Yamata no orochi


Série : Naruto
Autrice : Kineko
Genre : Sérieux, point de vues, personnages originaux, interprétation du mythe japonais d'Orochi et Susano-O. Contiendra : Des serpents, des tanukis, des nekomatas, des tengus, du beeeeeeeeeeerk >_<, gore, traumatisme de Kiba et Neji et fantômes.
Couple : OC… Peut être un peu de Neji+Tenten mais faut le vouloir… Par contre, Naru+Saku+Sasu. Si si.
Disclaimer: Naruto et tous les personnages tirés du manga ne m'appartiennent pas. Ils sont à Masashi Kishimoto. Hebiko, Naga, le docteur Fuun, le vieux Kurogane, en gros, tous les autres personnages sont de moi.

-Je crois que c'est le dernier rapport, déclare Sakura en tendant sa traduction à Shikamaru.
-Merci Sakura.
-Pas folichon hein ?
-Pire que ce que je pensais… Et galère, soupire Shikamaru en s'éventant distraitement du paquet de feuilles.
Sakura hoche la tête et rassemble les papiers et la traduction que Shikamaru et elle ont faite. Neji est toujours allongé et 'repose juste ses yeux', fin de citation. Depuis la dernière vérification de Sakura, sa température a augmenté, mais il ne peut toujours pas utiliser le byakugan. Sakura l'a forcé à manger leur dernière ration sèche et elle est à peu près sûre qu'il n'a pas tout rendu. Malgré tout, il reste faible et peux à peine se lever, quoiqu'il en dise.
-On devrait évacuer Neji, déclare Sakura en ramassant rapidement les rares affaires éparpillées dans le campement.
-Dès que les trois autres sont revenus, répond Shikamaru d'un air distrait, les yeux fermés, mains jointes dans son espèce de méditation de réflexion.
-Je vais bien! Proteste Neji d'une voix rauque.
-Viens me le dire en face alors, rétorque la jeune fille sans même se tourner.
Alors que Sakura referme le sac de Sasuke, elle entend une petite explosion suivit de quelques jurons lui signalant que Naruto a encore déclenché le piège alarme qu'elle place toujours autour de leurs campements.
-Un jour, déclare t'elle quand son chakra se fait sentir dans la pièce, tu arriveras à entrer sans déclencher la note explosive.
-J'ai presque réussi à le désactiver cette fois! Réplique Naruto en suçant ses doigts brûlés.
Sasuke roule des yeux et replace le piège derrière Naruto et Kiba avant de venir s'agenouiller près des chefs d'équipes.
-Qu'est ce que vous avez trouvé?
-Pas mal de chose pas très joyeuse, commence Sakura.
-On a peut être des théories mais ça n'est vraiment pas rassurant, ajoute Shikamaru.
-Et nous on a une nouvelle, déclare Kiba en recommençant à égrener son chapelet.
-Bonne ou mauvaise? Demande Sakura avant de se corriger. Attendez non... Mauvaise ou très mauvaise?
-Très mauvaise, répond Sasuke. Dans le genre cataclysmique.
-Ok, cataclysme version Gaara, Itachi ou Orochimaru?
-Genre Kyûbi no Yohko, coupe Naruto, assit près de Neji, bras croisés.
Et il est si sérieux que Sakura n'ose pas demander ce qu'il sait de l'attaque de Kyûbi no Yohko.
-Selon un monstre que nous avons interrogé, reprend Sasuke en s'asseyant près d'elle, Yamata No Orochi avait été scellé dans le temple par Susano-O mais il a disparut il y a un peu plus de cinquante ans.
Au grand étonnement des trois aventuriers, Sakura et Shikamaru ne se mettent pas à hurler ou paniquer, mais soupirent lourdement tout en échangeant un regard las. Sakura fouille dans les papiers et sort une liasse soigneusement classée.
-Ceci est toute la documentation pertinente que nous avons rassemblée.
-Qu'est ce que ça dit? Demande Sasuke.
-Ce sont des rapports médicaux. Le médecin du coin, le docteur Fuun, officiait ici, chez les Nazuchi. Il tenait son journal et a noté tout ce qui s'est passé. Il y a plus de cinquante ans, des évènements étranges ont eut lieu. D'abord, un afflux massif de serpents. Le docteur a répertorié presque vingt six espèces de serpents différents, du plus petit au plus gros, qui sont arrivés dans la région en l'espace d'un an.
-Des serpents ou des bakemo-choses?
-C'est la question Naruto. Au même moment, une épidémie se déclare. Les patients souffrent de faiblesse, de frissons, jusqu'au moment ou ils tombent dans le coma et meurent en quelques heures, comme si leur sang gelait dans leurs veines. Le docteur pensait à l'origine que c'était dut aux serpents, à cause des morsures trouvées sur la nuque des malades.
-Sur la nuque, répète Neji, portant la main à sa blessure.
-L'épidémie commence très lentement, alors, il n'en parle pas tellement avant plusieurs mois, et puis au même moment, Hebiko-hime tombe enceinte et il se consacre uniquement à ses soins.
-Et il ne s'occupe pas des autres malades? Tu parles d'un médecin.
-A l'époque, seuls les riches comptaient Naruto, les paysans et artisans étaient considérés comme... du bétail...
Naruto grommelle dans sa barbe mais n'interromps plus Sakura, faisant juste mine de bouder ostensiblement.
-La grossesse ne se passe pas très bien... en fait, Hebiko-hime manque de perdre le bébé à plusieurs reprises. Elle s'affaiblit énormément au fil des mois et au troisième, il y a un début de fausse couche.
-Comment ça un 'début'? Elle a avorté ou pas?
-L'avortement s'est... avorté... alors qu'elle allait perdre le bébé, tout s'est arrêté et est redevenu normal. Hebiko-hime a reprit des forces et tout semblait aller pour le mieux.
-Je sens venir un 'mais' gros comme Gamabunta, marmonne Naruto en agitant les mains.
-Elle avait encore des nausées et vomissements, et ce jusqu'à la fin. Le docteur Fuun a analysé les... heu.. Rejets, pour voir ce qui n'allait pas. Il a trouvé... beaucoup de choses.
-Sakura, soit précise, qu'est ce qu'il a trouvé? Demande Sasuke.
-Des fragments d'os... Des morceaux de doigts, des yeux, des organes. Mais aussi des peaux de serpents.
Kiba pali visiblement et cesse d'égrener son chapelet.
-J'ai peur de demander... Marmonne-t-il.
-Parallèlement, l'épidémie fait des ravages. Les morts sont jetés dans des charniers et non pas brûlés pour cause d'hiver très humide. Un soir, le docteur surprend Hebiko-hime sortir avec ses suivantes. Il les suit jusqu'à un charnier et...
-Pas besoin de nous faire un dessin, coupe Neji, elles s'adonnaient à l'anthropophagie?
-Le quoi?
-Cannibalisme, traduit Neji avec un soupir.
-Exactement. Mais Fuun n'ose rien dire, parce que, après tout, Hebiko-hime est la fille de son seigneur. Vers la fin de la grossesse, les trois-quarts de la ville sont touchés par l'épidémie et la moitié a déjà succombé. Les parents d'Hebiko-hime meurent à leur tour et Naga-dono hérite du domaine. Il envisage néanmoins de quitter Yamata le temps que l'épidémie se calme. Avant qu'il ait le temps de mener ce projet à bien, Hebiko-hime accouche. Et meurt.
-En mettant au monde le bébé?
Sakura soupire, se mordille la lèvre nerveusement et secoue la tête, sortant un feuillet du tas qu'elle tient.
-Regardez.
Sasuke saisit la feuille et se penche dessus, imité par Naruto et Kiba qui prennent chacun appuie sur une épaule.
-Qu'est ce que c'est?
-Un dessin du docteur. Il l'a fait après l'accouchement d'Hebiko-hime.
-C'est une pieuvre..? Commence Naruto, penchant la tête sur le côté.
-Nan, nan regarde, y'a des têtes, c'est des serpents, corrige Kiba, désignant quelques parties du dessin.
-Mais attend, c'est pas un serpent ça, on dirait un visage.
-C'en est un, déclare de nouveau Sasuke. C'est le bébé...
-Je vois ses bras! T'as raison... pour une fois... Mais pourquoi il a dessiné le bébé au milieu d'un nid de serpent.
-C'est ce qui est sortit du ventre d'Hebiko-hime, déclare Sakura, ramenant une mèche en arrière.
Les trois garçons la regardent, Neji se contentant d'hausser un sourcil, incapable de discerner quoique ce soit sur le papier.
-Elle a accouché de serpents?
-Elle n'a pas accouché, corrige Sakura, son ventre a explosé.
Cette fois, les garçons sont pâle d'horreur et Inner Sakura ne peut s'empêcher de remarquer sarcastiquement qu'il faut leur parler de sang et de violence pour attirer leur attention.
-en bref, à peine l'enfant né que...
-Sakura, l'interrompt doucement Shikamaru, à demi tourné vers la porte, derrière toi.
Sakura obéit aussitôt, portant la main à sa poche d'arme.
Elle se fige au spectacle qui l'attend.
Hebiko-hime se tiens derrière elle, le kimono largement ouvert, dévoilant son abdomen déchiqueté et ensanglanté, où quelque chose bouge encore et Sakura ne veut pas savoir s'il s'agit de son intestin ou d'un serpent resté là. Et pourtant la jeune femme sourit, presque innocemment, malgré le sang et la chair déchirée.
-Vous savez où est mon bébé?
Sakura essaye de répondre, mais sa voix se brise dans sa gorge et elle doit se contenter de secouer la tête.
-C'est embêtant... Je me suis réveillée et j'avais perdu le bébé. Je me demande où il peut être.
-Nous allons le chercher Hebiko-hime, déclare calmement Kiba.
La princesse sourit, rassurée et incline légèrement la tête en remerciement.
-Merci à vous, vous êtes bien aimable.
-Je vous en prie, croasse Sakura, à deux doigts de la crise d'hystérie.
-Je vais chercher mon époux, peut être qu'il sait ou est le bébé. Je me demande si c'est un garçon ou une fille.
Et la princesse s'éloigne, passant aux travers des murs de papier, sans le moindre dommage au fragile matériau.
-Les fantômes me filent les chtouilles, signale Naruto en se frottant les bras.
-Bienvenue au club, marmonne Kiba.
-Et après? Demande Sasuke, visiblement pas plus traumatisé que ça par la vision.
Sakura sursaute et retourne à ses papiers, vérifiant les dernières informations avant de les lire à voix haute.
-Et bien, le journal du docteur s'achève à la page suivante. Naga-dono a vu le nid et les serpents et a arraché le bébé avant de s'enfuir avec. La dernière chose qu'écrit le docteur, c'est qu'il est tombé malade.. La fin.
-J'ai connu des contes de fées plus joyeux.
-C'est pas finit, coupe Shikamaru. C'est là que ça devient gonflant. Naga-dono est arrivé dans un village caché, ou il avait des contacts, et s'est installé la-bas avec son enfant. Il a épousé une femme et fondé une nouvelle famille. Six ans plus tard, Naga-dono, sa compagne et leurs deux filles sont massacrés d'atroce manière. Seul l'enfant est retrouvé vivant. Il est confié à son senseï qui l'élève. L'enfant présente des pouvoirs extraordinaires, surtout venant d'une famille sans limite de sang. Il devient chounin, puis jounin, collectionne les jutsus comme d'autres les papillons, jusqu'au jour où il pète un câble, sans raison apparente, et devient criminel de rang S.
Shikamaru prend une profonde inspiration avant de lancer sa dernière bombe de la journée.
-Le nom de cet enfant est Orochimaru.
Le silence est si profond que Sakura entend très distinctement Akamaru marmonner de sa toute nouvelle voix de bébé une injure qu'aucun bébé ne devrait connaître.
-Et ça tu le sais comment Shika? Demande Kiba.
-Hokage-sama m'a fait un topo là-dessus avant notre départ.
-Tu savais?!!!
-Non, reprend calmement Shikamaru, Hokage-sama a fait des recherches sur la famille d'Orochimaru, pour savoir d'où venait ses capacités extraordinaire. Et elle a découvert que son village d'origine avait été envahis par des serpents, comme on dit: Elle a fait le calcul.
-Si elle savait déjà, pourquoi cette vieille garce nous a envoyé ici?! Proteste Naruto en agitant les bras, hors de lui.
-Elle ne savait rien de précis, tempère Shikamaru en se frottant la nuque. Juste qu'il est né dans un village infesté de démons et qu'il a des caractéristiques de serpent. Elle ignorait ce qui s'était passé exactement. En fait, elle croyait qu'Orochimaru était hybride de démon.
-Hannyo, précise Kiba d'un ton morne.
-Et en fait, Orochi s'est réincarné dans l'enfant, marmonne Sasuke.
-Avant que vous arriviez, nous pensions qu'Orochimaru était un lointain descendant d'Orochi. Les deux théories se valent et...
L'explication de Shikamaru s'arrête nette quand il aperçoit les sharingan de Sasuke tournoyer furieusement dans sa direction. L'Uchiha a l'air furieux, ce qui est compréhensible pour au moins une demi-douzaine de raisons depuis qu'ils ont mis le pied ici. Et quand Sasuke est furieux, ça se termine en général en bain de sang. Autant Shikamaru est attaché à son sang, il doute de ses qualités cosmétiques.
-Ce n'est pas un hasard si j'ai été envoyé sur cette mission?
Shikamaru comprend soudain qu'il ne peut pas mentir. Pas quand il fait face à ces yeux écarlates qui semblent vriller jusqu'au fond de son âme et y lire tout ses secrets.
-Non.
Asuma sera furieux quand il apprendra que son entraînement en volonté laisse autant à désirer, mais il vaut mieux répondre immédiatement aux questions d'un Uchiha furieux.
-Est-ce que tu m'as utilisé comme appât ?
-Oui.
Shikamaru ne doit sa survie qu'aux réflexes fulgurant de Naruto et Kiba qui se sont jetés sur Sasuke et l'empêchent de le chidoriser.
-En fait, appât n'est pas le terme exact, reprend plus calmement Shikamaru, reculant à peine d'un pas. Selon les informations relevées chez Mitarashi Anko, les serpents protègent et respectent les porteurs de la morsure. Tu es une des personnes les plus à l'abri ici.
-Ca te serais pas venu à l'esprit de me PREVENIR ?!!!
-Je pensais que tu aurais remarqué depuis le temps…
-Sasuke à la frousse des serpents, intervient Naruto sans lâcher son ami, il les évite ou les katonise a vue.
-Naruto!
-Quoi, c'est vrai !
-Je n'ai PAS la frousse !
-Ho vraiment, et la fois ou tu as fait un bond de dix mètres en mettant le pied dans un nid d'orvet ?
-J'ai juste été surpris !!!
-Moi ce qui m'a surpris c'est le cri de pucelle outragé que tu as poussé.
Shikamaru est soulagé quand le regard écarlate de Sasuke le quitte pour se poser sur Naruto. Enfin, soulagé pour sa propre survie, pas celle de Naruto.
-Tu es mort, informe froidement Sasuke à son équipier.
-Sanglier, coq, rat. SUITON ! KOSAME !
Les deux amis cessent aussitôt de se battre quand un flot d'eau glacée les inonde de la tête aux pieds.
-Calmés ? S'enquiert Sakura d'un ton qui n'a rien à envier à la température de l'eau.
Les deux camarades marmonnent un 'oui Sakura' peu convaincant et Kiba, qui se trouvait aussi dans le champ d'action de la technique, décide sagement de s'éloigner de quelques pas, essorant sa parka, Akamaru secouant sa fourrure à ses pieds.
-Bien, ce n'est pas le moment de nous disputer. Nous devons trouver la vérité sur Orochimaru et Yamata no Orochi.
-Il va falloir nous rendre au temple pour enquêter là dessus, déclare Shikamaru en tentant d'ignorer les regards méchants de Sasuke sur sa personne.
-Les rokuro kubi vont nous tomber sur le coin de la gueule, lui-rappelle Kiba.
-Est-ce que le fait qu'elles ne se sont transformées qu'à la nuit tombé implique qu'elles ne sont dangereuses qu'à ce moment là ?
L'Inuzuka croise les bras, réfléchissant longuement avant d'hausser les épaules.
-Pas la moindre foutue idée. C'est possible…
-Il y a peut être une autre solution, intervient Sasuke avant d'exposer brièvement leur rencontre avec les renardes.
-Elles ne vous ont pas attaquées à vue ? Étrange, marmonne Shikamaru.
Aux regards embarrassés que les garçons échangent, Sakura sent bien qu'ils lui cachent quelque chose, mais elle les sait suffisamment sensés pour ne pas cacher d'informations vitales.
Ou du moins, elle l'espère.
Des précisions seront demandées après cette mission, par la force s'il le faut.
-Bon, on doit trouver Kurogane, commence Shikamaru. Kiba, peux-tu nous faire un topo sur les tengu?
Le garçon chien hoche la tête, sourcils froncés, tout en secouant sa parka pour essorer les dernières gouttes.
-Voyons voir. Les tengus sont des bakemono, associés au corbeau. On en reconnaît deux types : Les jeunes, appelés karasu-tengu et les plus vieux, yamabushi-tengu. Les jeunes restent le plus souvent sous une apparence de corbeau, ou d'hybride, mais les vieux peuvent se transformer en humain à long nez ou d'autres animaux. Ils ont tous le pouvoir de lire les pensées et se téléporter.
-On a vu, grommelle Sasuke.
-Ha, reprend Kiba, se souvenant d'un détail, je sais pas si c'est une légende ou pas, mais vu ce qu'a dit Kurogane…
-De quoi ?
-Les tengus seraient les créateurs du ninjutsu.
-Pardon ?! Rétorquent en chœur ses camarades.
-Maman me racontait souvent cette légende, continue Kiba. Le premier ninja aurait appris les arts martiaux d'un tengu déguisé en yamabushi.
-Ne me dis pas que ce mythique tengu serait Kurogane… s'exclame Sakura, incrédule.
Que ce pochtron à demi clochard soit un tengu est déjà étonnant, mais un tengu légendaire en plus ?!
-Aucune idée, admet Kiba, mais ce qui est sur, c'est que les tengus connaissent le ninjutsu.
-Donc, résume Sasuke, on doit retrouver une créature magique, capable de deviner nos pensées, de nous échapper en une seconde, de se transformer et qui connaît les techniques ninja sur le bout des doigts.
-Heu… Ouais, admet Kiba.
-On est mal barrés, ajoute Naruto avec un grognement fatigué.
-Il reste environ cinq heures avant le coucher du soleil, déclare soudain Shikamaru. Sakura, tu prends Sasuke et Naruto avec toi. Explorez la forêt au sud. Kiba, tu viens avec moi, on va voir dans la montagne.
-Shika, c'est une mauvaise idée… Commence Kiba.
-Et pourquoi ?
-Ben c'est le repaire de beaucoup de bakemono…
-Dont les tengus ? S'enquiert Shikamaru.
-Heu, ouais, répond Kiba, sentant qu'il est en train de creuser sa tombe.
-Et nous cherchons quoi ?
-Un tengu, soupire Kiba en se levant.
-Attendez ! Coupe Sakura. Et Neji ? On ne peut pas le laisser seul ici ?
-Je sais encore me défendre Haruno, objecte Neji d'un ton froid.
-Combien de doigts ? Rétorque Sakura en lui fourrant la main sous le nez.
-Heu...
-On ne le laisse pas seul, reprend-t-elle aussitôt sans lui laisser le temps de répondre.
-Tout a fait d'accord, ajoute Shikamaru en se tournant vers Kiba, laisse lui Akamaru.
Kiba et son chien échangent un regard un peu interloqué, surpris par l'ordre, mais le chien finit par lancer un petit aboiement qui ressemble fort à 'oui chef' et va s'asseoir près de Neji. Lequel Neji semble assez peu ravi d'être baby-sitté par un chien.
-Retour ici dans deux heures et demi, continue d'ordonner Shikamaru en s'armant. Essayez de ne pas vous mettre les monstres à dos.
oOo
Ca fait maintenant deux heures qu'ils marchent dans la forêt et Shikamaru se seulement compte de quelque chose au sujet de Kiba. Tous les ninjas de Konoha savent grimper aux arbres, ils savent se cacher, survivre en forêt, utiliser toutes ses ressources, connaissent les plantes qui soignent et celles qui empoissonnent, savent marcher sur les feuilles mortes et dormir dans les branches, mais jamais, jamais Shikamaru n'a vu quelqu'un se déplacer comme Kiba.
Ce n'est pas plus furtif, ni plus élégant, et puis Kiba ne comprendrait pas le concept d'élégance si on le lui mettait sous le nez.
Non c'est juste plus…
Plus naturel.
Il n'y a pas d'autre mot. Kiba marche dans la forêt comme s'il était fait pour cet environnement et malgré la trouille manifeste qu'il éprouve pour les bakemonos.
Kiba s'arrête soudain, faisant signe à Shikamaru de l'imiter. Il semble écouter, reniflant l'air, le nez levé avant de grommeler quelque chose à voix basse et se tourner vers Shikamaru sans quitter du coin de l'oeil un point dans les arbres.
-Deux tengus dans cette direction. Il y a aussi une nekomata et quelques tanukis.
-Traduction?
-Chatte nécromancienne et des cousins de Shuukaku.
-Est-ce qu'un des tengus est Kurogane?
Kiba secoue la tête, espionnant les créatures entre deux branches. Shikamaru se penche aussi et entrevoit deux moines, vêtus comme Kurogane, quoique d'une manière plus soignée, assis sur un arbre étrangement distordu, les branches partant presque à l'horizontale et s'étendant jusque dans la ramure des arbres alentours. Il y a une femme aussi, vêtue d'un kimono blanc aux étranges motifs rougeâtre et qui tient un koto sur ses genoux, confortablement installée sur une branche à deux mètres du sol. Comment as-t-elle pu grimper là haut avec ses getas à hauts talons est un mystère. Il met un moment à trouver les tanukis, quelques boules de poils toutes ébouriffées, à peine assez vieux pour quitter leurs mères et qui écoutent sagement un des tengus leur faire une espèce de leçon.
-ils savent peut être ou se trouve Kurogane.
-Ho, et tu veux qu'on aille les voir et leur demander poliment s'ils savent ou il se trouve s'il vous plait merci?
-Tu as une autre solution?
Kiba soupire mais hoche la tête.
-On y va et on leur demande pas poliment, pas s'il vous plait, pas merci.
Shikamaru voit ensuite Kiba retirer son bandeau de ninja, puis son chapelet, son manteau et les lui jeter, restant en filet et protection de combat, avant d'accrocher plusieurs armes en évidence sur lui. Puis il se redresse, raidit les épaules et avance dans la clairière, d'un air conquérant. Les bakemono sont aussitôt sur leurs gardes, dès qu'il abandonne la furtivité des ninjas pour une attitude beaucoup plus provocatrice. Un des tengus descend même de sa branche, s'accroupissant près des petits tanukis qu'il recouvre d'une aile fantomatique.
-Salut les cousins, salut Kiba dès qu'il arrive au pied de l'arbre.
-Qu'est ce que tu fous là Hannyo? Rétorque aussitôt le tengu au sol.
-T'es pas au courant que c'est un territoire démoniaque ici? Reprend la femme en accordant son koto, créant une note perçante qui donne la chair de poule.
-Dommage si ça te défrise les moustaches, minette, lance Kiba d'un ton goguenard en croisant les bras.
-On ne veut pas de bâtard ici, reprend le moine perché sur les branches.
-Ca a l'air de me faire peur? Je treeeemble, ça se voit non?
-si tu n'as pas quitté notre territoire dans les cinq secondes... Menace la femme en secouant sa crinière blanche hisurte.
-Vous faites quoi? S'enquiert Kiba d'un ton froid, crispant les doigts pour dévoiler ses griffes sombres. Je devrais avoir peur d'une minette, de deux vieux corbeaux et de blaireaux à peine assez vieux pour mâcher leur propre viande?
-Tu es arrogant! Reprend un des moines. Ici n'est pas la place des humains!
Shikamaru se demande un moment si ce n'est pas de lui dont parle le corbeau. La femme l'a remarqué aussi, et le fixe de ses yeux d'or fendu. Elle n'est pas aussi belle que les rokuro kubi, plus vieille, plus maigre, la bouche est trop petite, trop pincée pour être sensuelle, et puis le regard qu'elle lui lance est tout, sauf aguicheur.
-Si c'est pas ma place, alors je viendrais la prendre, rétorque Kiba en montrant les crocs.
La femme miaule soudain, un cri perçant et pétrifiant, comme une craie sur un tableau noir et Kiba rétorque d'un grondement canin. En quelques secondes, la femme a disparut, laissant place à une chatte à deux queues, blanche tachée de rouge, qui se réfugie au plus haut qu'elle peut grimper. Les moines restent méfiants, mais ne bougent pas, seul un battement d'ailes frénétique trahis leur nervosité. Par contre, les jeunes blaireaux se hérissent et le plus vieux, une boule de poil aux crocs d'aiguilles se rue à l'attaque. Son professeur tente de le rattraper, crapahutant à quatre pattes après le kamikaze. Shikamaru se tend, méfiant, mais Kiba n'est apparemment pas impressionné par l'attaque et cueille le blaireau du bout du pied, l'éjectant dans les airs à hauteur de tête avant de le choper par la peau du cou. Les tengu sont aussitôt sur leurs gardes, semblable à des tourbillons hérissés de plumes sombre et de loques écarlates.
-Je suis peut être un hannyo, mais je suis fils d'Inutsuka! Hurle Kiba aux deux adultes, les faisant reculer de surprise. J'ai appris le combat de sa main, les prières de ma mère, et vos pitoyables ancêtres ont jurés obéissance à ma famille! Maintenant petit con tu va me dire tout de suite ou est ce vieux porc de Kurogane ou je t'arraches les pattes!!!
-Kiba calme-toi!!! Ce n'est qu'un blaireau... murmure Shikamaru, inquiet que les adultes décident de les attaquer pour protéger le petit.
-C'est un PUTAIN de TANUKI! Et il va me dire de suite ou est le vieux!!
Et la seconde suivante, Kiba ne tiens plus un jeune blaireau, mais un gamin d'une dizaine d'année, au visage tanné et au crâne rasé, emberlificoté dans un manteau de moine trop grand pour lui. Visiblement, le petit ne maîtrise par encore parfaitement l'art de la métamorphose, car de grandes plaques de poils parsèment sa peau et son visage au nez sombre et pointu
-Au village! Il est au village! Il a dit qu'il devait aller au temple!
-Au temple?
-Oui! Quelque chose au sujet de Yamata No Orochi!
-T'es pas en train de mentir hein?
-Non! Non Seigneur, je le jure, je le JURE!
Kiba observe longuement, comme s'il était Sasuke ou Neji, l'enfant qu'il tient à bout de bras, avant le reposer au sol.
-Retournez à votre mère. Vas y avoir du grabuge ici.
L'enfant hoche la tête puis se précipite dans les ailes d'un des tengu qui l'enveloppe aussitôt dans un cocon de plumes, crachant des jurons sur Kiba.
-Kurogane-sama sera mis au courant de tes menaces, Hannyo!
Le sourire carnassier qui étire alors les lèvres de Kiba fait même reculer Shikamaru, qui a déjà vu Naruto sourire comme ça, le jour il a ramené Sasuke inconscient à Konoha, le traînant par le pied, couvert du sang de ses ennemis et heureux de ce simple fait.
-J'y compte bien le vieux. J'y compte bien, c'est lui que je cherche je te rappelle. Shika, ajoute t'il d'un ton sec, avec un geste du menton.
Shikamaru hoche la tête et le suit, non sans avoir poliment salué les bakemono. C'est peut être une cause perdue que d'obtenir leur aide après la comédie de Kiba, mais ce n'est pas une raison pour se les mettre à dos, ou du moins encore plus. Tout le temps que Kiba est à portée de vue, d'oreille et de quelqu'autre sens de bakemono, il reste droit, menaçant, d'une attitude que Shikamaru ne peut s'empêcher de trouver conquérante... Et puis le brun semble se dégonfler d'un coup, ses épaules retombent, son dos se recourbe et il pousse un profond soupir, s'appuyant contre un arbre pour que ses genoux ne le lâche pas.
-Je ne refais plus JAMAIS ça, déclare-t-il d'une voix tremblante.
-Ca ira? Demande Shikamaru en lui tendant sa veste.
-Laisse moi quelques minutes pour me rendre compte que j'ai défié deux yamabushi-tengu, une nekomata et une portée de Tanuki et que je suis toujours en vie malgré cette connerie monumentale.
Shikamaru le regarde se rhabiller et reprendre ses esprits, lui laissant le temps de se remettre. Il est au courant des origines de Kiba, comme de la plupart des secrets de ses hommes. Hokage-sama lui a fait un rapide topo, contre la promesse qu'il n'utiliserait cette information que pour les missions. Et puis, Kiba a déjà dit ce que signifiait hannyo, le terme dont les tengu l'ont gratifié.
Ca ne fait rien.
Un demi-démon ne fait pas tâche dans une équipe composée de deux possédés et un mutant, sans compter une fille qui présente des symptômes évident de schizophrénie.
Ca ne fait rien, mais ça n'empêche pas Shikamaru d'être curieux sur certains détails qu'il ignorait.
-Inutsuka... Ce n'est pas un démon qui a pris parti pour des humains il y a quelques siècles?
-Mon ancêtre, répond Kiba tout bas, sans oser regarder Shikamaru.
-Tu as dis que c'était ton père tout à l'heure...
-J'ai bluffé. Les démons se rendent pas toujours compte du temps qui passent, ils peuvent croire que je suis son fils autant que son petit fils... Ou dans mon cas, arrière arrière arrière arrière arrière petit fils, ajoute Kiba avec un petit grognement las.
-Ils n'auraient pas obtempérés si tu avais avoué un tel écart de génération, comprend Shikamaru.
Kiba hoche la tête, un peu circonspect devant l'apparente indifférence de Shikamaru. Il ne comprend pas toujours son chef d'équipe. De toute la bande, c'est le seul à ne pas avoir paniqué ou crisé depuis le début de la mission alors qu'il est le plus à risque ici.
D'un autre côté, c'est de Shikamaru qu'on parle. Paniquer est trop fatiguant.
-L'ancêtre était craint et obéit par les démons, mais j'ai trop de sang humain pour parvenir au quart de sa puissance d'antan. P'tain, même le gosse aurait put me mettre une raclée d'une main en se grattant la fesse gauche de l'autre.
-On a vraiment eut chaud alors.
-Faut prévenir l'équipe à Sakura et retrouver Neji.
oOo
-Comment diable cherche-t-on un corbeau au milieu d'une forêt?!!!! Râle Sakura en levant les bras au ciel.
Kakashi les as entraîné à chasser de nombreux animaux dangereux, des loups, des chats sauvages, des ours même, qu'ils soient ninjas ou non, mais les oiseaux, jamais. Surtout pas un bête oiseau percheur et charognard comme le corvus corax.
-J'ai une idée, propose Naruto.
-J'ai peur de demander, soupire Sakura.
-j'abats tous les arbres de la forêt.
-Refusé, grommelle Sakura.
-Ho... Sasuke se met à poil pour attirer le vieux porc.
-Refusé, gronde Sasuke avec un regard mauvais.
-C'est pas la peine de me regarder comme ça ! Je propose des plans moi au…
Il y a juste un froissement d'herbes et les trois ninjas sont sur leurs gardes, mais Naruto reste le plus rapide des trois, lançant une volée de shuriken sur l'origine du bruit, sans même se demander de quoi il s'agit. Sasuke lui en est presque reconnaissant quand il voit la créature responsable, un long serpent gris pâle qu'il sait extrêmement venimeux, se tordre au sol, transpercé par les pointes acérées.
-Un habu [1], marmonne Sakura, vérifiant machinalement qu'elle a du sérum dans sa poche.
-Sale bête, elle nous suivait j'en suis sûr, grogne Naruto.
-Ce n'est qu'un serpent Naruto, soupire Sakura, affligée de l'attitude infantile de Naruto.
Le blond ramasse une branche morte sans rien dire et pousse doucement le cadavre vers Sakura. Il relève les yeux et elle recule nerveusement devant les iris violacé et les pupilles ovales. Ca ne ressemble pas à Naruto d'être aussi sérieux, aussi froid, aussi… dangereux.
-Regarde bien Sakura, et dis moi si ça ressemble à un serpent.
Sakura obéit malgré elle, contente de ne plus croiser le regard trop froid de Naruto. Le serpent est toujours immobile et bienheureusement mort.
Et puis…
Et puis Naruto le pousse de la branche et ce n'est plus un serpent pâle qui gît au sol, presque tronçonné par les shuriken, mais une femme, au cou trop long, richement vêtue, sa peau pâle tachée de sang, et les yeux vitreux.
Et puis il n'y a plus que le serpent et Naruto qui l'écrase de coups de pieds rageur.
-Une ro.. rokuro kubi, conclut Sakura, faisant de son mieux pour ne pas imaginer à quel sort ils viennent d'échapper.
-Je vais vérifier s'il en reste, grogne Naruto avant de se tourner vers les buissons alentours, gardant sa branche à la main.
Sakura acquiesce par réflexe, le regard fixé sur la bouillie sanglante au sol, encore imprimée de la semelle de Naruto. Elle sursaute presque quand Sasuke l'approche et touche son coude pour attirer son attention.
-Sakura... Naruto a fait une crise tout à l'heure, murmure-t-il à voix basse sans quitter le blond des yeux.
Pas besoin de préciser quel genre de crise. Surtout pas après la démonstration qui vient d'avoir lieu.
-Ho non... Non, pas maintenant, gémit Sakura, jetant un regard affolé à leur compagnon, devant eux, qui bat les buissons à coup de bâton.
-Il n'est pas arrivé à se calmer.
-Que s'est il passé? Souffle la jeune fille, tâtonnant dans sa sacoche à la recherche des calmants et des sceaux que lui a donné Godaime-sama. Vous vous êtes disputés?
-Je ne suis pas responsable des sautes d'humeur de Naruto. Enfin, pas toujours, amende Sasuke sous le regard un brin dubitatif de Sakura. Il faudrait lui donner un sédatif...
-Oui... Mais je ne peux pas... Le calmant le rend groggy et la nuit va tomber. Il sera en danger s'il ne peut pas se défendre...
Elle a envie de dire qu'ils seront en danger s'il ne peut pas les défendre. Même si Sasuke est puissant, elle ne peut s'empêcher de penser que seul Naruto sait à peu près ce qu'il fait ici. A bien y réfléchir, ce n'est pas un concept très rassurant, mais comme Kiba, il a l'air de reconnaître les animaux des bakemonos au premier coup d'œil. Depuis qu'ils sont ici, Naruto est un de leur baromètre de danger, c'est lui qui course les bestioles dangereuses, qui trouve les chemins les plus sûrs et...
Et pourquoi est-ce qu'il se tiens soudain aux aguets ?
-Naruto?
Sasuke a déjà sortit un kunaï et pivote sur lui même pour tourner le dos à Naruto et garder ses arrières. C'est étrange comme c'est devenu facile de confier sa vie à Naruto ou de veiller sur la sienne. Lui qui ne voulait pas s'attacher, qui ne voulait pas accorder son amitié, ou même sa confiance, se retrouve maintenant intégré dans une équipe, soudé aux deux autres, au point qu'il ne se sent bien que quand il a Sakura à sa gauche et Naruto à sa droite. Quelques années plus tôt, il aurait refusé cette proximité, il se serait éloigné, les aurait tenus à distance, les aurait repoussés... C'était avant de découvrir ce que Kakashi appelle l'effet jokari.
Plus on repousse Naruto et Sakura, plus ils reviennent vite, fort et furieux d'avoir été mis à l'écart. Ils étaient revenus après le désastre d'Orochimaru. Ils étaient revenus quand il les avait repoussés pour aller se battre contre son frère. Ils revenaient quand il avait ses crises de possession et qu'il s'enfermait pour ne pas risquer de les blesser.
Il avait longtemps cru qu'il les laissait approcher parce que c'était plus simple que d'essayer de les en empêcher.
Maintenant il sait que c'est pour mieux les protéger.
-Naruto? Répète Sakura, prenant place à côté de ses hommes, protégeant leur flanc exposé.
-Neji est en danger.
oOo
Neji n'a jamais eut peur du noir.
Il a toujours vu dans le noir comme en plein jour, depuis sa naissance. Jour et nuit, pour lui, ça revient au même. Il voit. Regarder à travers un corps ou un mur n'est qu'une étape supérieure, mais il n'a jamais eut besoin de lumière. Il n'a jamais eut peur du noir parce qu'il n'a jamais vu le noir.
Il n'a jamais été incapable de voir.
Il sait pourtant que, sans le byakugan, les Hyûga sont aveugle. C'est héréditaire. Leur ancêtre, le fondateur, est né ainsi. Il avait mis au point le byakugan pour pouvoir devenir un ninja malgré son handicap, et par la suite, l'avait développé en limite de sang, afin que sa descendance, atteinte du même mal, prenne sa suite.
Neji a toujours su qu'il n'y avait pas de monstre dans le placard ou derrière le paravent.
Mais il découvre maintenant pourquoi le noir fait tellement peur aux enfants.
Ce n'est pas tellement l'incapacité de voir qui le terrifie, mais c'est de ne pas pouvoir se repérer, de ne pas savoir ou il se trouve, ce qui se passe autour de lui et n'avoir aucun contrôle sur les évènements.
Il a la main sur le collier d'Akamaru. Pas parce qu'il a peur, mais pour garder un repère stable. Parce qu'il y a quelque chose autour d'eux.
Il entend des grincements, des craquements, des portes qui glissent et se referment, des bruissements, et il n'arrive pas à les identifier, parce qu'il n'a pas l'ouïe aussi développée que la vue et que le chien grogne et il n'est pas en train de paniquer, mais tout se brouille et...
Et il y a quelque chose derrière lui.
Quelque chose qui le guette, qui est juste à côté de lui, il le sait, mais il ne l'entend pas, ni ses pas, ni sa respiration, il ne sent pas son odeur et il se demande s'il devient fou, comme ça, aveugle dans une maison vide, à croire qu'il y a quelqu'un à côté de lui.
Akamaru grogne plus fort maintenant et il sent ses poils se hérisser sous sa main.
-Akamaru, couché, ordonne-t-il d'une voix basse.
Le chien répond par un gémissement, si mal articulé qu'il faut plusieurs essais à Neji pour comprendre qu'il essaye de parler.
-Méchaaaaant. Méchant autour.
A peine Neji as t'il réussi à identifier l'avertissement que la maison s'ébranle. Les portes s'ouvrent et se ferment successivement, violement, le sol tremble, une espèce de vent se lève, charriant la poussière, les débris et des odeurs de vieux et de sale. Neji saute sur ses pieds, prêt à sortir quand un débris quelconque le percute soudain au front, lui faisant lâcher le collier du chien. Il titube, mains tendues en aveugle devant lui, son seul repère étant désormais le sol qui tremble sous ses pieds. Après quelques secondes de panique, le chien se place de lui même sous sa main, l'aidant à reprendre le contact.
-Il faut sortir, déclare Neji, se sentant un peu stupide de parler au chien, même en sachant qu'Akamaru comprends ce qu'il dit.
Les mains solidement accrochées au collier de cuir, la tête rentrée dans les épaules, Neji fait un pas, puis un autre, priant pour ne pas recevoir un autre débris. Il continue d'avancer, au hasard, quand il se rend compte de plusieurs anomalies.
Pour commencer, la pièce ou il était ne pouvait pas être si grande que ça, il aurait déjà du rencontrer un mur.
Ensuite, ce n'est plus du plancher qu'il a sous les pieds, il peut sentir de l'herbe lui chatouiller les chevilles.
Et enfin, depuis qu'il a commencé à marcher, Akamaru n'a pas fait un seul pas et pourtant est toujours debout à ses côtés.
-Akamaru?
Aucune réponse venant du chien. Pas même un souffle. Neji serre derechef ses mains sur le collier et la fourrure épaisse et rêche et piquante et...
Akamaru n'a pas le poil long, se souvient-il soudain.
Des épines lui transpercent la peau et il lâche brutalement le buisson qu'il étreignait.
Une illusion. Une foutue bonne illusion si même le sens du toucher s'y est laissé prendre.
-AKAMARU!
Il doit être à l'extérieur. Où, il ne sait pas. Mais il sent le vent frais et entend les chants des oiseaux et.. .depuis quand les bruits ont cessés au fait?
-AKAMARU!
Et s'il était encore dans l'illusion? Shikamaru et Sakura lui ont dis tout à l'heure que les illusions des monstres touchaient les cinq sens. Comment s'en débarrasser? Il se rappelle vaguement les leçons de Gai à ce sujet là, ses conseils de se concentrer sur un sens, mais comment savoir lequel ne l'induirait pas en erreur?
Il ne faut pas paniquer. Surtout pas. Il ne faut pas...
-Êtes-vous perdu jeune homme?
Neji sursaute, surpris de ne pas avoir sentit arriver l'homme qui vient de parler. Il se tourne vivement, essaye de trouver l'origine de la voix et trébuche sur un rocher plat posé au sol. Il se rattrape comme il peut, agrippant une espèce de stèle coiffée d'une lanterne de pierre.
-Et bien et bien, reprend la voix, doucement jeune homme.
-Je.. Je vous prie de m'excuser...
-Hmmm, quelque chose ne va pas? Tenez, asseyez-vous. Non, non sur la pierre, ça ira pour cette fois.
Neji obéit, tâtonnant pour trouver un siège sur la pierre plate, s'adossant à la stèle derrière. D'un côté, ça le soulage que son interlocuteur ne semble pas agressif, mais de l'autre, il se demande à quel point il est réel.
-Je.. Je vous remercie Monsieur.
-Je vous en prie. Il semblerait que vous ayez rencontré les rokuro kubi...
-Comment savez-vous... demande Neji, plaquant la main sur le pansement qui orne son cou.
-Et bien, disons que je reconnais la manière dont les suivantes de ma fille laissent des suç...
-Nazuchi-sama! Tranche soudain une voix de femme, sèche et autoritaire. Ce n'est pas poli de parler de choses si vulgaire avec un invité!
Neji se fige, se raidissant sur son siège improvisé. Nazuchi. Un des membres de la famille dirigeante. Tous morts depuis des années.
-Jeune homme, reprend l'homme, peu troublé de s'être fait réprimandé, voici mon épouse, Nazuchi Tamiko. Nazuchi-dono, laissez moi vous présenter... En fait, jeune homme, je crois que nous n'avons pas été présentés.
-Hyûga Neji. Très honoré Nazuchi-dono, parvient à dire Neji en s'inclinant dans la direction approximative de la voix de femme.
-Il ne devrais pas rester ici, déclare soudain Tamiko. Hebiko ne va pas tarder à revenir.
-Où est le problème chère amie? Hebiko a déjà rencontré ses camarades, je ne vois pas ce qu'elle pourrait lui reprocher.
Neji glisse subrepticement une main sur la pierre qui lui sert de chaise. Une pierre régulière, apparemment taillée, lisse, couverte de mousse... Gravée de vieux kanjis illisible.
Il faut toute la maîtrise de Neji pour ne pas s'enfuir en hurlant quand il reconnaît sur quoi il est assis.
-Elle ne lui reprochera rien Nazuchi-sama, continue Tamiko, mais regardez le! Quand elle le verra, elle ne voudra plus le laisser partir. Et il viendra grossir le rang de ces pauvres enfants qu'elle a déjà capturés.
-Je ne vois pas... commence le père d'Hebiko.
-Père, Mère, je suis revenue!
Neji peut presque sentir les deux fantômes sursauter. Il ne peux pas les en blâmer, lui même à bondit sur ses pieds en entendant la voix d'Hebiko retentir sans préavis.
-Je n'ai pas retrouvé mon bébé, continue la jeune princesse d'une voix chagrinée.
-Hyûga-kun, fuyez, vite, conseille la voix de Tamiko à son oreille, si bas qu'on dirait un des insectes de Shino.
S'il pouvait se lever et partir en courant sans buter sur les tombes, Neji le ferait volontiers. Mais il n'a de toute manière pas le temps de bouger que la voix de la princesse retentit à nouveau.
-C'est mon bébé !
-Non Hebiko, corrige Nazuchi-sama, d'une voix grave, redevenu sérieux avec la situation.
-Mais regarde Père ! Il me ressemble, c'est mon bébé ! Il a mes cheveux… Mes longs cheveux noirs… Les mêmes que les miens.
Neji se fige en sentant quelque chose glisser dans ses cheveux. Le geste est plus ou moins familier, il y a rarement droit, surtout par sa mère, ou Tenten, parfois, quand il se sent d'humeur généreuse et la laisse le toucher. Mais ce n'est pas une main souple et douce qui passe dans ses cheveux. C'est dur, froid, pointu, comme un gros peigne d'écaille articulé. Il n'arrive pas à réprimer un tremblement convulsif quand il comprend enfin de quoi il s'agit.
-Tu as froid mon bébé ? Demande doucement Hebiko en approchant à le toucher.
Il sent comme une cage s'appuyer contre son torse et les peignes se referment sur ses bras, en une parodie de caresse maternelle.
-Maman est là bébé, tu n'as rien à craindre.
-Hebiko, lâche cet enfant, ordonne sèchement son père.
-C'EST MON TOUT PETIT ! Rétorque la princesse avec un hurlement grinçant, plantant les dents du peigne dans l'épaule de Neji.
-Ton enfant n'a jamais existé, la coupe le vieil homme. Il est mort, mort bien avant nous.
-C'est FAUX ! Je l'ai porté avant votre mort ! Il est né après votre décès père !
-Il est mort longtemps avant, intervient une autre voix de femme, plus âgée, empreinte d'autorité. Le jour ou tu as failli le perdre.
-NON ! Hurle la princesse.
Et Neji a soudain l'impression d'être de retour à l'académie, avec les furies qui se battaient autour de lui pour obtenir le droit de manger avec lui. Ou du moins, c'est à ça que lui font penser les cris d'Hebiko.
-Yamata no Orochi est entré dans ton esprit et l'a balayé, comme un tsunami détruirait une barque de bambou, continue la voix de femme, tu es morte et Orochi possédait ton corps, afin que le bébé soit sa prochaine incarnation, un descendant d'Orochi pour briser les derniers enchantements qu'il subissait, un fœtus baigné dans un mauvais chakra, corrompu bien avant sa naissance. Tu as accouché d'un démon Hebiko.
-C'EST FAUX !
-Alors comment es-tu morte ?
-Je.. J'étais trop faible… La fausse couche m'a épuisée et…
-Tu es morte ce jour là. Pas à la naissance du bébé, mais six mois avant.
-Mon bébé... gémit la princesse.
-Tu le retrouvera un jour, reprend la voix de femme inconnu, approchant sensiblement d'Hebiko et Neji. Lâche cet enfant maintenant.
Neji sent les peignes se desserrer, comme à regret, puis les sanglots d'Hebiko s'éloignent, subsistant à quelques mètres de là.
-Merci... Madame... Balbutie Neji.
-Tout ira bien. Ryuji? Arrête l'illusion, ordonne t'elle.
-Oui Ancêtre Vénérable, répond Nazuchi-sama, la voix pleine de respect.
Pas grand chose ne change. Sinon que soudain, il entend les aboiements affolés d'Akamaru, sent sa fourrure sous ses doigts et une douleur sourde au niveau de sa cheville, là ou le chien le mord pour le réveiller.
-Ca va Akamaru.
Le chien couine de soulagement puis grogne soudain, reculant contre les jambes de Neji, comme pour le protéger de ce qui lui fait face.
-Je ne ferais rien à ton maître, reprend soudain la voix de femme, faisant sursauter Neji qui la croyait partie.
-Madame...
-Tes compagnons arrivent Hyûga-kun, reprend-t-elle d'une voix douce.
-NEJIIIIIIII! Retentit aussitôt la voix de Naruto.
En un instant, Naruto est près de Neji, l'inspectant sous toutes les coutures, tâtonnant ses bras et ses vêtements.
-Tu vas bien? Qu'est ce qui s'est passé bon sang et qu'est ce que tu fais au milieu de...
-Naruto, avant d'ouvrir la bouche, sache que je ne veux PAS savoir ce qu'il y a autour de moi, lâche Neji d'un ton qu'il espère aussi ferme qu'habituellement.
Naruto hausse un sourcil, se tourne pour demander de l'aide à Sakura et aperçoit alors l'interlocuteur de Neji.
Une femme d'une cinquantaine d'années, aux très long cheveux blanc qui tombent jusqu'au sol, vêtue de tant de kimonos si longs qu'ils semblent couvrir les tombes défoncées autour d'elle et qu'on ne discerne pas sa silhouette.
-Qui vous êtes? S'enquiert Naruto avec toute sa délicatesse, cinq secondes avant que Sakura ne lui assène une taloche et l'ordre de rester poli.
-Elle m'a aidé, intervient Neji.
-J'avoue que ce n'était pas un acte totalement désintéressé, reprend la femme, sans se déparer de son sourire calme.
L'inquiétude des ninjas doit se lire sur leurs visages, enfin, surtout sur celui de Naruto, puisqu'elle précise aussitôt.
-J'ai un service à demander à votre prieur.

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[1] Habu : Ce n’est pas un bakemono mais une race de serpent japonais, ^^