-Je crois que c'est le dernier rapport, déclare Sakura en tendant sa traduction
à Shikamaru.
-Merci Sakura.
-Pas folichon hein ?
-Pire que ce que je pensais… Et galère, soupire Shikamaru en s'éventant distraitement
du paquet de feuilles.
Sakura hoche la tête et rassemble les papiers et la traduction que Shikamaru
et elle ont faite. Neji est toujours allongé et 'repose juste ses yeux', fin
de citation. Depuis la dernière vérification de Sakura, sa température a augmenté,
mais il ne peut toujours pas utiliser le byakugan. Sakura l'a forcé à manger
leur dernière ration sèche et elle est à peu près sûre qu'il n'a pas tout
rendu. Malgré tout, il reste faible et peux à peine se lever, quoiqu'il en
dise.
-On devrait évacuer Neji, déclare Sakura en ramassant rapidement les rares
affaires éparpillées dans le campement.
-Dès que les trois autres sont revenus, répond Shikamaru d'un air distrait,
les yeux fermés, mains jointes dans son espèce de méditation de réflexion.
-Je vais bien! Proteste Neji d'une voix rauque.
-Viens me le dire en face alors, rétorque la jeune fille sans même se tourner.
Alors que Sakura referme le sac de Sasuke, elle entend une petite explosion
suivit de quelques jurons lui signalant que Naruto a encore déclenché le piège
alarme qu'elle place toujours autour de leurs campements.
-Un jour, déclare t'elle quand son chakra se fait sentir dans la pièce, tu
arriveras à entrer sans déclencher la note explosive.
-J'ai presque réussi à le désactiver cette fois! Réplique Naruto en suçant
ses doigts brûlés.
Sasuke roule des yeux et replace le piège derrière Naruto et Kiba avant de
venir s'agenouiller près des chefs d'équipes.
-Qu'est ce que vous avez trouvé?
-Pas mal de chose pas très joyeuse, commence Sakura.
-On a peut être des théories mais ça n'est vraiment pas rassurant, ajoute
Shikamaru.
-Et nous on a une nouvelle, déclare Kiba en recommençant à égrener son chapelet.
-Bonne ou mauvaise? Demande Sakura avant de se corriger. Attendez non... Mauvaise
ou très mauvaise?
-Très mauvaise, répond Sasuke. Dans le genre cataclysmique.
-Ok, cataclysme version Gaara, Itachi ou Orochimaru?
-Genre Kyûbi no Yohko, coupe Naruto, assit près de Neji, bras croisés.
Et il est si sérieux que Sakura n'ose pas demander ce qu'il sait de l'attaque
de Kyûbi no Yohko.
-Selon un monstre que nous avons interrogé, reprend Sasuke en s'asseyant près
d'elle, Yamata No Orochi avait été scellé dans le temple par Susano-O mais
il a disparut il y a un peu plus de cinquante ans.
Au grand étonnement des trois aventuriers, Sakura et Shikamaru ne se mettent
pas à hurler ou paniquer, mais soupirent lourdement tout en échangeant un
regard las. Sakura fouille dans les papiers et sort une liasse soigneusement
classée.
-Ceci est toute la documentation pertinente que nous avons rassemblée.
-Qu'est ce que ça dit? Demande Sasuke.
-Ce sont des rapports médicaux. Le médecin du coin, le docteur Fuun, officiait
ici, chez les Nazuchi. Il tenait son journal et a noté tout ce qui s'est passé.
Il y a plus de cinquante ans, des évènements étranges ont eut lieu. D'abord,
un afflux massif de serpents. Le docteur a répertorié presque vingt six espèces
de serpents différents, du plus petit au plus gros, qui sont arrivés dans
la région en l'espace d'un an.
-Des serpents ou des bakemo-choses?
-C'est la question Naruto. Au même moment, une épidémie se déclare. Les patients
souffrent de faiblesse, de frissons, jusqu'au moment ou ils tombent dans le
coma et meurent en quelques heures, comme si leur sang gelait dans leurs veines.
Le docteur pensait à l'origine que c'était dut aux serpents, à cause des morsures
trouvées sur la nuque des malades.
-Sur la nuque, répète Neji, portant la main à sa blessure.
-L'épidémie commence très lentement, alors, il n'en parle pas tellement avant
plusieurs mois, et puis au même moment, Hebiko-hime tombe enceinte et il se
consacre uniquement à ses soins.
-Et il ne s'occupe pas des autres malades? Tu parles d'un médecin.
-A l'époque, seuls les riches comptaient Naruto, les paysans et artisans étaient
considérés comme... du bétail...
Naruto grommelle dans sa barbe mais n'interromps plus Sakura, faisant juste
mine de bouder ostensiblement.
-La grossesse ne se passe pas très bien... en fait, Hebiko-hime manque de
perdre le bébé à plusieurs reprises. Elle s'affaiblit énormément au fil des
mois et au troisième, il y a un début de fausse couche.
-Comment ça un 'début'? Elle a avorté ou pas?
-L'avortement s'est... avorté... alors qu'elle allait perdre le bébé, tout
s'est arrêté et est redevenu normal. Hebiko-hime a reprit des forces et tout
semblait aller pour le mieux.
-Je sens venir un 'mais' gros comme Gamabunta, marmonne Naruto en agitant
les mains.
-Elle avait encore des nausées et vomissements, et ce jusqu'à la fin. Le docteur
Fuun a analysé les... heu.. Rejets, pour voir ce qui n'allait pas. Il a trouvé...
beaucoup de choses.
-Sakura, soit précise, qu'est ce qu'il a trouvé? Demande Sasuke.
-Des fragments d'os... Des morceaux de doigts, des yeux, des organes. Mais
aussi des peaux de serpents.
Kiba pali visiblement et cesse d'égrener son chapelet.
-J'ai peur de demander... Marmonne-t-il.
-Parallèlement, l'épidémie fait des ravages. Les morts sont jetés dans des
charniers et non pas brûlés pour cause d'hiver très humide. Un soir, le docteur
surprend Hebiko-hime sortir avec ses suivantes. Il les suit jusqu'à un charnier
et...
-Pas besoin de nous faire un dessin, coupe Neji, elles s'adonnaient à l'anthropophagie?
-Le quoi?
-Cannibalisme, traduit Neji avec un soupir.
-Exactement. Mais Fuun n'ose rien dire, parce que, après tout, Hebiko-hime
est la fille de son seigneur. Vers la fin de la grossesse, les trois-quarts
de la ville sont touchés par l'épidémie et la moitié a déjà succombé. Les
parents d'Hebiko-hime meurent à leur tour et Naga-dono hérite du domaine.
Il envisage néanmoins de quitter Yamata le temps que l'épidémie se calme.
Avant qu'il ait le temps de mener ce projet à bien, Hebiko-hime accouche.
Et meurt.
-En mettant au monde le bébé?
Sakura soupire, se mordille la lèvre nerveusement et secoue la tête, sortant
un feuillet du tas qu'elle tient.
-Regardez.
Sasuke saisit la feuille et se penche dessus, imité par Naruto et Kiba qui
prennent chacun appuie sur une épaule.
-Qu'est ce que c'est?
-Un dessin du docteur. Il l'a fait après l'accouchement d'Hebiko-hime.
-C'est une pieuvre..? Commence Naruto, penchant la tête sur le côté.
-Nan, nan regarde, y'a des têtes, c'est des serpents, corrige Kiba, désignant
quelques parties du dessin.
-Mais attend, c'est pas un serpent ça, on dirait un visage.
-C'en est un, déclare de nouveau Sasuke. C'est le bébé...
-Je vois ses bras! T'as raison... pour une fois... Mais pourquoi il a dessiné
le bébé au milieu d'un nid de serpent.
-C'est ce qui est sortit du ventre d'Hebiko-hime, déclare Sakura, ramenant
une mèche en arrière.
Les trois garçons la regardent, Neji se contentant d'hausser un sourcil, incapable
de discerner quoique ce soit sur le papier.
-Elle a accouché de serpents?
-Elle n'a pas accouché, corrige Sakura, son ventre a explosé.
Cette fois, les garçons sont pâle d'horreur et Inner Sakura ne peut s'empêcher
de remarquer sarcastiquement qu'il faut leur parler de sang et de violence
pour attirer leur attention.
-en bref, à peine l'enfant né que...
-Sakura, l'interrompt doucement Shikamaru, à demi tourné vers la porte, derrière
toi.
Sakura obéit aussitôt, portant la main à sa poche d'arme.
Elle se fige au spectacle qui l'attend.
Hebiko-hime se tiens derrière elle, le kimono largement ouvert, dévoilant
son abdomen déchiqueté et ensanglanté, où quelque chose bouge encore et Sakura
ne veut pas savoir s'il s'agit de son intestin ou d'un serpent resté là. Et
pourtant la jeune femme sourit, presque innocemment, malgré le sang et la
chair déchirée.
-Vous savez où est mon bébé?
Sakura essaye de répondre, mais sa voix se brise dans sa gorge et elle doit
se contenter de secouer la tête.
-C'est embêtant... Je me suis réveillée et j'avais perdu le bébé. Je me demande
où il peut être.
-Nous allons le chercher Hebiko-hime, déclare calmement Kiba.
La princesse sourit, rassurée et incline légèrement la tête en remerciement.
-Merci à vous, vous êtes bien aimable.
-Je vous en prie, croasse Sakura, à deux doigts de la crise d'hystérie.
-Je vais chercher mon époux, peut être qu'il sait ou est le bébé. Je me demande
si c'est un garçon ou une fille.
Et la princesse s'éloigne, passant aux travers des murs de papier, sans le
moindre dommage au fragile matériau.
-Les fantômes me filent les chtouilles, signale Naruto en se frottant les
bras.
-Bienvenue au club, marmonne Kiba.
-Et après? Demande Sasuke, visiblement pas plus traumatisé que ça par la vision.
Sakura sursaute et retourne à ses papiers, vérifiant les dernières informations
avant de les lire à voix haute.
-Et bien, le journal du docteur s'achève à la page suivante. Naga-dono a vu
le nid et les serpents et a arraché le bébé avant de s'enfuir avec. La dernière
chose qu'écrit le docteur, c'est qu'il est tombé malade.. La fin.
-J'ai connu des contes de fées plus joyeux.
-C'est pas finit, coupe Shikamaru. C'est là que ça devient gonflant. Naga-dono
est arrivé dans un village caché, ou il avait des contacts, et s'est installé
la-bas avec son enfant. Il a épousé une femme et fondé une nouvelle famille.
Six ans plus tard, Naga-dono, sa compagne et leurs deux filles sont massacrés
d'atroce manière. Seul l'enfant est retrouvé vivant. Il est confié à son senseï
qui l'élève. L'enfant présente des pouvoirs extraordinaires, surtout venant
d'une famille sans limite de sang. Il devient chounin, puis jounin, collectionne
les jutsus comme d'autres les papillons, jusqu'au jour où il pète un câble,
sans raison apparente, et devient criminel de rang S.
Shikamaru prend une profonde inspiration avant de lancer sa dernière bombe
de la journée.
-Le nom de cet enfant est Orochimaru.
Le silence est si profond que Sakura entend très distinctement Akamaru marmonner
de sa toute nouvelle voix de bébé une injure qu'aucun bébé ne devrait connaître.
-Et ça tu le sais comment Shika? Demande Kiba.
-Hokage-sama m'a fait un topo là-dessus avant notre départ.
-Tu savais?!!!
-Non, reprend calmement Shikamaru, Hokage-sama a fait des recherches sur la
famille d'Orochimaru, pour savoir d'où venait ses capacités extraordinaire.
Et elle a découvert que son village d'origine avait été envahis par des serpents,
comme on dit: Elle a fait le calcul.
-Si elle savait déjà, pourquoi cette vieille garce nous a envoyé ici?! Proteste
Naruto en agitant les bras, hors de lui.
-Elle ne savait rien de précis, tempère Shikamaru en se frottant la nuque.
Juste qu'il est né dans un village infesté de démons et qu'il a des caractéristiques
de serpent. Elle ignorait ce qui s'était passé exactement. En fait, elle croyait
qu'Orochimaru était hybride de démon.
-Hannyo, précise Kiba d'un ton morne.
-Et en fait, Orochi s'est réincarné dans l'enfant, marmonne Sasuke.
-Avant que vous arriviez, nous pensions qu'Orochimaru était un lointain descendant
d'Orochi. Les deux théories se valent et...
L'explication de Shikamaru s'arrête nette quand il aperçoit les sharingan
de Sasuke tournoyer furieusement dans sa direction. L'Uchiha a l'air furieux,
ce qui est compréhensible pour au moins une demi-douzaine de raisons depuis
qu'ils ont mis le pied ici. Et quand Sasuke est furieux, ça se termine en
général en bain de sang. Autant Shikamaru est attaché à son sang, il doute
de ses qualités cosmétiques.
-Ce n'est pas un hasard si j'ai été envoyé sur cette mission?
Shikamaru comprend soudain qu'il ne peut pas mentir. Pas quand il fait face
à ces yeux écarlates qui semblent vriller jusqu'au fond de son âme et y lire
tout ses secrets.
-Non.
Asuma sera furieux quand il apprendra que son entraînement en volonté laisse
autant à désirer, mais il vaut mieux répondre immédiatement aux questions
d'un Uchiha furieux.
-Est-ce que tu m'as utilisé comme appât ?
-Oui.
Shikamaru ne doit sa survie qu'aux réflexes fulgurant de Naruto et Kiba qui
se sont jetés sur Sasuke et l'empêchent de le chidoriser.
-En fait, appât n'est pas le terme exact, reprend plus calmement Shikamaru,
reculant à peine d'un pas. Selon les informations relevées chez Mitarashi
Anko, les serpents protègent et respectent les porteurs de la morsure. Tu
es une des personnes les plus à l'abri ici.
-Ca te serais pas venu à l'esprit de me PREVENIR ?!!!
-Je pensais que tu aurais remarqué depuis le temps…
-Sasuke à la frousse des serpents, intervient Naruto sans lâcher son ami,
il les évite ou les katonise a vue.
-Naruto!
-Quoi, c'est vrai !
-Je n'ai PAS la frousse !
-Ho vraiment, et la fois ou tu as fait un bond de dix mètres en mettant le
pied dans un nid d'orvet ?
-J'ai juste été surpris !!!
-Moi ce qui m'a surpris c'est le cri de pucelle outragé que tu as poussé.
Shikamaru est soulagé quand le regard écarlate de Sasuke le quitte pour se
poser sur Naruto. Enfin, soulagé pour sa propre survie, pas celle de Naruto.
-Tu es mort, informe froidement Sasuke à son équipier.
-Sanglier, coq, rat. SUITON ! KOSAME !
Les deux amis cessent aussitôt de se battre quand un flot d'eau glacée les
inonde de la tête aux pieds.
-Calmés ? S'enquiert Sakura d'un ton qui n'a rien à envier à la température
de l'eau.
Les deux camarades marmonnent un 'oui Sakura' peu convaincant et Kiba, qui
se trouvait aussi dans le champ d'action de la technique, décide sagement
de s'éloigner de quelques pas, essorant sa parka, Akamaru secouant sa fourrure
à ses pieds.
-Bien, ce n'est pas le moment de nous disputer. Nous devons trouver la vérité
sur Orochimaru et Yamata no Orochi.
-Il va falloir nous rendre au temple pour enquêter là dessus, déclare Shikamaru
en tentant d'ignorer les regards méchants de Sasuke sur sa personne.
-Les rokuro kubi vont nous tomber sur le coin de la gueule, lui-rappelle Kiba.
-Est-ce que le fait qu'elles ne se sont transformées qu'à la nuit tombé implique
qu'elles ne sont dangereuses qu'à ce moment là ?
L'Inuzuka croise les bras, réfléchissant longuement avant d'hausser les épaules.
-Pas la moindre foutue idée. C'est possible…
-Il y a peut être une autre solution, intervient Sasuke avant d'exposer brièvement
leur rencontre avec les renardes.
-Elles ne vous ont pas attaquées à vue ? Étrange, marmonne Shikamaru.
Aux regards embarrassés que les garçons échangent, Sakura sent bien qu'ils
lui cachent quelque chose, mais elle les sait suffisamment sensés pour ne
pas cacher d'informations vitales.
Ou du moins, elle l'espère.
Des précisions seront demandées après cette mission, par la force s'il le
faut.
-Bon, on doit trouver Kurogane, commence Shikamaru. Kiba, peux-tu nous faire
un topo sur les tengu?
Le garçon chien hoche la tête, sourcils froncés, tout en secouant sa parka
pour essorer les dernières gouttes.
-Voyons voir. Les tengus sont des bakemono, associés au corbeau. On en reconnaît
deux types : Les jeunes, appelés karasu-tengu et les plus vieux, yamabushi-tengu.
Les jeunes restent le plus souvent sous une apparence de corbeau, ou d'hybride,
mais les vieux peuvent se transformer en humain à long nez ou d'autres animaux.
Ils ont tous le pouvoir de lire les pensées et se téléporter.
-On a vu, grommelle Sasuke.
-Ha, reprend Kiba, se souvenant d'un détail, je sais pas si c'est une légende
ou pas, mais vu ce qu'a dit Kurogane…
-De quoi ?
-Les tengus seraient les créateurs du ninjutsu.
-Pardon ?! Rétorquent en chœur ses camarades.
-Maman me racontait souvent cette légende, continue Kiba. Le premier ninja
aurait appris les arts martiaux d'un tengu déguisé en yamabushi.
-Ne me dis pas que ce mythique tengu serait Kurogane… s'exclame Sakura, incrédule.
Que ce pochtron à demi clochard soit un tengu est déjà étonnant, mais un tengu
légendaire en plus ?!
-Aucune idée, admet Kiba, mais ce qui est sur, c'est que les tengus connaissent
le ninjutsu.
-Donc, résume Sasuke, on doit retrouver une créature magique, capable de deviner
nos pensées, de nous échapper en une seconde, de se transformer et qui connaît
les techniques ninja sur le bout des doigts.
-Heu… Ouais, admet Kiba.
-On est mal barrés, ajoute Naruto avec un grognement fatigué.
-Il reste environ cinq heures avant le coucher du soleil, déclare soudain
Shikamaru. Sakura, tu prends Sasuke et Naruto avec toi. Explorez la forêt
au sud. Kiba, tu viens avec moi, on va voir dans la montagne.
-Shika, c'est une mauvaise idée… Commence Kiba.
-Et pourquoi ?
-Ben c'est le repaire de beaucoup de bakemono…
-Dont les tengus ? S'enquiert Shikamaru.
-Heu, ouais, répond Kiba, sentant qu'il est en train de creuser sa tombe.
-Et nous cherchons quoi ?
-Un tengu, soupire Kiba en se levant.
-Attendez ! Coupe Sakura. Et Neji ? On ne peut pas le laisser seul ici ?
-Je sais encore me défendre Haruno, objecte Neji d'un ton froid.
-Combien de doigts ? Rétorque Sakura en lui fourrant la main sous le nez.
-Heu...
-On ne le laisse pas seul, reprend-t-elle aussitôt sans lui laisser le temps
de répondre.
-Tout a fait d'accord, ajoute Shikamaru en se tournant vers Kiba, laisse lui
Akamaru.
Kiba et son chien échangent un regard un peu interloqué, surpris par l'ordre,
mais le chien finit par lancer un petit aboiement qui ressemble fort à 'oui
chef' et va s'asseoir près de Neji. Lequel Neji semble assez peu ravi d'être
baby-sitté par un chien.
-Retour ici dans deux heures et demi, continue d'ordonner Shikamaru en s'armant.
Essayez de ne pas vous mettre les monstres à dos.
oOo
Ca fait maintenant deux heures qu'ils marchent dans la forêt et Shikamaru
se seulement compte de quelque chose au sujet de Kiba. Tous les ninjas de
Konoha savent grimper aux arbres, ils savent se cacher, survivre en forêt,
utiliser toutes ses ressources, connaissent les plantes qui soignent et celles
qui empoissonnent, savent marcher sur les feuilles mortes et dormir dans les
branches, mais jamais, jamais Shikamaru n'a vu quelqu'un se déplacer comme
Kiba.
Ce n'est pas plus furtif, ni plus élégant, et puis Kiba ne comprendrait pas
le concept d'élégance si on le lui mettait sous le nez.
Non c'est juste plus…
Plus naturel.
Il n'y a pas d'autre mot. Kiba marche dans la forêt comme s'il était fait
pour cet environnement et malgré la trouille manifeste qu'il éprouve pour
les bakemonos.
Kiba s'arrête soudain, faisant signe à Shikamaru de l'imiter. Il semble écouter,
reniflant l'air, le nez levé avant de grommeler quelque chose à voix basse
et se tourner vers Shikamaru sans quitter du coin de l'oeil un point dans
les arbres.
-Deux tengus dans cette direction. Il y a aussi une nekomata et quelques tanukis.
-Traduction?
-Chatte nécromancienne et des cousins de Shuukaku.
-Est-ce qu'un des tengus est Kurogane?
Kiba secoue la tête, espionnant les créatures entre deux branches. Shikamaru
se penche aussi et entrevoit deux moines, vêtus comme Kurogane, quoique d'une
manière plus soignée, assis sur un arbre étrangement distordu, les branches
partant presque à l'horizontale et s'étendant jusque dans la ramure des arbres
alentours. Il y a une femme aussi, vêtue d'un kimono blanc aux étranges motifs
rougeâtre et qui tient un koto sur ses genoux, confortablement installée sur
une branche à deux mètres du sol. Comment as-t-elle pu grimper là haut avec
ses getas à hauts talons est un mystère. Il met un moment à trouver les tanukis,
quelques boules de poils toutes ébouriffées, à peine assez vieux pour quitter
leurs mères et qui écoutent sagement un des tengus leur faire une espèce de
leçon.
-ils savent peut être ou se trouve Kurogane.
-Ho, et tu veux qu'on aille les voir et leur demander poliment s'ils savent
ou il se trouve s'il vous plait merci?
-Tu as une autre solution?
Kiba soupire mais hoche la tête.
-On y va et on leur demande pas poliment, pas s'il vous plait, pas merci.
Shikamaru voit ensuite Kiba retirer son bandeau de ninja, puis son chapelet,
son manteau et les lui jeter, restant en filet et protection de combat, avant
d'accrocher plusieurs armes en évidence sur lui. Puis il se redresse, raidit
les épaules et avance dans la clairière, d'un air conquérant. Les bakemono
sont aussitôt sur leurs gardes, dès qu'il abandonne la furtivité des ninjas
pour une attitude beaucoup plus provocatrice. Un des tengus descend même de
sa branche, s'accroupissant près des petits tanukis qu'il recouvre d'une aile
fantomatique.
-Salut les cousins, salut Kiba dès qu'il arrive au pied de l'arbre.
-Qu'est ce que tu fous là Hannyo? Rétorque aussitôt le tengu au sol.
-T'es pas au courant que c'est un territoire démoniaque ici? Reprend la femme
en accordant son koto, créant une note perçante qui donne la chair de poule.
-Dommage si ça te défrise les moustaches, minette, lance Kiba d'un ton goguenard
en croisant les bras.
-On ne veut pas de bâtard ici, reprend le moine perché sur les branches.
-Ca a l'air de me faire peur? Je treeeemble, ça se voit non?
-si tu n'as pas quitté notre territoire dans les cinq secondes... Menace la
femme en secouant sa crinière blanche hisurte.
-Vous faites quoi? S'enquiert Kiba d'un ton froid, crispant les doigts pour
dévoiler ses griffes sombres. Je devrais avoir peur d'une minette, de deux
vieux corbeaux et de blaireaux à peine assez vieux pour mâcher leur propre
viande?
-Tu es arrogant! Reprend un des moines. Ici n'est pas la place des humains!
Shikamaru se demande un moment si ce n'est pas de lui dont parle le corbeau.
La femme l'a remarqué aussi, et le fixe de ses yeux d'or fendu. Elle n'est
pas aussi belle que les rokuro kubi, plus vieille, plus maigre, la bouche
est trop petite, trop pincée pour être sensuelle, et puis le regard qu'elle
lui lance est tout, sauf aguicheur.
-Si c'est pas ma place, alors je viendrais la prendre, rétorque Kiba en montrant
les crocs.
La femme miaule soudain, un cri perçant et pétrifiant, comme une craie sur
un tableau noir et Kiba rétorque d'un grondement canin. En quelques secondes,
la femme a disparut, laissant place à une chatte à deux queues, blanche tachée
de rouge, qui se réfugie au plus haut qu'elle peut grimper. Les moines restent
méfiants, mais ne bougent pas, seul un battement d'ailes frénétique trahis
leur nervosité. Par contre, les jeunes blaireaux se hérissent et le plus vieux,
une boule de poil aux crocs d'aiguilles se rue à l'attaque. Son professeur
tente de le rattraper, crapahutant à quatre pattes après le kamikaze. Shikamaru
se tend, méfiant, mais Kiba n'est apparemment pas impressionné par l'attaque
et cueille le blaireau du bout du pied, l'éjectant dans les airs à hauteur
de tête avant de le choper par la peau du cou. Les tengu sont aussitôt sur
leurs gardes, semblable à des tourbillons hérissés de plumes sombre et de
loques écarlates.
-Je suis peut être un hannyo, mais je suis fils d'Inutsuka! Hurle Kiba aux
deux adultes, les faisant reculer de surprise. J'ai appris le combat de sa
main, les prières de ma mère, et vos pitoyables ancêtres ont jurés obéissance
à ma famille! Maintenant petit con tu va me dire tout de suite ou est ce vieux
porc de Kurogane ou je t'arraches les pattes!!!
-Kiba calme-toi!!! Ce n'est qu'un blaireau... murmure Shikamaru, inquiet que
les adultes décident de les attaquer pour protéger le petit.
-C'est un PUTAIN de TANUKI! Et il va me dire de suite ou est le vieux!!
Et la seconde suivante, Kiba ne tiens plus un jeune blaireau, mais un gamin
d'une dizaine d'année, au visage tanné et au crâne rasé, emberlificoté dans
un manteau de moine trop grand pour lui. Visiblement, le petit ne maîtrise
par encore parfaitement l'art de la métamorphose, car de grandes plaques de
poils parsèment sa peau et son visage au nez sombre et pointu
-Au village! Il est au village! Il a dit qu'il devait aller au temple!
-Au temple?
-Oui! Quelque chose au sujet de Yamata No Orochi!
-T'es pas en train de mentir hein?
-Non! Non Seigneur, je le jure, je le JURE!
Kiba observe longuement, comme s'il était Sasuke ou Neji, l'enfant qu'il tient
à bout de bras, avant le reposer au sol.
-Retournez à votre mère. Vas y avoir du grabuge ici.
L'enfant hoche la tête puis se précipite dans les ailes d'un des tengu qui
l'enveloppe aussitôt dans un cocon de plumes, crachant des jurons sur Kiba.
-Kurogane-sama sera mis au courant de tes menaces, Hannyo!
Le sourire carnassier qui étire alors les lèvres de Kiba fait même reculer
Shikamaru, qui a déjà vu Naruto sourire comme ça, le jour il a ramené Sasuke
inconscient à Konoha, le traînant par le pied, couvert du sang de ses ennemis
et heureux de ce simple fait.
-J'y compte bien le vieux. J'y compte bien, c'est lui que je cherche je te
rappelle. Shika, ajoute t'il d'un ton sec, avec un geste du menton.
Shikamaru hoche la tête et le suit, non sans avoir poliment salué les bakemono.
C'est peut être une cause perdue que d'obtenir leur aide après la comédie
de Kiba, mais ce n'est pas une raison pour se les mettre à dos, ou du moins
encore plus. Tout le temps que Kiba est à portée de vue, d'oreille et de quelqu'autre
sens de bakemono, il reste droit, menaçant, d'une attitude que Shikamaru ne
peut s'empêcher de trouver conquérante... Et puis le brun semble se dégonfler
d'un coup, ses épaules retombent, son dos se recourbe et il pousse un profond
soupir, s'appuyant contre un arbre pour que ses genoux ne le lâche pas.
-Je ne refais plus JAMAIS ça, déclare-t-il d'une voix tremblante.
-Ca ira? Demande Shikamaru en lui tendant sa veste.
-Laisse moi quelques minutes pour me rendre compte que j'ai défié deux yamabushi-tengu,
une nekomata et une portée de Tanuki et que je suis toujours en vie malgré
cette connerie monumentale.
Shikamaru le regarde se rhabiller et reprendre ses esprits, lui laissant le
temps de se remettre. Il est au courant des origines de Kiba, comme de la
plupart des secrets de ses hommes. Hokage-sama lui a fait un rapide topo,
contre la promesse qu'il n'utiliserait cette information que pour les missions.
Et puis, Kiba a déjà dit ce que signifiait hannyo, le terme dont les tengu
l'ont gratifié.
Ca ne fait rien.
Un demi-démon ne fait pas tâche dans une équipe composée de deux possédés
et un mutant, sans compter une fille qui présente des symptômes évident de
schizophrénie.
Ca ne fait rien, mais ça n'empêche pas Shikamaru d'être curieux sur certains
détails qu'il ignorait.
-Inutsuka... Ce n'est pas un démon qui a pris parti pour des humains il y
a quelques siècles?
-Mon ancêtre, répond Kiba tout bas, sans oser regarder Shikamaru.
-Tu as dis que c'était ton père tout à l'heure...
-J'ai bluffé. Les démons se rendent pas toujours compte du temps qui passent,
ils peuvent croire que je suis son fils autant que son petit fils... Ou dans
mon cas, arrière arrière arrière arrière arrière petit fils, ajoute Kiba avec
un petit grognement las.
-Ils n'auraient pas obtempérés si tu avais avoué un tel écart de génération,
comprend Shikamaru.
Kiba hoche la tête, un peu circonspect devant l'apparente indifférence de
Shikamaru. Il ne comprend pas toujours son chef d'équipe. De toute la bande,
c'est le seul à ne pas avoir paniqué ou crisé depuis le début de la mission
alors qu'il est le plus à risque ici.
D'un autre côté, c'est de Shikamaru qu'on parle. Paniquer est trop fatiguant.
-L'ancêtre était craint et obéit par les démons, mais j'ai trop de sang humain
pour parvenir au quart de sa puissance d'antan. P'tain, même le gosse aurait
put me mettre une raclée d'une main en se grattant la fesse gauche de l'autre.
-On a vraiment eut chaud alors.
-Faut prévenir l'équipe à Sakura et retrouver Neji.
oOo
-Comment diable cherche-t-on un corbeau au milieu d'une forêt?!!!! Râle Sakura
en levant les bras au ciel.
Kakashi les as entraîné à chasser de nombreux animaux dangereux, des loups,
des chats sauvages, des ours même, qu'ils soient ninjas ou non, mais les oiseaux,
jamais. Surtout pas un bête oiseau percheur et charognard comme le corvus
corax.
-J'ai une idée, propose Naruto.
-J'ai peur de demander, soupire Sakura.
-j'abats tous les arbres de la forêt.
-Refusé, grommelle Sakura.
-Ho... Sasuke se met à poil pour attirer le vieux porc.
-Refusé, gronde Sasuke avec un regard mauvais.
-C'est pas la peine de me regarder comme ça ! Je propose des plans moi au…
Il y a juste un froissement d'herbes et les trois ninjas sont sur leurs gardes,
mais Naruto reste le plus rapide des trois, lançant une volée de shuriken
sur l'origine du bruit, sans même se demander de quoi il s'agit. Sasuke lui
en est presque reconnaissant quand il voit la créature responsable, un long
serpent gris pâle qu'il sait extrêmement venimeux, se tordre au sol, transpercé
par les pointes acérées.
-Un habu [1], marmonne Sakura, vérifiant machinalement qu'elle a du sérum
dans sa poche.
-Sale bête, elle nous suivait j'en suis sûr, grogne Naruto.
-Ce n'est qu'un serpent Naruto, soupire Sakura, affligée de l'attitude infantile
de Naruto.
Le blond ramasse une branche morte sans rien dire et pousse doucement le cadavre
vers Sakura. Il relève les yeux et elle recule nerveusement devant les iris
violacé et les pupilles ovales. Ca ne ressemble pas à Naruto d'être aussi
sérieux, aussi froid, aussi… dangereux.
-Regarde bien Sakura, et dis moi si ça ressemble à un serpent.
Sakura obéit malgré elle, contente de ne plus croiser le regard trop froid
de Naruto. Le serpent est toujours immobile et bienheureusement mort.
Et puis…
Et puis Naruto le pousse de la branche et ce n'est plus un serpent pâle qui
gît au sol, presque tronçonné par les shuriken, mais une femme, au cou trop
long, richement vêtue, sa peau pâle tachée de sang, et les yeux vitreux.
Et puis il n'y a plus que le serpent et Naruto qui l'écrase de coups de pieds
rageur.
-Une ro.. rokuro kubi, conclut Sakura, faisant de son mieux pour ne pas imaginer
à quel sort ils viennent d'échapper.
-Je vais vérifier s'il en reste, grogne Naruto avant de se tourner vers les
buissons alentours, gardant sa branche à la main.
Sakura acquiesce par réflexe, le regard fixé sur la bouillie sanglante au
sol, encore imprimée de la semelle de Naruto. Elle sursaute presque quand
Sasuke l'approche et touche son coude pour attirer son attention.
-Sakura... Naruto a fait une crise tout à l'heure, murmure-t-il à voix basse
sans quitter le blond des yeux.
Pas besoin de préciser quel genre de crise. Surtout pas après la démonstration
qui vient d'avoir lieu.
-Ho non... Non, pas maintenant, gémit Sakura, jetant un regard affolé à leur
compagnon, devant eux, qui bat les buissons à coup de bâton.
-Il n'est pas arrivé à se calmer.
-Que s'est il passé? Souffle la jeune fille, tâtonnant dans sa sacoche à la
recherche des calmants et des sceaux que lui a donné Godaime-sama. Vous vous
êtes disputés?
-Je ne suis pas responsable des sautes d'humeur de Naruto. Enfin, pas toujours,
amende Sasuke sous le regard un brin dubitatif de Sakura. Il faudrait lui
donner un sédatif...
-Oui... Mais je ne peux pas... Le calmant le rend groggy et la nuit va tomber.
Il sera en danger s'il ne peut pas se défendre...
Elle a envie de dire qu'ils seront en danger s'il ne peut pas les défendre.
Même si Sasuke est puissant, elle ne peut s'empêcher de penser que seul Naruto
sait à peu près ce qu'il fait ici. A bien y réfléchir, ce n'est pas un concept
très rassurant, mais comme Kiba, il a l'air de reconnaître les animaux des
bakemonos au premier coup d'œil. Depuis qu'ils sont ici, Naruto est un de
leur baromètre de danger, c'est lui qui course les bestioles dangereuses,
qui trouve les chemins les plus sûrs et...
Et pourquoi est-ce qu'il se tiens soudain aux aguets ?
-Naruto?
Sasuke a déjà sortit un kunaï et pivote sur lui même pour tourner le dos à
Naruto et garder ses arrières. C'est étrange comme c'est devenu facile de
confier sa vie à Naruto ou de veiller sur la sienne. Lui qui ne voulait pas
s'attacher, qui ne voulait pas accorder son amitié, ou même sa confiance,
se retrouve maintenant intégré dans une équipe, soudé aux deux autres, au
point qu'il ne se sent bien que quand il a Sakura à sa gauche et Naruto à
sa droite. Quelques années plus tôt, il aurait refusé cette proximité, il
se serait éloigné, les aurait tenus à distance, les aurait repoussés... C'était
avant de découvrir ce que Kakashi appelle l'effet jokari.
Plus on repousse Naruto et Sakura, plus ils reviennent vite, fort et furieux
d'avoir été mis à l'écart. Ils étaient revenus après le désastre d'Orochimaru.
Ils étaient revenus quand il les avait repoussés pour aller se battre contre
son frère. Ils revenaient quand il avait ses crises de possession et qu'il
s'enfermait pour ne pas risquer de les blesser.
Il avait longtemps cru qu'il les laissait approcher parce que c'était plus
simple que d'essayer de les en empêcher.
Maintenant il sait que c'est pour mieux les protéger.
-Naruto? Répète Sakura, prenant place à côté de ses hommes, protégeant leur
flanc exposé.
-Neji est en danger.
oOo
Neji n'a jamais eut peur du noir.
Il a toujours vu dans le noir comme en plein jour, depuis sa naissance. Jour
et nuit, pour lui, ça revient au même. Il voit. Regarder à travers un corps
ou un mur n'est qu'une étape supérieure, mais il n'a jamais eut besoin de
lumière. Il n'a jamais eut peur du noir parce qu'il n'a jamais vu le noir.
Il n'a jamais été incapable de voir.
Il sait pourtant que, sans le byakugan, les Hyûga sont aveugle. C'est héréditaire.
Leur ancêtre, le fondateur, est né ainsi. Il avait mis au point le byakugan
pour pouvoir devenir un ninja malgré son handicap, et par la suite, l'avait
développé en limite de sang, afin que sa descendance, atteinte du même mal,
prenne sa suite.
Neji a toujours su qu'il n'y avait pas de monstre dans le placard ou derrière
le paravent.
Mais il découvre maintenant pourquoi le noir fait tellement peur aux enfants.
Ce n'est pas tellement l'incapacité de voir qui le terrifie, mais c'est de
ne pas pouvoir se repérer, de ne pas savoir ou il se trouve, ce qui se passe
autour de lui et n'avoir aucun contrôle sur les évènements.
Il a la main sur le collier d'Akamaru. Pas parce qu'il a peur, mais pour garder
un repère stable. Parce qu'il y a quelque chose autour d'eux.
Il entend des grincements, des craquements, des portes qui glissent et se
referment, des bruissements, et il n'arrive pas à les identifier, parce qu'il
n'a pas l'ouïe aussi développée que la vue et que le chien grogne et il n'est
pas en train de paniquer, mais tout se brouille et...
Et il y a quelque chose derrière lui.
Quelque chose qui le guette, qui est juste à côté de lui, il le sait, mais
il ne l'entend pas, ni ses pas, ni sa respiration, il ne sent pas son odeur
et il se demande s'il devient fou, comme ça, aveugle dans une maison vide,
à croire qu'il y a quelqu'un à côté de lui.
Akamaru grogne plus fort maintenant et il sent ses poils se hérisser sous
sa main.
-Akamaru, couché, ordonne-t-il d'une voix basse.
Le chien répond par un gémissement, si mal articulé qu'il faut plusieurs essais
à Neji pour comprendre qu'il essaye de parler.
-Méchaaaaant. Méchant autour.
A peine Neji as t'il réussi à identifier l'avertissement que la maison s'ébranle.
Les portes s'ouvrent et se ferment successivement, violement, le sol tremble,
une espèce de vent se lève, charriant la poussière, les débris et des odeurs
de vieux et de sale. Neji saute sur ses pieds, prêt à sortir quand un débris
quelconque le percute soudain au front, lui faisant lâcher le collier du chien.
Il titube, mains tendues en aveugle devant lui, son seul repère étant désormais
le sol qui tremble sous ses pieds. Après quelques secondes de panique, le
chien se place de lui même sous sa main, l'aidant à reprendre le contact.
-Il faut sortir, déclare Neji, se sentant un peu stupide de parler au chien,
même en sachant qu'Akamaru comprends ce qu'il dit.
Les mains solidement accrochées au collier de cuir, la tête rentrée dans les
épaules, Neji fait un pas, puis un autre, priant pour ne pas recevoir un autre
débris. Il continue d'avancer, au hasard, quand il se rend compte de plusieurs
anomalies.
Pour commencer, la pièce ou il était ne pouvait pas être si grande que ça,
il aurait déjà du rencontrer un mur.
Ensuite, ce n'est plus du plancher qu'il a sous les pieds, il peut sentir
de l'herbe lui chatouiller les chevilles.
Et enfin, depuis qu'il a commencé à marcher, Akamaru n'a pas fait un seul
pas et pourtant est toujours debout à ses côtés.
-Akamaru?
Aucune réponse venant du chien. Pas même un souffle. Neji serre derechef ses
mains sur le collier et la fourrure épaisse et rêche et piquante et...
Akamaru n'a pas le poil long, se souvient-il soudain.
Des épines lui transpercent la peau et il lâche brutalement le buisson qu'il
étreignait.
Une illusion. Une foutue bonne illusion si même le sens du toucher s'y est
laissé prendre.
-AKAMARU!
Il doit être à l'extérieur. Où, il ne sait pas. Mais il sent le vent frais
et entend les chants des oiseaux et.. .depuis quand les bruits ont cessés
au fait?
-AKAMARU!
Et s'il était encore dans l'illusion? Shikamaru et Sakura lui ont dis tout
à l'heure que les illusions des monstres touchaient les cinq sens. Comment
s'en débarrasser? Il se rappelle vaguement les leçons de Gai à ce sujet là,
ses conseils de se concentrer sur un sens, mais comment savoir lequel ne l'induirait
pas en erreur?
Il ne faut pas paniquer. Surtout pas. Il ne faut pas...
-Êtes-vous perdu jeune homme?
Neji sursaute, surpris de ne pas avoir sentit arriver l'homme qui vient de
parler. Il se tourne vivement, essaye de trouver l'origine de la voix et trébuche
sur un rocher plat posé au sol. Il se rattrape comme il peut, agrippant une
espèce de stèle coiffée d'une lanterne de pierre.
-Et bien et bien, reprend la voix, doucement jeune homme.
-Je.. Je vous prie de m'excuser...
-Hmmm, quelque chose ne va pas? Tenez, asseyez-vous. Non, non sur la pierre,
ça ira pour cette fois.
Neji obéit, tâtonnant pour trouver un siège sur la pierre plate, s'adossant
à la stèle derrière. D'un côté, ça le soulage que son interlocuteur ne semble
pas agressif, mais de l'autre, il se demande à quel point il est réel.
-Je.. Je vous remercie Monsieur.
-Je vous en prie. Il semblerait que vous ayez rencontré les rokuro kubi...
-Comment savez-vous... demande Neji, plaquant la main sur le pansement qui
orne son cou.
-Et bien, disons que je reconnais la manière dont les suivantes de ma fille
laissent des suç...
-Nazuchi-sama! Tranche soudain une voix de femme, sèche et autoritaire. Ce
n'est pas poli de parler de choses si vulgaire avec un invité!
Neji se fige, se raidissant sur son siège improvisé. Nazuchi. Un des membres
de la famille dirigeante. Tous morts depuis des années.
-Jeune homme, reprend l'homme, peu troublé de s'être fait réprimandé, voici
mon épouse, Nazuchi Tamiko. Nazuchi-dono, laissez moi vous présenter... En
fait, jeune homme, je crois que nous n'avons pas été présentés.
-Hyûga Neji. Très honoré Nazuchi-dono, parvient à dire Neji en s'inclinant
dans la direction approximative de la voix de femme.
-Il ne devrais pas rester ici, déclare soudain Tamiko. Hebiko ne va pas tarder
à revenir.
-Où est le problème chère amie? Hebiko a déjà rencontré ses camarades, je
ne vois pas ce qu'elle pourrait lui reprocher.
Neji glisse subrepticement une main sur la pierre qui lui sert de chaise.
Une pierre régulière, apparemment taillée, lisse, couverte de mousse... Gravée
de vieux kanjis illisible.
Il faut toute la maîtrise de Neji pour ne pas s'enfuir en hurlant quand il
reconnaît sur quoi il est assis.
-Elle ne lui reprochera rien Nazuchi-sama, continue Tamiko, mais regardez
le! Quand elle le verra, elle ne voudra plus le laisser partir. Et il viendra
grossir le rang de ces pauvres enfants qu'elle a déjà capturés.
-Je ne vois pas... commence le père d'Hebiko.
-Père, Mère, je suis revenue!
Neji peut presque sentir les deux fantômes sursauter. Il ne peux pas les en
blâmer, lui même à bondit sur ses pieds en entendant la voix d'Hebiko retentir
sans préavis.
-Je n'ai pas retrouvé mon bébé, continue la jeune princesse d'une voix chagrinée.
-Hyûga-kun, fuyez, vite, conseille la voix de Tamiko à son oreille, si bas
qu'on dirait un des insectes de Shino.
S'il pouvait se lever et partir en courant sans buter sur les tombes, Neji
le ferait volontiers. Mais il n'a de toute manière pas le temps de bouger
que la voix de la princesse retentit à nouveau.
-C'est mon bébé !
-Non Hebiko, corrige Nazuchi-sama, d'une voix grave, redevenu sérieux avec
la situation.
-Mais regarde Père ! Il me ressemble, c'est mon bébé ! Il a mes cheveux… Mes
longs cheveux noirs… Les mêmes que les miens.
Neji se fige en sentant quelque chose glisser dans ses cheveux. Le geste est
plus ou moins familier, il y a rarement droit, surtout par sa mère, ou Tenten,
parfois, quand il se sent d'humeur généreuse et la laisse le toucher. Mais
ce n'est pas une main souple et douce qui passe dans ses cheveux. C'est dur,
froid, pointu, comme un gros peigne d'écaille articulé. Il n'arrive pas à
réprimer un tremblement convulsif quand il comprend enfin de quoi il s'agit.
-Tu as froid mon bébé ? Demande doucement Hebiko en approchant à le toucher.
Il sent comme une cage s'appuyer contre son torse et les peignes se referment
sur ses bras, en une parodie de caresse maternelle.
-Maman est là bébé, tu n'as rien à craindre.
-Hebiko, lâche cet enfant, ordonne sèchement son père.
-C'EST MON TOUT PETIT ! Rétorque la princesse avec un hurlement grinçant,
plantant les dents du peigne dans l'épaule de Neji.
-Ton enfant n'a jamais existé, la coupe le vieil homme. Il est mort, mort
bien avant nous.
-C'est FAUX ! Je l'ai porté avant votre mort ! Il est né après votre décès
père !
-Il est mort longtemps avant, intervient une autre voix de femme, plus âgée,
empreinte d'autorité. Le jour ou tu as failli le perdre.
-NON ! Hurle la princesse.
Et Neji a soudain l'impression d'être de retour à l'académie, avec les furies
qui se battaient autour de lui pour obtenir le droit de manger avec lui. Ou
du moins, c'est à ça que lui font penser les cris d'Hebiko.
-Yamata no Orochi est entré dans ton esprit et l'a balayé, comme un tsunami
détruirait une barque de bambou, continue la voix de femme, tu es morte et
Orochi possédait ton corps, afin que le bébé soit sa prochaine incarnation,
un descendant d'Orochi pour briser les derniers enchantements qu'il subissait,
un fœtus baigné dans un mauvais chakra, corrompu bien avant sa naissance.
Tu as accouché d'un démon Hebiko.
-C'EST FAUX !
-Alors comment es-tu morte ?
-Je.. J'étais trop faible… La fausse couche m'a épuisée et…
-Tu es morte ce jour là. Pas à la naissance du bébé, mais six mois avant.
-Mon bébé... gémit la princesse.
-Tu le retrouvera un jour, reprend la voix de femme inconnu, approchant sensiblement
d'Hebiko et Neji. Lâche cet enfant maintenant.
Neji sent les peignes se desserrer, comme à regret, puis les sanglots d'Hebiko
s'éloignent, subsistant à quelques mètres de là.
-Merci... Madame... Balbutie Neji.
-Tout ira bien. Ryuji? Arrête l'illusion, ordonne t'elle.
-Oui Ancêtre Vénérable, répond Nazuchi-sama, la voix pleine de respect.
Pas grand chose ne change. Sinon que soudain, il entend les aboiements affolés
d'Akamaru, sent sa fourrure sous ses doigts et une douleur sourde au niveau
de sa cheville, là ou le chien le mord pour le réveiller.
-Ca va Akamaru.
Le chien couine de soulagement puis grogne soudain, reculant contre les jambes
de Neji, comme pour le protéger de ce qui lui fait face.
-Je ne ferais rien à ton maître, reprend soudain la voix de femme, faisant
sursauter Neji qui la croyait partie.
-Madame...
-Tes compagnons arrivent Hyûga-kun, reprend-t-elle d'une voix douce.
-NEJIIIIIIII! Retentit aussitôt la voix de Naruto.
En un instant, Naruto est près de Neji, l'inspectant sous toutes les coutures,
tâtonnant ses bras et ses vêtements.
-Tu vas bien? Qu'est ce qui s'est passé bon sang et qu'est ce que tu fais
au milieu de...
-Naruto, avant d'ouvrir la bouche, sache que je ne veux PAS savoir ce qu'il
y a autour de moi, lâche Neji d'un ton qu'il espère aussi ferme qu'habituellement.
Naruto hausse un sourcil, se tourne pour demander de l'aide à Sakura et aperçoit
alors l'interlocuteur de Neji.
Une femme d'une cinquantaine d'années, aux très long cheveux blanc qui tombent
jusqu'au sol, vêtue de tant de kimonos si longs qu'ils semblent couvrir les
tombes défoncées autour d'elle et qu'on ne discerne pas sa silhouette.
-Qui vous êtes? S'enquiert Naruto avec toute sa délicatesse, cinq secondes
avant que Sakura ne lui assène une taloche et l'ordre de rester poli.
-Elle m'a aidé, intervient Neji.
-J'avoue que ce n'était pas un acte totalement désintéressé, reprend la femme,
sans se déparer de son sourire calme.
L'inquiétude des ninjas doit se lire sur leurs visages, enfin, surtout sur
celui de Naruto, puisqu'elle précise aussitôt.
-J'ai un service à demander à votre prieur.
[Chapitre 4] [Chapitre 6]
[1] Habu : Ce n’est pas un bakemono mais une race de serpent japonais, ^^