-‘Je sais tout. Je sais pourquoi Okori a attaqué Konoha,
pourquoi elle a voulu détruire le village.
Pour qui elle a fait ça.
Il s’appelait Ikiru.’
-Mama ! Mama !!!
Ran bouscula les sages-femmes qui sortaient de la tanière,
s’émouvant peu de leurs reproches, et arriva dans l’immense caverne qui servait
désormais de terrier à Okori. Elle freina brutalement, manquant tomber tête la
première dans un immense bosquet de saules qui achevait de pousser en accéléré.
-Les plantes deviennent folles, marmonna la yonbi avant de
contourner rapidement les plantes, évitant d’autres végétaux pointant bien trop
vite hors du sol. Mama !
Louvoyant entre les arbres et fleurs, Ran finit par arriver
à la couche de sa mère, envahie par des fougères aussi haute qu’elle. Nez en
l’air pour repérer Okori, Ran parvint enfin devant l’immense renarde fauve.
-Mama !
-Ran ? Murmura Okori, ne crie pas, tu vas lui faire
peur. Que se passe t’il ?
-C’est les plantes Mama ! C’est incroyable, elles se
sont mises à pousser rapidement ! Comme quand la partie est de la forêt a brûlé
et qu’on a fait repousser les arbres, mais personne n’est responsable !
Mais ça pousse si vite, il faudrait tout le clan pour ça ! Je suis désolée
de te déranger alors que tu viens d’accoucher Mama, mais…
Alors qu’elle venait enfin de déboucher à l’air libre, Ran
freina brusquement des quatre pattes, jetant un regard éberlué à la boule de
poil blanche en train de téter activement contre le flanc d’Okori.
-Blanc… Mais... Mama… C’est…
Le renardeau était presque aussi grand qu’elle, pourvu d’une
superbe fourrure immaculée, soulignée par les marques faciales dorées autour de
ses yeux. Il n’était pas encore mobile, vu son très jeune âge, mais, alors
qu’il se régalait du lait de sa mère, ses neuf queues bougeaient
subrepticement.
-Un... Un Kyûbi ?! Couina Ran, s’aplatissant au sol par
réflexe.
-Non… Un myôbu, corrigea Okori avec fierté.
Ran resta bouche bée, les queues rasant le sol, son regard
allant alternativement d’Okori au bébé.
-Un Saint… Tu as mis au monde un serviteur d’Inari, mama !
Bon sang, ça explique les plantes, c’est lui qui…
-Ho, j’y suis aussi pour quelques choses, avoua Okori
agitant une à une ses neuf queues.
Ran cligna des yeux, recompta les queues de sa mère et
secoua la tête, se laissant tomber au sol.
-Je suis sûre que tu n’en avais que huit tout à l’heure…
-Exact. Je ne sais pas à quel moment la neuvième est
apparue, mais je l’avais quand le bébé est né… Peut être est-ce un cadeau
d’Inari-sama pour que je puisse élever le petit plus longtemps.
-Ho génial. On a deux Kyûbi à Konoha maintenant.
Okori gratifia Ran d’un coup de langue sur le haut du crâne
puis fit la même chose à son fils.
-Tu veux que j’aille prévenir Nire ?
-Les sages-femmes sont allées le chercher, il va être
tellement fier…
-Tu m’étonnes… Tu vas l’appeler comment ?
-Ikiru.’
Shino jura à mi-voix et relut une phrase à plusieurs
reprises avant d’arriver à comprendre.
-Un problème ? S’enquit Kakashi.
-Je sais pas... Son écriture devient de plus en plus
difficile à lire... On dirait qu’il a écrit vite et dans le noir…
-Ou en pleurant, intervint Kiba, jetant un œil par dessus
l’épaule de Shino pour désigner quelques taches d’encre délavée.
-Shino, continue, vite, demanda Sasuke, de plus en plus
captivé par le récit.
‘-IKIRU !
-Ikiru !
-Otooto[2] !
-Ce gosse me rendra dingue, marmonna Okori, poings sur les
hanches, alors que derrière elle, Nire et Ran appelaient l’enfant.
-Il doit être en train de jouer avec les faons de
Shishigami, suggéra Nire.
-Ikiruuuuuuuuuuu ! Otooto ! Continua Ran,
reviens ! Mais ou est-il…
Un froissement de branches se fit entendre, accompagné d’une
voix connue des yohkos.
-Okori-dono !
Une main repoussa une branche du chemin et un jeune yohko
blanc en profita pour bondir hors du sous-bois, venant faire la fête à ses
parents.
-Ikiru ! Mais ou étais-tu encore ? Je t’ai déjà
dis de…
Okori soupira en voyant que son fils ne l’écoutait pas,
ayant renversé son père au sol, sous son poids de cheval de trait, et le
contraignant à accepter des marques d’affections typiquement canine. La Kyûbi
roula des yeux, puis se tourna vers le ninja qui avait accompagné son fils et
qui regardait la scène avec amusement.
-Bonjour Inori, sourit t’elle.
-Bonjour Okori-dono, Nire-dono, ravi de vous voir, ajouta
t’il avec un sourire narquois, ou du moins le peu qui dépasse de sous
Ikiru-kun.
-C’était très spirituel ! Lança Nire de sous son fils.
-Ran-chan, tu es très en beauté aujourd’hui, remarqua Inori
alors que Ran revenait en courant.
-Inori, je dirais à Hayashi que tu me dragues.
-ho, pitié non, elle est sur le point d’accoucher et ça la
rend... .Nerveuse, acheva le blond avec un frisson.
-Ou as-tu trouvé Ikiru ? S’inquiéta Okori.
-Sur le chemin du village de Konoha, il jouait avec des
chiens des Inuzukas. J’ai préféré le ramener, on ne sait jamais.
-Merci Inori. Alors, bientôt papa ?
Le blond sourit et passa la main dans ses cheveux en pétard.
-Et oui. J’ai hâte qu’Hayashi redevienne normale, neuf mois
de sautes d’humeur, ça commençait à bien faire.
-Et c’est que ton premier, remarqua Nire en se relevant,
sommant ensuite son fils de reprendre forme humaine, imagine ce que j’ai subis
avec mes quinze filles et treize fils.
-Hey, protesta Okori en se penchant pour prendre Ikiru,
petit bonhomme haut comme trois pommes, dans ses bras.
-que nous vaux la visite du quatrième maître Hokage ? Demanda
soudain Ran en remarquant les habits officiels d’Inori.
-Ho, ça ? Juste une visite de routine, voir s’il y a un
problème avec les ninjas, ou autres… Ha et...
Inori fouilla ses poches et en sortit un rouleau qu’il
déroula avant de le tendre à Okori.
-Un rapport inquiétant de mes espions. Apparemment, le Sable
fait joujou avec des yomas[3].
-Que des humains se prennent pour des dieux est déjà
inquiétant, mais que ça implique des yomas… Fit Okori, prenant le rouleau et le
parcourant rapidement. Allons parler de ça à l’intérieur Inori. Ran, Nire, je
vous confie Ikiru.
-Oui Mama.
-Naaaaan, couina Ikiru quand Okori le tendit à Ran,
mamaaaaaaaa, veut zouer !
-Plus tard, promis Okori, sois sage d’accord !
-Mamaaaaaaaaa !’
-Inori ? Répéta Kakashi. Le yondaime ?! Il allait
souvent voir les yohkos ?!
-On dirait oui, répondit Shino après avoir bien relut le
kanji du nom.
-c’est bizarre, marmonna Shikamaru, ça me dis quelque ch…
-Continue Aburame-kun, coupa aussitôt Kakashi.
‘-Rentre bien Inori, et prend soin de ta femme. Si jamais
les rumeurs sur le Sable sont justes, une guerre est à craindre dans les
prochaines années.
-Il faudra qu’ils soient maso pour s’attaquer aux enfants de
Kyûbi no Yohko.
-J’ai peur qu’ils tentent de capturer Ikiru, leur pays est
trop aride pour vivre, la présence d’un Myôbu ferais pousser leurs cultures
sans peine…
-C’est vrai, admit Inori avant d’enfiler ses chaussures,
posées à l’entrée de la caverne. Je vais en parler avec Sandaime, peut être
qu’allier officiellement les ninjas et les bakemonos nous mettraient à l’abri.
Personne ne s’attaquerait à une telle puissance de feu.
-Espérons. Au revoir Inori.
-Au revoir Okori-dono.
Sur ce, le ninja prit congé et disparut dans un tourbillon
de feuilles. Râlant à demi sur ce m’as-tu-vu d’Hokage, Okori sortit à son tour,
allant se promener dans la clairière qui regroupait les nombreux terriers de
Yohkos. Son clan avait prospéré. Après la mort de Toge, sa meute avait rejoint
celle d’Okori, amenant un sang nouveau dans les mariages. Des centaines de
renards, du plus petit ichibi jusqu’aux yonbis, plus vieux des enfants d’Okori,
vivaient dans la forêt. Certes, tout n’étais pas paisible. Certains ninjas, ignorant
les origines de Konoha, restaient méfiants à l’égards des yohkos et évitaient
leur proximité. Inori avait déjà du calmer de nombreuses fois les échauffourées
entre ninjas et bakemonos. C’était un brave gamin, aimait à penser la renarde,
même s’il était parfois un peu trop idéaliste pour son bien. Alors qu’elle
marchait dans la forêt, Okori s’aperçut soudain du manque d’animation qui la caractérisait
habituellement et en déduisit une cause logique.
-Mais ou est encore passé Ikiru… RAN ! NIRE !
-Je l’ai perdu Mama, j’ai relevé sa piste jusqu’ici et puis
plus rien.
-Il a du se déplacer par les arbres, grommela Okori. Un jour,
je vais l’attacher par ses queues. Je lui ai dit de ne pas s’éloigner…
-Il a peut être suivi Inori jusqu’au village, suggéra Ran.
-Peut être… Je suis inquiète quand même, il ne devrait pas
prendre l’habitude de…
Okori se tus, le nez en l’air, observant avec stupéfaction
une pluie de feuilles tomber autour d’elle. Les feuilles, les aiguilles de pins
même tombaient, des arbres noircissaient à vue d’œil.
La forêt mourrait.
-Mama qu’est ce qui arrive aux arbres ?
Sous les yeux des yohkos, les feuilles jaunissaient et
tombaient au sol, l’herbe se recroquevillait, les plantes se fanaient toutes,
les unes après les autres.
-Inari-sama, murmura Okori, Oh, Inari-sama… Ran !
Retourne à la tanière ! Met tout le monde à l’abri et commencez à
faire repousser la forêt !
-Mais Mama…
-Vite ! S’exclama Okori avant de partir dans une
direction, suivant le sens inverse de la progression de l’automne précoce.
Ce fut rapide.
Elle arriva à l’ancien étang. Là où était mort Kinro.
Elle donna un coup de patte au premier ninja. Il heurta violemment
le sol, le corps disloqué et mis plusieurs minutes à mourir, appellant son ami
à l’aide.
Elle voulu croquer tout rond son compagnon, un jeune brun,
qui réussit à déguerpir, profitant de sa petite taille et de son agilité.
Elle ne le suivit pas, trop inquiète pour Ikiru.
Elle baissa le regard sur son fils.
Elle savait que c’était trop tard. Elle avait vu les arbres
nés avec son fils mourir à leur tour.
Il ne restait entre ses pattes qu’un corps ensanglanté, la
fourrure blanche teinte de rouge, les yeux bleus trop fixe.
Un rugissement de rage et de douleur ébranla toute la forêt.’
-‘Après, je ne sais plus trop. Il y a eut une guerre. Je
crois. Beaucoup de combat contre les ninjas en tout cas…Et puis le dernier,
contre Inori… Il ne voulait pas se battre, il a refusé de blesser Okori
jusqu’au bout. Et puis, finalement… Il a fait son… ‘Truc’… Et d’un coup,
j’étais plus Okori, mais j’étais moi... Je veux dire, j’étais toujours Okori
mais dans mon propre corps... Quand j’étais bébé. Et Inori était penché sur moi
et me disait… Enfin disait à Okori des trucs, de lui pardonner, de l’excuser,
qu’un jour, tout irait mieux… Et puis, prendre soin du bébé, de moi quoi et
puis… Et puis c’est comme si je m’endormais.
Et que je me réveillais, petit à petit et que je voyais ma
propre vie défiler en accélérer jusqu’au moment ou... Ou je suis dans mon lit.
Je viens de me réveiller. Et j’écris.
Ikiru est mort. Assassiné par des ninjas de Konoha. Je ne
sais pas pourquoi, ni comment, mais je sais que tu es là Okori, dans ma tête,
que tu sais que j’ai reçu tes rêves, que tu vois ce que je vois, que tu entends
ce que j’entends. Alors, je te jure Okori.’
Shino tourna lentement la page, s’apercevant qu’il
s’agissait de la dernière écrite.
-‘Je tuerais cet homme, ce…. Kageno ou Yoruno[4] chais
plus, même si c’est la dernière chose que je ferais de ma vie, même si je dois
en mourir.’
Dans un silence solennel, Shino referma le carnet et le posa
sur ses genoux. Avec le soir tombant, Shino ne voyait pas les expressions de
ses amis, aussi retira t’il ses lunettes, observant ses camarades. Kiba
essayait maladroitement de consoler Hinata, qui pleurait à chaudes larmes. De
son côté, Tenten avait volé un mouchoir à Neji et essayait de ne pas pleurer
aussi, se tamponnant les paupières discrètement. Le jeune homme lui tapotait la
tête, perdu dans ses pensées. Lee tenait la main de Sakura, Ino et Chouji
gardaient le silence, tout deux blottis contre Shikamaru. Les deux professeurs
se taisaient, ne sachant que dire pour consoler les enfants, s’appuyant l’un
sur l’autre à la recherche de réconfort.
Sasuke tremblait.
-Uchiha-kun ? Murmura Shino.
-J’ai lu que la dernière page, répondit Sasuke, faisant des
efforts pour maîtriser sa voix. J’avais lu que la dernière page, répéta t’il.
-Sasuke ? Reprit Sakura, étonnée de le sentir si
désemparé.
-Je croyais que si quelqu’un lisait ça, Naruto serait
aussitôt accusé de meurtre. Je savais pas ce qu’il y avait avant. J’ai failli
vous empêcher de le lire.
Kakashi tendit le bras, posant sa main sur le crâne de
Sasuke et lui ébouriffant les cheveux d’un geste paternel.
-Tu ne pouvais pas savoir… On fait tous des erreurs en
croyant bien faire.
-Mais Senseï...
-Maintenant, on sait tout. Il faut sauver Naruto. Nara-kun,
je t’écoute.
-Oui Senseï, fit Shikamaru avant de joindre les doigts,
réfléchissant rapidement. Hmmm… Je pense qu’à part montrer ce carnet au maître Hokage,
ce qui ne fera que ralentir la procédure, nous avons plus de chance
d’innocenter Naruto en prouvant la culpabilité de Yoruno. Et pour ça, nous
avons besoin de preuves plus concrètes.
-Quel genre de preuve ? Demanda Sakura.
-Je ne sais pas. Le seul endroit où on en trouvera en tout
cas, ce sera sur le corps d’Ikiru.
-Donc, en plein milieu de la forêt, traduisit Neji, droit
dans le territoire des Yohkos.
-Comment on pourra entrer ? S’indigna Lee.
Shikamaru ne répondit pas, de nouveau plongé en pleine
méditation. Il en émergea relativement vite, mais resta pensif, comme peu sûr
de ce qu’il allait avancer.
-Bien… Je pense que seuls quelques uns d’entre nous pourront
y aller. Chouji, Ino, Sasuke, Neji, Kiba, Hinata, Shino et moi.
-Mais pourquoi ? Protesta Sakura, je veux venir
aussi !
-Non. Tu n’es pas descendante de Kyûbi. Je ne suis même pas
sur que les yohkos épargnent les descendants de Kyûbi, je ne préfère pas
prendre le risque avec toi.
-Nara-kun a raison, trancha Kakashi, ce soir, il est trop
tard, vous ne trouveriez pas les yohkos si vous aviez le nez dessus. Le procès
de Naruto commence vers dix heures, vous devrez partir tôt demain et ramener le
plus de preuves possible avant la clôture du procès.Je dirait vers midi.
Compris ?
-Oui Senseï, s’exclama un chœur de voix.
-Si vous avez besoin d’un alibi pour ce soir, dites à vos
parents de m’appeler, je dirais qu’on a organisé une séance d’entraînement
impromptue vu la discrétion dont vous faites preuve en écoutant aux portes.
Autre chose. Ne parlez pas à vos parents de ce que vous avez appris sur les
yohkos aujourd’hui. Et soyez très très prudent.
-Oui Senseï.
-Kakashi-senseï, intervint Sakura, et si… Si ils ne trouvent
pas de preuve… qu’est ce qu’on fait ?
-Vous, rien. Je me chargerais de toute si jamais ça tourne
mal. Ca suffit pour ce soir. Dispersez vous. Rendez vous ici vers sept heures.
-OUI SENSEI !
Sur ce, la petite bande se scinda en plusieurs couples ou
trio chacun raccompagnant ses amis chez eux.
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