bouche sur la blessure de Neji,
aspirant à nouveau. Un nouveau crachat rejoint le premier et Sakura est sure
de le voir bouger avant que Kiba ne l'écrase d'un coup de pied violent, prenant
soin de frotter sa semelle au sol pour la nettoyer.
Le troisième crachat est plus clair, et quand Kiba l'écrase, il laisse des traces
rosées sur le plancher poussiéreux. Enfin, le quatrième et cinquième sont rouge
et Naruto s'écarte, reposant Neji sur ses genoux. Il accepte la gourde de Sasuke
cette fois, la lui arrachant des mains sans un merci et se rince la bouche hâtivement.
Il est devenu pâle, bien trop pâle et Sakura pose sa main sur son épaule.
-Ca va?
-Nan, répond-t-il aussitôt, crachant de nouveau et frottant sa bouche.
Ses lèvres sont craquelées, comme par le froid et un peu de sang coule entre
les gerçures. Kiba, alors qu'il s'essuyait les pieds sur un lambeau de tapisserie
au sol, revient immédiatement vers eux, s'approchant de Naruto.
-T'en a avalé?
-Un peu.. Pas trop...
-Va vomir.
-Avec plaisir. Sakura, tiens-le.
Naruto soulève le blessé et le lui fourre sur les genoux, s'assurant qu'elle
le tient correctement avant de se lever et sortir par la porte fenêtre, suivit
par Kiba. Le corps de Neji est lourd sur ses cuisses, mais il n'est plus immobile.
Il frisonne violemment, toujours glacé, mais la plaie a meilleur aspect maintenant
que le venin a été aspiré. Sans un mot, Sakura tend la main vers la trousse
de secours de Shikamaru et commence à nettoyer la morsure. Ca saigne à nouveau,
mais le sang qui coule est rouge, et non pas noir comme le venin ou poison ou
quoique ce soit qu'il avait dans ses veines. Un bruit de bagarre se fait entendre
de dehors, accompagné de cri d'animaux, faisant se tendre Shikamaru et Sasuke.
Kiba et Naruto reviennent peu après, accompagnés d'un Akamaru très content de
lui, qui se pavane tête haute en remuant la queue, malgré le coup de griffe
qui lui barre le museau.
-Qu'est ce qui s'est passé? Demande Shikamaru en rappelant son ombre, envoyée
par réflexe en éclaireur.
-Un tanuki. Naruto lui a presque vomit dessus, répond Kiba, amusé malgré la
gravité de leur situation.
-J'étais pressé et je l'avais pas vu, proteste le blond en s'essuyant la bouche
d'un revers de bras.
-Pourquoi tu as fait ça? Coupe soudain Sasuke en approchant de Naruto, lui fourrant
de nouveau la gourde dans les mains.
-Essaye un peu d'avaler du venin de démon et on verra si tu vérifies le point
d'impact de ton...
-Tu n'avais pas à aspirer le poison seul, on aurait put se relayer...
Naruto lui jette un regard agacé et Sasuke se retient tout juste de reculer
en voyant les pupilles s'étirer dans les yeux violacés. Il devrait pourtant
être habitué et ça fait longtemps qu'ils n'ont pas été entièrement rouges, comme
il y a trois ans, mais il se méfie toujours du tempérament de Naruto dans ces
moments là.
-Crétin, marmonne Naruto, la voix frôlant le grondement, apparemment au prix
d'une immense volonté, le venin vous aurait foudroyé comme lui. Y'a que moi
qui soit immunisé.
-Pourquoi ça? S'enquiert ironiquement Sasuke, ses yeux reflétant le rouge de
ceux de Naruto.
Autant Sakura aime Sasuke, elle reconnaît qu'il a un défaut: Il est têtu comme
une mule. Têtu au point de ne pas s'apercevoir quand Naruto passe en mode berserk
et est à deux doigts de le fracasser contre le mur à la moindre réflexion. Ce
n'est pas qu'elle s'inquiète, elle sait que Naruto et Sasuke sont égaux en force,
au pire, il s'assommeront mutuellement ou se casseront quelque chose, au mieux,
ils s'effondreront au bout de plusieurs heures, épuisés.
Mais ce n'est pas le moment, ils doivent économiser leurs forces.
-Ca suffit vous deux!
Les deux garçons cessent leur guéguerres des regards, tournant lentement la
tête vers leur amie. Elle retient un soupir de soulagement en voyant que leurs
yeux sont redevenus noirs et bleus, mais elle ne change pas de ton.
-Naruto, tu retournes dehors, surveille les alentours et prévient nous en cas
d'attaque ou même de mouvement suspect. Sasuke, va explorer les pièces adjacentes.
Pas d'imprudence, tu observes juste.
-Mais, Sakura-chaaaan, couine Naruto.
-Exécution!
Et, jour à marquer d'une pierre blanche, ils obéissent.
Non sans se lancer des regards noirs et ronchonner, mais ils obéissent et s'éloignent
l'un de l'autre, chacun vers leur tâche.
Quand les deux frères ennemis ont quittés la pièce, Shikamaru et Kiba laissent
échapper des rires nerveux devant l'autorité de la jeune fille.
-Tu les as dressés ou quoi? S'étonne Kiba.
-J'aimerais qu'ils obéissent aussi facilement d'habitude, soupire Sakura.
-Essaye le coup de journal roulé sur les fesses, ça as tendance à calmer les
chiens fous.
Shikamaru ricane et Sakura ne peut s'empêcher de sourire tout en achevant le
pansement sur la nuque de Neji.
-Bon, je vous laisse, déclare Kiba en se levant, Akamaru sur les talons, une
fois certain que Neji n'a besoin de rien d'autre que de repos.
-Ou est ce que tu vas? S'inquiète aussitôt Shikamaru.
-Tenir compagnie à Naruto, on ne sera pas trop de deux.
Quand il ferme la porte derrière lui, il voit Sakura et Shikamaru commencer
à discuter à voix basse du fiasco de la journée et des modifications de plan.
C'est incroyable ce que ces deux là peuvent être intelligents, même Shino ne
leur va pas à la cheville quand ils décident de s'y mettre. D'ici une petite
heure, ils auront probablement mis au point trois plans et diverses solutions
de secours au cas où, et, autant Kiba aime être le chef de meute, il doit admettre
que sans Shikamaru et Sakura, ils auraient du mal à mener à bien la plupart
de leurs missions.
Il trouve Naruto assis au bord de la véranda, les jambes pendant dans le vide
et le regard fouillant l'obscurité. Si ses yeux sont redevenus bleus, ils ont
gardé l'étrange tendance qu'ils ont de briller dans la nuit, comme ceux d'un
animal. Kiba a été élevé dans une famille aux forts attributs animaux, aussi
ne s'est il jamais vraiment étonné d'entendre Naruto grogner ou mordre, griffer,
courir à quatre pattes. Mais récemment, depuis le début de la mission, il se
prend à observer son camarade de plus près. Ses attitudes, ses réflexes, son
chakra, son odeur même sont loin d'être humains.
Et Kiba a désormais compris pourquoi.
-Qu'est ce que tu veux Kiba? Grogne Naruto.
Kiba est certain qu'il n'a fait aucun bruit, et qu'il émet aussi peu de chakra
qu'il est possible. Si Naruto l'a repéré, ce n'est pas par les moyens des humains
normaux. Encore une preuve de ce que Kiba a deviné sur la vraie nature de Naruto.
-Je peux m'asseoir?
Naruto tourne légèrement la tête vers lui, une expression surprise sur le visage,
mais hoche la tête et Kiba prend place à ses côtés. L'Inuzuka vérifie d'un regard
que les portes sont bien fermées, non pas que ça arrêterais un espion bien entraîné,
et prend une profonde inspiration. Ca fait quelques jours qu'il se promet de
parler à Naruto, mais c'est la première fois qu'ils sont seuls et il n'a pas
vraiment réfléchi à la manière de lui annoncer ce qu'il sait sur lui.
-Ca va mieux?
C'est idiot comme question, mais au moins, c'est un début.
-Ca pique encore, répond Naruto, passant un petit bout de langue sur ses lèvres
parsemées de plaies rosées.
C'est déjà guéri?! Nom d'un chien, ce venin a attaqué la semelle de ses chaussures
et Naruto a déjà cicatrisé?
-Toute cette histoire a un mauvais karma, marmonne Naruto.
-T'as pas idée... D'un côté, on a déjà eut deux couilles. Selon la loi des séries,
la troisième va nous tomber dessus avant la fin de la journée.
-Ho, pitié non...
-Heu... Naruto... Ecoute tu vas pas apprécier ce que je vais te dire...
-Pour la dernière fois Kiba: Hinata est juste une amie. Je te la laisse.
Kiba bafouille, rougit, prit de court par la réplique de Naruto.
-Non! Je veux dire...C'est pas de ça que je voulais te parler! Hinata a rien
à voir là dedans!
Ca semble capter l'attention de Naruto qui se tourne enfin vers lui, le fixant
avec curiosité. Kiba se gratte le crâne, embarrassé.
-Ecoute... Bon, je vais être franc: Je sais ce que tu es...
Il voit les yeux de Naruto s'écarquiller et sa peau pâlir en un clin d'œil.
Le brun réprime une grimace penaude devant la réaction de peur. Du tact Kiba,
du tact et de la délicatesse.
-Tu n'es pas le seul tu sais...
Naruto n'a plus l'air de l'écouter. Il se prend le front dans les mains, murmurant
des jurons à voix basses et cherchant déjà les issues du regard. Kiba l'attrape
par le col pour le retenir au cas où il s'enfuirait.
-Naruto! Attend, je veux dire... Moi aussi...
-Je vais faire une ronde! S'exclame Naruto en se redressant, entraînant à demi
Kiba dans son élan.
-Moi aussi j'ai du sang de démon! Achève Kiba en le forçant à se rasseoir.
A ces mots, Naruto reste muet de stupeur quelques secondes, essayant désespérément
de comprendre la conversation qui se déroule entre eux. Comment ça du sang de
démon? Et...Et si Kiba sait la vérité, pourquoi il ne s'est pas déjà enfui en
hurlant vu comment il a peur des monstres?
-Gneu?
-Un de mes ancêtres était hannyo... Explique Kiba avec un petit sourire embarrassé.
Ca veut dire demi démon. Il a épousé une miko et ils ont fondé mon clan. C'était
y'a des siècles, mais le sang du démon était tellement fort qu'on a gardé ses
caractéristiques... Crocs, griffes, sens super développés, yeux fendus, caractère
de merde... Enfin...Bref voilà quoi... Je sais ce que c'est d'avoir du sang
de démon moi aussi.
Kiba est un demi démon... Ou plutôt un centième... Ou un truc du genre. Ca explique
pas mal de chose, mais pourquoi il pense que Naruto est comme lui? C'est pas
comme s'ils avaient des points com...
DOH!
Griffes, crocs, yeux fendus, marquage facial. Si c'est ce qui définit un han...
Agne... demi démon, alors il peut passer facilement pour l'un d'eux.
-T'es quoi? Je veux dire, comme origine? Précise Kiba comme Naruto lui jette
un regard bovin. Tu sent un peu comme nous mais pas tout à fait pareil...
-Heu... Renard... Yohko... répond Naruto, trop perturbé par la révélation pour
penser à mentir.
-T'as du yohko en toi? S'exclame Kiba, baissant la voix en remarquant la grimace
anxieuse de Naruto. Pas étonnant que les vieux ne t'aiment pas... Merde, c'est
déjà dur d'être hannyo, mais alors un renard à Konoha... T'as pas de bol...
-Je trouve aussi, rétorque Naruto, la gorge encore serrée.
-Je dirais rien tu sais... Confie Kiba à voix basse. J'ai rien dit jusque là
mais je m'en doutais...
-Merci, marmonne Naruto.
C'est étrangement réconfortant de savoir que quelqu'un sait, même si Kiba est
un peu à côté de la plaque et que, franchement, son avis n'est pas très objectif.
Mais quelqu'un sait. Et ce quelqu'un ne s'enfuit pas en hurlant ou ne le traite
pas comme un moins que rien, et même si lui et Kiba n'ont jamais été vraiment
proche, même après leur duel quand ils avaient douze ans, Naruto sent confusément
que quelque chose vient de changer entre eux. L'amitié est encore un sentiment
tellement inhabituel pour lui qu'il se sent bizarre quand il a un nouvel ami.
Et puis la voix de Sakura vient briser le moment.
-NARUTO VIENS VITE!
-Couille numéro trois en vue, grommelle Naruto sans prendre la peine de se relever,
courant à quatre pattes à l'intérieur du pavillon.
Les deux garçons déboulent dans la pièce avec leur délicatesse habituelle, cherchant
du regard où se situe le problème.
Neji viens de se réveiller.
Ce qui serait un soulagement s'il n'étais pas en train de se débattre dans les
bras de Shikamaru et Sakura.
-Qu'est ce qui se passe?
-Je ne sais pas, il s'est réveillé et il a commencé à paniquer... Neji, calme-toi...
Naruto, dis quelque chose.
-Laisse-moi faire, ordonne Naruto en repoussant ses camarades pour saisir Neji
par les épaules.
Sakura pousse un soupir accablé quand il commence à secouer vigoureusement le
blessé avec sa douceur coutumière.
-NEJI NOM D'UN CHIEN CALME TOI OU JE T'EN MET UNE!!!
-Naruto, c'est pas comme ça qu'on calme quelqu'un de blessé et perturbé, objecte
Sakura d'un ton las, avant de s'apercevoir que la méthode du blond semble avoir
fonctionné.
Neji a cessé de se débattre et de paniquer. Il est essoufflé, le bref effort
qui l'a fourni semble avoir épuisé ses forces, et puis, il est encore pâle,
mais au moins, il est conscient et à peu près cohérent, même si sa voix est
faible et un peu rauque.
-Na..Naruto?
-Je suis là, qu'est ce qui se passe?
Neji essaye de répondre, mais il est encore perturbé et ne semble pas trouver
ses mots, ce que Sakura n'a jamais vu avant.
-Tu as mal?
-Non je.. J'ai...
Il tâtonne aussi, et l'attention de Sakura se focalise aussitôt sur les grandes
mains de Neji, qui cherchent à saisir Naruto. Quelque chose ne va pas. Hyûga
Neji ne tâtonne jamais. Hyûga Neji peut (et à déjà) désamorcé une bombe tête
en bas en moins de deux minutes. Hyûga Neji a les gestes les plus sûrs de tout
Konoha.
-Tu as un problème avec tes yeux, conclut-t-elle à voix haute.
Naruto jette un regard surpris à Sakura, puis à Neji quand il sent les doigts
froids du jeune homme sur son visage. Le brun tâtonne comme un aveugle découvrant
le visage de quelqu'un.
-Je ne vois rien, répond Neji.
-Comment...
-Tu as été mordu par un monstre Neji-sempaï, coupe Sakura, faisant signe à Naruto
de se taire. La morsure était empoisonnée. Ta cécité est peut être liée à cette
blessure.
A défaut de le rassurer, l'explication a au moins l'avantage de calmer Neji
et il lâche Naruto avec un petit hochement de tête.
-Je voudrais t'ausculter au cas ou ce serait provoqué par un choc à la tête...
Heu.. Enfin, si j'arrive à trouver comment diagnostiquer ça sans la dilatation
des pupilles. Naruto, écarte-toi. Est-ce que tu peux utiliser le byakugan sur
toi-même Neji?
-Oui... Enfin, non... Pas maintenant...
-Un problème?
-La chose... qui m'a attaqué... Elle a aspiré une grande partie ... mon chakra...
Je n'en ai plus beaucoup...
Sakura a presque envie de dire que ça se sent. Elle n'a pas la capacité de voir
le chakra comme les Hyûga et les Uchiha, mais elle peut sentir la vague présence
de l'énergie, comme tout ninja bien entraîné et elle ne sent presque pas celle
de Neji. Son niveau de chakra est même devenu inférieur à la force vitale d'un
non-ninja. Et le peu d'énergie corporelle qu'il lui reste va s'épuiser à tenter
de pallier le manque.
-Naruto, fait nous ton truc du radiateur humain et réchauffe Neji. Kiba, tu
as des pilules de soldat?
-Deux.
-Donnes-lui en une. Qu'est ce qu'il nous reste en provision?
-Rations de survie, répond Shikamaru après un bref examen des sacs.
-Barres vitaminées?
-Quelques unes.
-Bien, Neji-sempaï? Est-ce que tu penses que tu pourras avaler quelque chose?
-Oui.
Traduire: Peut être pas, mais je le ferais quand même et je lutterais de toute
mes forces contre l'envie de vomir qui viendras sûrement après.
Travailler avec Naruto et Sasuke est une expérience très instructive dans l'art
de gérer les accès de fierté mal placée typiquement masculine. Neji n'est peut
être pas aussi atteint qu'eux, mais il est en bonne place juste derrière eux
et à égalité avec Kiba et Lee, aussi Sakura pose une de leur gamelles devant
Neji avant de lui donner la pilule et une gourde.
-Au cas où tu devrais vomir, utilise la bassine. Naruto, réchauffe le.
-Tout de suite! S'exclame Naruto en enveloppant Neji dans sa couverture de survie.
Il s'assied contre lui, épaule contre épaule, et ferme à demi les yeux, dans
cette drôle d'attitude qui le fait ressembler à un chat. Et puis son chakra
augmente progressivement et la chaleur de la pièce avec lui. Depuis quatre ans
que Naruto s'entraîne à maîtriser son chakra monstrueux, il a mis au point quelques
petits trucs. En particulier ce qu'il appelle le 'radiateur humain', qui consiste,
basiquement, à augmenter ou diminuer sa température corporelle. Ce qui fait
qu'il est souvent à se promener en short et filet en plein hiver.
Bon, son contrôle n'est pas encore parfait, mais au moins, tout le monde dans
la pièce en profite.
oOo
A quelques dizaines de mètres de là, Sasuke pousse un profond soupir, désactivant
le sharingan. Il ne peut rien percevoir avec le chakra que dégage Naruto, ça
lui fait l'effet d'un phare en pleine nuit droit dans les rétines. Bon, puisque
Sakura ne l'a pas fait stopper dans les cinq secondes, c'est que ça doit être
important ou utile. De toute façon, il n'y a rien ici. Le bâtiment où Hebiko
les as mené devait servir de logement pour les serviteurs, au vue de la simplicité
de l'ameublement, même du temps où le manoir était intact. Dans la pièce que
Sasuke explore actuellement, il n'y a rien d'autre qu'une vieille table basse,
une lampe de papier déchirée et un trou dans le mur du fond, qui laisse passer
un rayon de lune. C'est tout. Sasuke approche d'un placard, poussant prudemment
une des portes vermoulues pour jeter un œil dedans.
La seconde suivante, il a la main sur une porte lisse et solide, parfaitement
ajusté à ses gonds. Sasuke se force à ne pas réagir violemment, laissant juste
glisser le kunaï dans sa manche jusqu'à sa paume. Il fait plus chaud, probablement
à cause du brasero qu'il entend grésiller, et le trou dans le mur n'existe plus,
remplacé par une estampe de bon goût représentant des poissons. Sasuke se tourne
lentement, enregistrant le bruit feutré de ses pas sur le tatami neuf, et non
plus les craquements sinistres sous son poids.
En un regard, Sasuke a déjà analysé la pièce, ses issues, les hypothétiques
menaces.
Et il pense reconnaître l'homme assis devant la table, qui compulse des rouleaux
de médecine tout en griffonnant dans un petit carnet. Il n'y a pas d'autres
bruits que le brasero qui se consume et le pinceau sur les pages. Sasuke peut
sentir l'odeur du charbon et de la tasse de thé qui fume près du fantôme, et
il a beau savoir que ce n'est qu'une illusion, elle est presque aussi parfaite
que celles d'Itachi et il doit se mordre la langue pour ne pas s'y laisser prendre.
L'illusion vacille, quelques secondes et le fantôme relève la tête, étonné.
C'est bien le fantôme qu'il a croisé en premier avec Sakura et Naruto. Il reconnaît
ses cheveux strictement coupés, son kimono simple aux coloris bruns et la canne
qui gît près de lui, attendant que son propriétaire la reprenne.
L'homme ne dit rien. Il se contente de regarder Sasuke, l'air triste, mais résigné.
-Qui êtes vous? Commence Sasuke.
L'esprit lève une main pour désigner quelque chose au fond de la pièce et Sasuke
sens sa vision se troubler, ses yeux lui piquer, et il a presque envie d'activer
le sharingan, parce qu'il ne sait plus s'il est dans le bureau chaleureux ou
dans la ruine ouverte aux vents.
Il y a quelque chose au fond de la pièce, comme un tas de déchets grouillant
de rats paresseux.
-Tout est dans la boîte, dit soudain l'homme.
Sasuke se tourne vers lui, un peu nerveux de ne pas l'entendre bouger ou respirer.
Le quadragénaire tiens une boite dans ses mains, une boite noire et plate, soigneusement
laquée, à peu près grande comme l'avant bras.
-Dans la boîte répète l'homme.
Il disparaît, et la chaleur avec lui. A la lueur de la lune, Sasuke jette un
regard méfiant au tas mouvant, puis à l'emplacement de l'homme avant de se décider.
Il approche prudemment du fond de la pièce, suivant les murs de papier et profite
qu'il passe près d'une fenêtre pour l'ouvrir, inondant le coin de la lumière
de la lune.
Il n'a pas peur de grand-chose, avec tout ce qu'Itachi lui a fait subir, mais
il a gardé une légère phobie de son premier combat contre Orochimaru.
Et sa phobie est matérialisée devant ses yeux en la présence d'un tas de serpents.
Sa première réaction est de reculer, se préparant déjà à lancer un katon, quand
son regard est attiré par un éclat blafard.
Il y a un cadavre dans le nœud de serpents. Un squelette blanc encore vêtu de
lambeaux de tissu bruns.
Et il tiens une boite noire.
Pendant quelques secondes, Sasuke maudit intérieurement les fantômes et leur
sens du dramatique, puis il commence à chercher un moyen de récupérer cette
fameuse boite sans avoir à toucher les serpents.
Katon est exclu.
Définitivement.
Le chidori pareil.
Ne reste qu'à y aller à la main.
Sasuke inspire profondément et active le sharingan, afin de prévoir les déplacements
des serpents. Le chakra de Naruto le gène toujours, mais c'est mieux que d'y
aller à l'aveuglette. Il s'approche lentement, à pas compté, surveillant les
serpents ramassés sur le cadavre. A ce rythme, il lui faut deux bonnes minutes
pour s'agenouiller devant le tas de reptiles. Les serpents n'ont pas bougés.
Ils continuent à se lover autour du cadavre, endormis ou peut être simplement
engourdis par le froid. Gardant une jambe pliée sous lui pour bondir au cas
ou, Sasuke tend les mains vers la boite. Un serpent à la tête posée tout contre,
la manœuvre va être ardue. Encore plus lentement qu'avant, Sasuke approche petit
à petit ses doigts du bois laqué, jusqu'à le toucher du bout des phalanges.
Bientôt, il peut refermer la main sur la boite, et assure soigneusement sa prise.
Et là, le serpent se réveille, levant la tête si brusquement que même avec le
sharingan, Sasuke sursaute, réveillant le reste du nid. La pièce se remplit
d'un concert de sifflements alors que les têtes des animaux se dressent, déployant
crochets à venin, capuchons et sonnettes. Le ninja se tend, prêt à bondir, mais
les serpents ne l'attaquent pas. En fait, le moment de surprise passé, ils commencent
à s'éparpiller, cherchant un coin plus tranquille pour faire la sieste. Il y
a plus d'animaux qu'il ne le semblait et Sasuke a envie de bondir sur ses pieds
et les piétiner quand ils passent contre lui. Le premier serpent n'a pas bougé,
toujours enroulé autour du cadavre, si proche que Sasuke sent sa langue effleurer
son poignet. Il ne fait même pas mine de l'attaquer ou de se défendre. Il se
contente de tirer sa langue fourchue, frôlant les doigts de Sasuke, puis rampe
vers lui, frottant le côté de sa tête écailleuse contre sa main avant de dénouer
ses anneaux du corps momifié. Plus le serpent se déroule, plus Sasuke revoit
ses évaluations de tailles à la hausse. L'animal est une vipère, il reconnaît
la forme de la tête, mais doit bien mesurer quatre à cinq fois la taille de
ses congénères. Sasuke doit faire appel à tout son self-contrôle pour ne pas
trembler quand le serpent se hisse sur ses genoux, puis enroule son corps autour
de son bras pour se hisser sur son épaule. Profitant de l'ascension du reptile,
Sasuke a baissé une de ses mains vers son étui à kunaï, et en tire subrepticement
un. Il se fige soudain quand il sent l'animal glisser sa tête dans son col.
Un moment passe, ou l'homme et le reptile sont figés, puis un autre, comme une
deuxième éternité et le serpent recule. Il se dénoue rapidement, laissant retomber
son corps flasque sur les planches vermoulues et s'éloigne en rampant, disparaissant
par un trou du sol. Quand le dernier sifflement de serpent s'est éteint, Sasuke
ose enfin s'asseoir et respirer, haletant d'avoir retenu son souffle.
oOo
-Sakura, quand une nana a le cou qui prend trois mètres devant tes yeux, t'as
tendance à le REMARQUER, tu sais!
Sasuke hausse un sourcil à la réplique de Kiba. C'est étrange comme toute la
bande semble accepter relativement bien les incongruités de leur mission alors
que la plupart des ninjas ne croient même pas aux fantômes. D'un autre côté,
l'équipe 7 a déjà été confrontés a des monstres, Kiba semble posséder des connaissances
très précises à ce sujet et rien ne peut perturber Shikamaru. Quant à Neji...
Reste à attendre son réveil pour savoir. Le brun entrouvrit la porte, jetant
un œil sur l'assemblée de ses amis, assis en cercle et discutant des derniers
évènements, Neji endormi contre les cuisses de Naruto, emmitouflé dans une couverture
de survie et la lueur mauve du chakra du blond.
-Alors explique moi pourquoi Neji n'a pas vu la rokuro kubi l'attaquer? Rétorque
Sakura en agitant sa ration solide sous le nez du brun.
Silence de la part de Kiba, qui se gratte le crâne en échangeant un regard avec
son chien.
-Heu... Je sais pas.
-Il avait le byakugan enclenché, intervient Shikamaru, ça as peut être joué...
-Je croyais que le byakugan servait à tout voir, rétorque Naruto.
-Et Neji ne voyait qu'un corbeau à la place du tengu, précise Shikamaru.
-Peut être que...qu'il ne voit pas les fantômes? Suggère Naruto. Je veux dire,
le vieux a dit qu'ils existaient pas, c'est juste comme des illusions et Neji
voit à travers des illusions...
-Le pire, grommelle Kiba après un petit moment de réflexion, c'est que Naruto
vient de dire un truc intelligent.
-Je t'emmerde clébart.
-Les dames d'abord.
-Suffit vous deux, ordonne Sakura. Mais même si Neji ne voit pas les illusions,
il a été mordu par quelque chose de tangible! Il aurait dut le voir par définition...
-Tu penses trop comme une humaine Sakura, coupe Kiba d'un ton las. Je te l'ai
dit: On est dans un monde de démons, ce sont leurs lois qui marchent ici. Les
illusions sont réelles ici. C'est pas seulement visible, comme un henge. On
a droit aux cinq sens, la vue, l'odorat, l'ouie, le toucher, le goût. Des années
peuvent s'écouler en quelques minutes, nous pouvons parcourir des kilomètres
et nous retrouver à notre point de départ...
-Ca se vaut, intervient Sasuke en refermant la porte derrière lui, avec le sharingan,
je vois Kurogane en corbeau.
Sakura se redresse aussitôt en entendant la voix de son camarade et échange
un regard soulagé avec Naruto.
-Sasuke!
-Déjà de retour? S'étonne Naruto.
-J'ai trouvé quelque chose, explique Sasuke en tendant la boite noire.
-Sasuke, je voudrais pas t'affoler, mais tu sais que tu as un serpent qui sort
de ta manche? Déclare très calmement Kiba.
Le brun se fige aussitôt, la main tendue en avant, apercevant enfin le mince
serpent annelé de noir, rouge et blanc qui s'extrait de son emmanchure, si petit
qu'il ne l'a pas senti s'immiscer dans sa veste. Il entend le grondement de
Naruto et le serpent, alerté par la vibration, se tourne vivement vers le blond,
découvrant ses crocs à venin.
Il est aussitôt cloué au mur par le kunaï de Sakura, et s'immobilise après quelques
soubresauts et sifflements rageurs. Sasuke laisse échapper un petit soupir de
soulagement puis essaye d'échapper à Naruto qui est aussitôt sur ses endosses,
cherchant la moindre trace de morsure, tâtonnant sans embarras sous son tee-shirt.
-Ca va.
-Excuse-moi de m'inquiéter pour ta tête de cochon.
-Sasuke, laisse-toi faire, Naruto, vérifie sa poche d'arme.
Sakura s'est levée aussi et tapote prudemment le torse de Sasuke, à la recherche
d'un autre serpent. A voir les deux équipiers tripoter ainsi le troisième, Kiba
et Shikamaru échangent un regard goguenard.
-On leur dira un jour à quoi ça ressemble?
-Pas maintenant en tout cas, rétorque Shikamaru. Qu'est ce que tu as trouvé
Sasuke?
-Je ne sais pas exactement. Mais selon l'esprit qui m'a montré ou c'était, tout
est dedans.
-Tout quoi?
-Bonne question. Hey! C'est bon, je n'ai rien dans le pantalon! Proteste Sasuke
alors que ses camarades palpent ses hanches.
-Ho, ça, je savais déjà, rétorque aussitôt Naruto.
-NARUTO!
-Commencez pas vous deux, soupire Sakura en prenant la boîte des mains de Sasuke.
Pendant que les deux garçons échangent leurs habituelles injures et railleries,
Sakura se rassied et examine longuement la boite, à la recherche du moindre
piège dans le système d'ouverture. Au final, ce n'est qu'une boite. Une boîte
laquée, certes, mais de qualité médiocre, sans ornementation, rayée par l'usage
et le temps. Un petit coup de kunaï fait sauter les charnières et dévoile le
contenu.
Des papiers.
Des dizaines de papiers jaunis, soigneusement empilés les uns sur les autres,
couverts d'une écriture en patte de mouches quasiment illisible.
-La personne qui a écrit ça a une écriture de cochon, déclare Shikamaru en feuilletant
rapidement une poignée de feuillets.
-Sans rire, on dirait celle de Naruto, intervient Sakura, plissant les yeux
devant un kanji tarabiscoté moitié grand comme son ongle d'auriculaire.
-Nan, pire, rétorque le blond, j'arrive même pas à le relire.
-C'est pas tellement une écriture de cochon, objecte Sakura, mais si ça date
d'avant la destruction de Yamata, c'est encore l'écriture non réformée.
-Quelqu'un sait lire les kanjis de l'époque? S'enquiert Sasuke en reposant son
tas de feuille.
Avec un soupir las d'avance, Shikamaru lève la main, imité par Sakura.
-Ca va prendre des heures, grommelle t'il en rassemblant les feuilles.
Un hurlement strident retentit dans la maison vide, faisant sursauter la petite
bande. Shikamaru referme la boîte d'un geste sec et la range dans son sac.
-Pour le moment, on reste sur nos gardes. Naruto, Sakura, vous prenez soin de
Neji et un peu de repos, Kiba, Akamaru, vous surveillez l'accès extérieur, Sasuke
et moi, on s'occupe de l'accès par le couloir. Dans trois heures, on tourne,
exécution.
[Chapitre 2] [Chapitre 4]
1 Hannya est un fantôme japonais féminin, une espèce de vampire défiguré.